Le monde a besoin d'une Afrique "forte et autonome": le président Barack Obama a souligné lundi le nécessité de renforcer les institutions démocratiques sur le continent à une semaine d'un sommet qui rassemblera à Washington la quasi-totalité des dirigeants africains. M. Obama, né aux Etats-Unis d'une mère américaine et d'un père kényan, avait lancé l'idée de ce sommet il y a un an, lors d'une tournée au Sénégal, en Afrique du Sud et en Tanzanie. Lors d'un discours au Cap, il avait souhaité "ouvrir un nouveau chapitre dans la relation entre les Etats-Unis et l'Afrique". Mettant en avant "le plus grand rassemblement de chefs d'Etat et de gouvernement africain jamais organisé par un président américain", M. Obama a assuré lundi devant des étudiants africains qu'il illustrerait sa conviction que "la sécurité, la prospérité et la justice" dans le monde "ne sont pas possibles sans une Afrique forte, prospère et autonome". Seuls les dirigeants de l'Erythrée, du Soudan et du Zimbabwe n'ont pas été conviés par la Maison Blanche à ce sommet de trois jours, qui débute lundi. L'Egypte, qui avait dans un premier temps été écartée, a finalement reçu une invitation de dernière minute. "Si nous sommes conscients des réelles difficultés que rencontrent tant d'Africains chaque jour, nous avons aussi le devoir de saisir le potentiel extraordinaire de l'Afrique d'aujourd'hui, qui est le continent le plus jeune et qui connaît la croissance la plus forte", a-t-il poursuivi. Pour l'Afrique sub-saharienne, le Fonds monétaire international (FMI) table sur une croissance de 5,4% pour l'année en cours et de 5,8% pour 2015, des chiffres nettement supérieurs aux projections de croissance mondiale (3,4% pour 2014, 4% pour 2015). Les Etats-Unis ne pointent cependant désormais qu'à la troisième place au tableau des échanges commerciaux avec l'Afrique, derrière l'Union européenne, solidement en tête, et la Chine, qui a fait un spectaculaire bond en avant au cours de la décennie écoulée. Nécessaire alternance Lors d'un échange avec les étudiants, M. Obama a longuement insisté sur la question de la gouvernance sur ce continent où 60% de la population a moins de 35 ans. Il a appelé de ses vœux "un nouveau modèle de partenariat entre l'Amérique et l'Afrique, un partenariat d'égal à égal s'appuyant sur votre capacité à renforcer la démocratie et à promouvoir la paix et la sécurité". "Quelles que soient les ressources d'un pays, si vous n'avez un pas un ensemble de lois, le respect pour les droits civiques et les droits de l'homme, si vous n'avez pas de liberté d'expression et de rassemblement (...), il est très rare qu'un pays réussisse dans la durée", a-t-il souligné. "Vous n'éliminerez jamais la corruption à 100% (...) mais l'important est que le respect de la loi soit la norme". Le président des Etats-Unis a également insisté sur une nécessaire alternance politique à la tête des pays africains. "Un Etat de droit c'est aussi le fait que les dirigeants ne gardent pas le pouvoir éternellement. Si vous les mêmes dirigeants tout le temps, vous n'avez plus d'idées nouvelles et le respect de la loi va en diminuant". M. Obama s'exprimait devant 500 étudiants africains participant à un programme d'échange qui a été rebaptisé "Mandela Washington Fellowship for Young African Leaders", en l'honneur de l'ancien président sud-africain et icône de la lutte anti-apartheid, décédé en décembre. A l'exception d'une brève escale au Ghana en juillet 2009 et d'un aller-retour à Johannesburg pour les funérailles de Nelson Mandela, le premier président noir des Etats-Unis, dont l'élection en 2008 avait suscité d'immenses espoirs en Afrique, n'a effectué qu'une seule grande tournée sur le continent, en juin 2013.