«Pour une simple injection, il faut se déplacer sur des kilomètres où se trouve le dispensaire du coin. Pour une consultation, c'est à l'hôpital de Drâa El Mizan qu'on peut trouver un médecin». C'est l'amère réalité que vivent les citoyens de ce village du sud de la wilaya de Tizi Ouzou, image qu'on retrouve dans toutes les zones rurales de la wilaya. Pourtant, le maillage sanitaire avait bel et bien existé il y a une vingtaine d'années dans les 67 communes de la wilaya et dans les gros villages de la région qui avaient, se souviennent les anciens, à leur disposition le médecin 2 fois par semaine et, pour le suivi de la PMI (Protection maternelle et infantile), une sage-femme pour les vaccins ou le planning de limitation des naissances. Depuis, beaucoup de choses ont changé. Seules les daïras et, accessoirement, les communes à haute densité d'habitants, sont dotées de dispensaires plus ou moins équipés pour la prise en charge de malades légers, les cas complexes sont orientés, ou se font par l'intermédiaire de leurs proches, vers les hôpitaux. Il n'y a qu'à voir le nombre important de malades devant les services des urgences des hôpitaux des chefs-lieux de daïras pour se rendre compte de ces afflux qui déroutent les structures censées ne recevoir que les cas «lourds». Pour des raisons de sécurité C'est que la nouvelle réalité sanitaire a changé : les structures de proximité ont disparu, sont abandonnées ou versées à d'autres usages. A Akerrou, le dispensaire du village n'est plus opérationnel pour absence de médecin et n'est plus approvisionné en médicaments de base pour raison sécuritaire. C'est d'ailleurs à cause de cette dernière que les centres de santé situés en zones à risques ont été fermés depuis plus de 15 ans. D'autres structures ont été affectées à des services de sécurité (armée ou garde communale) comme c'est le cas à Ihidoucène (village situé au pied de Sidi Ali Bounab, dans la commune de Tadmaït) où les citoyens sont obligés de faire des kilomètres pour avoir accès aux soins de base (vaccin ou changement de pansement) car le centre de santé, délaissé, sert de cantonnement à la garde communale. Les responsables de la santé qui se sont exprimés sur le sujet se sentent mal à l'aise : «Oui, des structures ont été délaissées pour des raisons de sécurité car situées dans des zones infestées par le terrorisme. Même les médecins refusaient d'y aller», nous a confié un cadre du secteur. Mais, depuis quelque temps, de nombreuses régions sont complètement sécurisées et les structures de santé tardent à rouvrir ou, lorsqu'elles le sont, ne sont pas équipées et dotées en matériels et personnels. Tout cela se répercute sur les capacités d'accueil du CHU de Tizi Ouzou qui, prévu pour accueillir les cas les plus graves, est assailli, de jour comme de nuit, par des dizaines de personnes en quête de consultation ou de prises en charge pour blessures de différents degrés au niveau intermédiaire, c'est-à-dire les dispensaires des communes. Au nombre de 540 il y a 20 ans, leur nombre s'est réduit comme peau de chagrin. Et pour une population estimée à plus de 1 million 300 000 habitants, le maillage sanitaire reste en deçà de la moyenne. Autrement dit, insuffisant !