La Maison Blanche et le Pentagone ont engagé les premières étapes de l'opération terrestre contre le groupe terroriste dit l'Etat islamique en Syrie et en Irak, ont rapporté hier des agences de presse. Obama ayant promis précédemment de ne pas envoyer les troupes américaines en Irak, ce sont exclusivement les commandos de l'opposition dite «modérée» syrienne, les «groupes sunnites irakiens» et les «détachements tribaux» qui doivent y participer. Le Pentagone a annoncé simultanément qu'il instruirait «les mutins syriens dignes de confiance pour les démarches contre l'EI». Il est insensé «d'instruire les soldats sans armes et il est prévu de livrer les armements à l'opposition syrienne». Selon plusieurs experts russes, «Washington fait les mêmes erreurs en Irak et en Syrie». L'Etat islamique est issu d'Al-Qaïda, formé et financé à l'époque par les Etats-Unis, rappelle le vice-directeur de l'Institut d'études orientales de l'Académie des sciences de Russie, Vladimir Issaev : «C'est une attitude idéaliste envers ce qui se produit dans la région. Je ne sais pas comment les Américains subdiviseront les commandos en «bons» et «mauvais». Or, il n'est pas à douter qu'une partie des «bons» deviendront «mauvais» immédiatement après l'instruction. Les Américains remplaceront ceux qu'ils détruisent depuis l'air». Le président Obama a signé fin septembre la loi sur l'octroi de 500 millions de dollars pour l'instruction et l'armement de l'opposition syrienne dite «modérée». Plus de 5000 commandos seront instruits tous les ans. Le Pentagone ne précise pas où seront déployés les camps. Or, les camps de la CIA ont fonctionné auparavant en Jordanie et la logistique permettra d'y aménager les «écoles» du Pentagone. Il est possible que les camps soient stationnés également en Arabie saoudite, au Qatar et en Yémen. Moscou étonné par le soutien US «Le comportement des Etats-Unis et de leurs alliés, qui encouragent l'opposition syrienne en l'armant pour lutter contre l'Etat islamique (EI), suscite des questions sur les véritables objectifs de la coalition «anti-EI», a estimé hier Mikhaïl Bogdanov, vice-ministre russe des Affaires étrangères. «Dans le cas de l'Irak, l'alliance occidentale conduite par les Etats-Unis et certains pays arabes soutiennent les efforts des autorités centrales dans la lutte contre le terrorisme, alors qu'en Syrie, ils encouragent l'opposition intransigeante, dont les combattants sont soutenus militairement et financièrement. Des bases d'entraînement sont créées à leur intention. Une telle attitude suscite bien des questions, notamment sur les véritables objectifs de la coalition ‘'anti-EI''», a déclaré hier dans une interview à RIA Novosti M.Bogdanov, représentant spécial du président russe pour le Proche-Orient. Commentant les actions des Etats-Unis, M.Bogdanov a indiqué que «la lutte contre le terrorisme ne devait pas être sacrifiée sur l'autel de schémas idéologiques et géopolitiques», mais «reposer sur la solide base du droit international». L'EI, appelé autrefois l'Etat islamique en Irak et au Levant (EIIL), sévissait au départ principalement en Syrie où il combattait contre les troupes gouvernementales, s'imposant comme l'une des organisations terroristes les plus cruelles. Il y a quelques mois, l'EI s'est soudainement activé en Irak, s'emparant d'importants territoires. En juillet, l'EI a proclamé un califat islamique sur les territoires irakiens et syriens sous son contrôle. Depuis le 8 août, l'armée américaine porte des frappes aériennes contre les positions des djihadistes de l'EI en Irak. Le 23 septembre, les Etats-Unis ont lancé des raids contre les combattants de l'Etat islamique, du Front Al-Nosra et de Khorasan en Syrie sans l'aval du Conseil de sécurité des Nations unies. Washington soutient en Syrie l'opposition armée qui combat tant contre les troupes gouvernementales que contre les terroristes de l'EI.