Le ministère des Affaires étrangères syrien a reçu hier un message de son homologue américain via le ministre irakien des Affaires étrangères l'informant du ciblage des bases de l'EIIL en Syrie, a rapporté l'agence syrienne Sana. Le ministère des Affaires étrangères et des Expatriés a affirmé que le délégué permanent de la Syrie auprès de l'ONU a été informé hier, quelque heures avant les frappes, que les Etats-Unis et nombre de leurs alliés cibleront l'organisation terroriste de l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL) dans les zones où elle se trouve. Dans un communiqué publié hier, dont une copie reproduit par l'agence Sana, le ministère syrien des AE a précisé que le ministre des Affaires étrangères et des Expatriés, Walid Al-Mouallem, a reçu un message de son homologue américain, John Kerry, via le ministre irakien des Affaires Etrangères, l'informant que les Etats-Unis cibleront les bases de l'organisation terroriste de l'EIIL, dont un nombre se trouve en Syrie. «La Syrie a lutté et lutte toujours contre cette organisation à Raqqa et à Deir Ezzor et elle ne cessera pas de la combattre en coopération avec les pays affectés directement par cette organisation, dont l'Irak», a assuré le communiqué, qui a souligné que la coordination entre les deux pays, la Syrie et l'Irak, se poursuit au plus haut niveau pour frapper le terrorisme en exécution de la résolution 2170 du Conseil de sécurité. Le communiqué de conclure : «La Syrie réaffirme une fois de plus son appui à tout effort international visant à lutter contre le terrorisme sous toutes ses formes : l'EIIL, Front Nosra ou autres, et insiste sur la nécessité de réaliser ce but en préservant la vie des civils et en respectant la souveraineté nationale conformément aux chartes internationales». De son côté, le président russe, Vladimir Poutine, a déclaré dans un entretien téléphonique avec le secrétaire général de l'Onu, Ban Ki-moon, que les frappes aériennes contre les bases de l'Etat islamique en Syrie étaient inadmissibles sans l'aval de Damas, a rapporté hier le service de presse du Kremlin. «Vladimir Poutine et Ban Ki-moon ont échangé sur les efforts conjoints de la communauté internationale dans la lutte contre le groupe djihadiste Etat islamique. Côté russe, il a été souligné que des frappes aériennes ne pouvaient être portées contre les positions des terroristes de l'Etat islamique sur le territoire syrien qu'avec l'aval du gouvernement de ce pays», lit-on dans le communiqué. L'EI, appelé autrefois l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), sévissait au départ principalement en Syrie où il combattait les troupes gouvernementales, s'imposant comme l'une des organisations terroristes les plus cruelles. Il y a quelques mois, l'EI s'est emparé d'importants territoires en Irak. Fin juillet, l'EI a proclamé un califat islamique sur les territoires irakiens et syriens sous son contrôle. Depuis le 8 août, l'armée américaine porte des frappes aériennes contre les positions des djihadistes de l'EI en Irak. Hier matin, l'aviation américaine a attaqué les positions de l'Etat islamique et du Front Al-Nosra en Syrie. Les raids ont été réalisés sans l'accord du gouvernement de Damas. Toutefois, le ministère syrien des Affaires étrangères a rapporté que les Etats-Unis avaient informé Damas de leurs frappes. Le gouvernement syrien n'a pas autorisé les Etats-Unis à mener des frappes contre les terroristes sur le territoire du pays. «Les Etats-Unis n'ont pas prévenu à l'avance le régime syrien des frappes aériennes sur des positions des djihadistes de l'Etat islamique, même s'ils avaient informé directement Damas depuis plusieurs jours de leur intention de lancer des opérations», a tenu à préciser, par ailleurs, le département d'Etat américain. «Nous n'avons pas demandé la permission du régime. Nous n'avons pas coordonné nos actions avec le gouvernement syrien. Nous n'avons pas donné de notification à l'avance aux Syriens, ni donné d'indication sur le moment des frappes ni sur les cibles spécifiques», a déclaré la porte-parole du département d'Etat, Jennifer Psaki. Elle a cependant précisé que depuis l'annonce «le 10 septembre par le président américain, Barack Obama, d'étendre les frappes américaines d'Irak en Syrie, Washington avait informé directement Damas de son intention d'agir». Nous avons informé directement le régime syrien par la voix de notre ambassadeur aux Nations unies (Samantha Power) qui en a informé le représentant permanent syrien à l'ONU, a précisé Mme Psaki. «Nous avons averti la Syrie de ne pas s'en prendre à un avion américain», a-t-elle souligné.