Le scénario de l'intervention américaine en Syrie se précise. Dans la ligne de mire, l'Etat islamique du calife autoproclamé Abou Bakr El Baghdadi, perçu par le chef d'état-major interarmée américain, le général Martin Dempsey, comme « une menace pour la région, mais aussi pour les Etats-Unis et l'Europe », mobilise la communauté internationale déterminée à éradiquer le terroriste. Le général américain en est convaincu. « Il faut mettre la pression sur l'EI en Irak et en Syrie », a affirmé son porte-parole Ed Thomas. Face à l'avancée de l'EI, soumis aux bombardements aériens intensifs en Irak, depuis le 8 août dernier, la possibilité d'étendre ces raids à la Syrie voisine, notamment après la décapitation du journaliste américain James Foley, est de plus en plus évoquée. Des vols de reconnaissance, menés par des avions-espion et des drones, constituent le prélude à une intervention aérienne qui, selon le porte-parole de la Maison-Blanche, Josh Earnest, n'est pas encore avalisée par Barack Obama. Mais fort d'un consensus régional et international massif, l'approche du président américain, prônant le désengagement américain des conflits du Moyen-Orient, peut évoluer sous le poids des exigences de la communauté internationale. Washington, qui a durci ses positions contre l'EI, se prépare aux frappes éventuelles sans toutefois se placer du même côté que le régime syrien. « Nous ne considérons pas que nous sommes du même côté simplement parce qu'il y a un ennemi commun », a expliqué, lundi dernier, Jennifer Psaki, porte-parole du département d'Etat. Du côté syrien, on estime que toute frappe contre les djihadistes en territoire syrien devra être coordonnée avec Damas au risque d'être considérée comme une agression. Le chef de la diplomatie, Walid Mouallem, a même émis des doutes sur l'efficacité des seules frappes. « Nous saluons tout effort dans la lutte contre le Front al-Nosra et contre l'Etat islamique, mais la vraie question est : les raids seront-ils efficaces pour les liquider ? Je ne le pense pas », a-t-il lancé, prônant « l'assèchement des sources du terrorisme, notamment le financement et l'armement avec le contrôle des frontières par les pays limitrophes et un échange de renseignements ». La résolution 2170 du Conseil de sécurité adoptée le 15 août dernier va d'ailleurs dans le même sens ? Elle porte sur les sanctions contre les groupes extrémistes islamistes en Irak et en Syrie dans le but de couper leur financement.