La coalition internationale d'une quarantaine de pays, initiée par les Etats-Unis, pour combattre et anéantir le groupe extrémiste «Etat islamique» en Irak et en Syrie semble se consolider, les pays occidentaux craignant que leurs ressortissants partis combattre dans ses rangs constituent un danger potentiel une fois revenus au pays. Cette coalition prend ainsi forme après l'accord du Congrès américain pour aider l'opposition armée en Syrie face à l'EI et la décision de la France de participer aux frappes en Irak contre les «jihadistes». A New York, le secrétaire d'Etat américain, John Kerry, préside dans la journée une réunion ministérielle du Conseil de sécurité destinée, selon lui, à «renforcer» cette coalition anti EI formée d'une quarantaine de pays et «à être plus précis» dans les attributions de chacun. La réunion se tiendra en présence du général américain qui dirigera les opérations, John Allen, ancien commandant des forces américaines en Afghanistan et homme-clé de la guerre en Irak. Le président Barack Obama a, au cours d'une brève allocution à la Maison-Blanche, salué le vote du Congrès américain en faveur du soutien à l'opposition armée syrienne et la décision de la France de mener des frappes contre les positions de l'EI en Irak, jugeant que la coalition contre les «jihadistes» prenait forme. «Les Etats-Unis sont en train de bâtir une large coalition internationale pour affaiblir et, à terme, détruire l'EI», s'est-il félicité au moment où les raids américains ont, pour la première fois, visé un camp d'entraînement du groupe «Etat islamique». Le président s'est aussi félicité du vote «rapide» du Congrès en faveur du plan de soutien aux rebelles syriens «qui combattent à la fois la brutalité des terroristes de l'EI». Le plan adopté jeudi soir par le Congres prévoit l'équipement et l'entraînement de rebelles syriens modérés, destinés à conduire l'offensive terrestre contre l'EI en Syrie, M. Obama ayant assuré qu'il n'enverrait pas de soldats américains au combat au sol, que ce soit en Irak ou en Syrie. Ce plan impose néanmoins à l'Administration de soumettre au Congrès tous les 90 jours un rapport sur son exécution, le nombre de combattants formés, la sélection des groupes syriens bénéficiaires de l'aide, et l'utilisation des armes et équipements livrés. A Paris, le président François Hollande a annoncé qu'il avait décidé de «répondre à la demande des autorités irakiennes» en autorisant des raids aériens contre l'EI. Il a aussi prévenu que la France n'enverrait pas de troupes au sol et n'interviendrait qu'en Irak, se démarquant sur ce dernier point des Etats-Unis, dont la stratégie implique également des raids aériens contre les fiefs de l'EI en Syrie voisine. Outre la menace qu'il présente au plan régional, l'EI, responsable de viols, rapts, exécutions et persécutions en Irak et en Syrie, fait craindre aux pays occidentaux que leurs ressortissants, partis combattre dans ses rangs, constituent un danger potentiel une fois revenus au pays. Les Etats-Unis ont réussi, jusque-là, à rallier de nombreux pays dont les pays du Golfe, l'Egypte, l'Irak, le Liban et la Jordanie pour faire partie de cette coalition. Deux pays ténors de par leur position stratégique avec l'Irak et la Syrie en l'occurrence la Turquie et l'Iran ont refusé de rejoindre la coalition. Dans tous les cas de figure, Washington et les pays occidentaux se préparent à mener une longue bataille contre l'EI appelé aussi «Daesh». Prenant la mesure de la difficulté du combat à mener, la Maison-Blanche a reconnu qu'il «ne s'agit pas d'une opération à court terme». Résumant cet état d'esprit, John Kerry a souligné que le combat «pourrait prendre un an, deux ans, trois ans». C'est cette menace grandissante qui a obligé nombre de pays à actionner une réponse pas seulement militaire mais également juridique pour y faire face. Projet de résolution des USA Ainsi, les Etats-Unis ont soumis à leurs partenaires du Conseil de sécurité de l'ONU un projet de résolution imposant aux Etats de prendre des mesures législatives pour empêcher leurs citoyens de s'enrôler dans des organisations extrémistes comme l'EI, formé de milliers de combattants dont une partie est recrutée dans les pays occidentaux. Après avoir annoncé jeudi l'arrestation de 15 personnes et la mise en échec d'assassinats sur son sol projetés par l'EI, l'Australie a indiqué, vendredi, que «les plus hauts sommets de l'Etat étaient menacés par les jihadistes». Accusé par l'ONU de crimes contre l'Humanité, l'EI sème la terreur dans les régions dont il s'est emparé ces derniers mois à la faveur de l'instabilité en Irak et de la guerre en Syrie voisine, y commettant les pires exactions : viols, enlèvements, exécutions, crucifixions et persécutions. Il a aussi diffusé depuis fin août des vidéos montrant la décapitation de deux journalistes américains et d'un humanitaire britannique enlevés en Syrie, tués selon lui en représailles aux frappes américaines. Jeudi, il a mis en ligne un enregistrement montrant un autre otage, le journaliste britannique John Cantlie, mais sans proférer de menaces. Fort de quelque 35 000 hommes, selon les estimations, l'EI a proclamé un «califat» sur un territoire à cheval entre l'Irak et la Syrie aussi grand que le Royaume-Uni.