La coalition internationale contre le groupe "Etat islamique" en Irak et en Syrie, pilotée par Washington prend, peu à peu, forme alors que sur le terrain les raids que mènent les Etats-Unis depuis le 8 août se poursuivaient mercredi. La tenue du sommet de l'Otan à Bruxelles et de la conférence internationale à Paris pour lutter contre l'EI a accéléré la mise en place du dispositif militaire, pensé par l'administration Obama qui tente, depuis quelques semaines, de mettre sur pied une coalition de 40 pays, tel que souhaité par le secrétaire d'Etat américain, John Kerry. Pour ce dernier, il s'agit de mettre sur pied "la plus large coalition possible de partenaires à travers la planète afin de faire face, d'affaiblir et au final de vaincre l'EI". Les Etats Unis ont réussi, jusque là, à rallier de nombreux pays dont les pays du golfe, l'Egypte, l'Irak, le Liban et la Jordanie pour faire partie de cette coalition. Deux pays ténors de par leur position stratégique avec l'Irak et la Syrie en l'occurrence la Turquie et l'Iran ont refusé de rejoindre la coalition. La Turquie refusant même de servir de base au lancement des opérations militaires américaines en raison d'"otages turcs détenus en Irak" alors que l'Iran dit être contre le principe d'une coalition pour lutter contre l'EI. Téhéran privilégie le renforcement des gouvernements irakien et syrien, estimant que les forces régulières et les bataillons de volontaires, formés en Syrie de miliciens locaux et du Hezbollah libanais, et en Irak des membres des milices chiites, ont "un rôle principal à jouer". Mais les Etats-Unis tout comme la France refusent toute coordination "militaire" avec Damas. Les Etats-Unis, qui entendent, pour l'heure se passer du soutien d'El Assad, ont annoncé que les frappes aériennes contre le groupe "Etat islamique" en Syrie vont viser les "sanctuaires" des jihadistes au moment où Damas met en garde contre de frappes dans son territoire sans son autorisation. Cette volonté américaine de ne pas associer Damas aux frappes contre les positions de Daesh a fait dire à certains experts militaires, cités par la presse que les chances d'une victoire militaire rapide contre le groupe EI se trouvent amoindries. Car si sur le terrain, en Irak, les Américains qui restent sur leur position de ne pas envoyer des troupes au sol, comptent sur l'armée irakienne et les peshmergas pour les relayer, le cas ne semble pas être valable en Syrie où les "rebelles" n'apparaissent pas, selon les mêmes experts, avoir les capacités militaires nécessaires à être un relais efficace. Une réponse militaire et juridique Dans tous les cas de figure, Washington et les pays occidentaux se préparent à mener une longue bataille contre Daesh. Prenant la mesure de la difficulté du combat à mener, la Maison blanche a reconnu qu'il "ne s'agit pas d'une opération à court terme". Résumant cet état d'esprit, John Kerry a souligné que le combat "pourrait prendre un an, deux ans, trois ans". C'est cette menace grandissante qui a obligé nombre de pays à actionner une réponse pas seulement militaire mais également juridique pour y faire face. Ainsi, les Etats-Unis ont soumis à leurs partenaires du Conseil de sécurité de l'ONU un projet de résolution imposant aux Etats de prendre des mesures législatives pour empêcher leurs citoyens de s'enrôler dans des organisations extrémistes comme l'EI, formé de milliers de combattants dont une partie est recrutée dans les pays occidentaux. L'Allemagne, pour sa part, a mis en place un dispositif juridique interdisant toute communication par texte, image ou son, notamment sur les réseaux sociaux, en relation avec le groupe EI. Emboîtant le pas à Berlin, Paris a soumis à l'Assemblée nationale un projet renforçant l'arsenal antiterroriste destiné à bloquer de sites glorifiant le terrorisme et à empêcher l'embrigadement sur l'internet. Aux cotés de ces dispositifs militaire et juridique, d'intenses contacts ont lieu pour contrecarrer les avancées de l'EI sur le terrain. A Berlin, la chancelière Angela Merkel reçoit ce mercredi l'émir du Qatar, cheikh Tamim Ben Hamad Al-Thani alors qu'à Paris le président François Hollande reçoit le roi Abdallah II de Jordanie. Enfin, à Washington le secrétaire d'Etat, John Kerry, témoigne devant une commission parlementaire sur la mise en place d'une coalition contre le groupe "Etat islamique" en Irak et Syrie en attendant la tenue, le 24 septembre, d'une réunion au sommet du Conseil de sécurité de l'ONU, consacrée à la "menace des jihadistes étrangers" opérant en Syrie et en Irak.