Fort de quelque 35 000 hommes selon les estimations, l'EI a proclamé un «califat» sur un territoire à cheval sur l'Irak et la Syrie, aussi grand que le Royaume-Uni La coalition internationale d'une quarantaine de pays, initiée par les Etats-Unis pour combattre le groupe terroriste de l'Etat islamique (Daech), est désormais sur les rails. Cette coalition a pris réellement forme après l'accord du Congrès américain et la décision de la France de participer aux frappes en Irak contre les djihadistes. Le plan adopté jeudi soir par le Congrès prévoit aussi l'équipement et l'entraînement de rebelles syriens modérés, destinés à conduire l'offensive terrestre contre l'EI en Syrie. M. Obama a cependant assuré qu'il n'enverrait pas de soldats américains au combat au sol, que ce soit en Irak ou en Syrie. Le président américain redoute visiblement l'enlisement. Le président français, François Hollande, n'a pas attendu, par contre, le feu vert des Etats-Unis pour passer à l'action. La France a annoncé avoir mené hier ses premiers raids aériens dans le nord-est de l'Irak, ciblant «un dépôt logistique» des éléments du groupe Etat islamique (EI). L'aviation française avait déjà entamé lundi des missions de reconnaissance dans le ciel irakien, depuis la base aérienne d'Al Dhafra (30 km au sud-ouest d'Abou Dhabi) dont dispose la France depuis 2009. Paris se démarque de Washington Comme dans le cas des Etats-Unis, le président François Hollande a pris soin d'annoncer, lors de sa conférence de presse semestrielle donnée jeudi, qu'il n'y aurait «pas de troupes au sol». En revanche, la France ne frappera pas en Syrie. Elle se démarque ainsi clairement de son allié américain, dont la stratégie implique également des raids aériens contre les fiefs de l'EI en Syrie voisine. Damas, la Russie et l'Iran sont, bien entendu, opposés à la nouvelle intrusion américaine dans le dossier syrien. Une intrusion qui vise, selon eux, à fragiliser davantage le régime de Bachar Al Assad, puisqu'il est question d'armer l'opposition syrienne dite «modérée». Les alliés de la Syrie se disent persuadés, en effet, que les armes qui seront octroyées aux rebelles syriens «modérés» se retourneront un jour ou l'autre contre Damas. C'est la raison pour laquelle d'ailleurs l'Iran rejette dans le global et le détail l'initiative américaine. Dans tous les cas, Washington et les pays occidentaux se préparent à mener une longue bataille contre l'EI. Prenant la mesure de la difficulté du combat à mener, la Maison-Blanche a reconnu qu'il «ne s'agit pas d'une opération à court terme». Résumant cet état d'esprit, John Kerry, dont le pays a commencé les frappes le 8 août dernier, a souligné que le combat «pourrait prendre un an, deux ans, trois ans». Une longue bataille Accusé par l'ONU de crimes contre l'humanité, l'EI sème la terreur dans les régions dont il s'est emparé ces derniers mois à la faveur de l'instabilité en Irak et de la guerre en Syrie voisine. Ce groupe terroriste menace de renvoyer au Moyen Âge toute la région. Ses éléments ont commis en Syrie et en Irak les pires exactions (viols, enlèvements, exécutions, crucifixions et persécutions). Fort de quelque 35 000 hommes, selon les estimations, l'EI a proclamé, rappelle-t-on, un «califat» sur un territoire à cheval sur l'Irak et la Syrie, aussi grand que le Royaume-Uni. Les armes dont il se sert aujourd'hui sont celles que les pays du Golfe et certains Etats occidentaux ont envoyées en 2011 aux rebelles syriens pour combattre le régime d'Al Assad. Il se trouve qu'elles sont presque toutes tombées entre les mains de groupes extrémistes comme l'EI. Il n'est pas inexact de dire que le Daech est un peu le résultat monstrueux des politiques pratiquées par les Occidentaux dans la région ces dix dernières années. Outre la menace qu'il présente au plan régional, l'EI, responsable de viols, rapts, exécutions et persécutions en Irak et en Syrie, fait craindre aux pays occidentaux que leurs ressortissants partis combattre dans ses rangs deviennent un danger potentiel une fois revenus au pays. C'est d'ailleurs cette menace grandissante qui a obligé nombre de pays à actionner une réponse pas seulement militaire mais également juridique pour y faire face.A ce propos, les Etats-Unis, qui ont grandement participé à instaurer le chaos dans la région avec leur intervention en Irak en février 2003, ont soumis à leurs partenaires du Conseil de sécurité de l'ONU un projet de résolution imposant aux Etats de prendre des mesures législatives pour empêcher leurs citoyens de s'enrôler dans des organisations extrémistes comme l'EI ou même de quitter leur territoire.