Un «fichier national des hooligans» sera bientôt élaboré. Depuis l'assassinat du joueur camerounais de la JSK, Albert Ebossé, ça va dans tous les sens. Il faut faire quelque chose et apparemment on ne sait pas quoi. Et parfois, souvent même, il est moins inquiétant de ne rien faire que de ne pas savoir quoi faire quand on veut faire. Dans le cas précis, ça devient beaucoup plus compliqué parce que non seulement on ne sait pas quoi faire mais on ne sait pas qui va faire quoi et qui peut en parler ! Sinon, M. Tahmi, le ministre des Sports, ne s'occuperait pas de l'élaboration d'un «fichier national des hooligans», c'est l'affaire de la police ! S'il devait-quand même-en parler, il aurait pu s'arrêter au niveau de l'affirmation de la volonté politique mais le voilà déjà dans le détail technique, à la manière d'un officier de recherche ou d'un magistrat spécialisé : «Pour combattre la violence, il faut commencer par appliquer la loi dans toute sa rigueur…» A ce stade de son intervention, M.Tahmi aura quand même été plus clair que le Premier ministre qui, lui, préconisait d'appliquer la loi… sans faire dans l'excès ! Mais, comme pour nous «rassurer», le ministre des Sports ne pouvait pas s'en tenir là. Il a donc continué : «Celle-ci (la loi, ndlr) s'articule autour de trois axes principaux. Le premier concerne la mise en place d'un fichier national des personnes interdites d'accès aux infrastructures sportives. C'est un fichier simple à établir et qui reste pour moi très réalisable dès lors que sa confection repose surtout sur des décisions de justice dûment établies, bien sûr !» On ne sait pas si le fichier sera établi à partir des états passés de la justice ou alors les concepteurs du «fichier national des hooligans» doivent encore attendre que les supporters violents commettent encore quelques agressions, voire meurtres ou vandalismes pour la bonne cause qui permettra aux policiers de les ficher ! Comme en la matière, les «décisions de justice dûment établies», les tribunaux n'ont pas pris des tas jusque-là, il faudra certainement beaucoup de courage aux concepteurs du fichier qui n'auront pas grand-chose à se mettre sous la dent. Mais ce n'est pas tant ceux-là qui auront le plus à s'inquiéter, il se pourrait même qu'ils soient ravis d'avoir si peu à faire ! A moins qu'on ne détienne des fichiers ailleurs que dans les tribunaux et les commissariats, ce qui n'est pas du tout invraisemblable, les auteurs de violences étant souvent «sponsorisés» quelque part pour ce qu'ils font valoir comme capacités de nuisance. Dans un cas comme dans l'autre, ce serait grave. Du coup, il n'est même plus question des doutes à émettre sur l'efficacité des ces «mesures» dont on ne connaît ni la teneur ni les auteurs. Sinon, M. Tahmi ne nous aurait pas annoncé la création d'une «commission nationale de lutte contre la violence dans les stades», il y a bien une police et des tribunaux pour ça. Et ceux qui, sous d'autres cieux, ont été les plus efficaces en la matière, n'y sont pas allés par des chemins détournés.