Si le Brésil veut tourner la page du rêve brisé de son Mondial, c'est samedi face à l'Argentine, son meilleur ennemi, à l'occasion de ce "Superclasico", cet amical hors-normes, délocalisé dans un Pékin à l'air pollué. En Chine, les conditions ne seront malheureusement pas à la hauteur de ce sommet, en raison d'une brume polluante particulièrement inquiétante, avec une concentration de microparticules atteignant jusqu'à 20 fois le plafond fixé par l'Organisation mondiale de la santé. Dans les airs, ce sera l'"airpocalypse", situation chronique à Pékin, et sur la pelouse, il sera question de suprématie entre les deux géants du foot sud-américains (7 coupes du monde à eux deux), il sera question d'un duel entre Neymar et Messi, les deux stars du Barça, et il sera aussi question du Mondial-2014. "Si nous voulons progresser, on ne doit pas penser à ce qui est arrivé (déroute 7-1 contre l'Allemagne en demi-finale du Mondial), la sélection veut repartir de l'avant, on ne doit penser qu'au futur", a d'abord voulu faire croire David Luiz, défenseur central au cœur de ce naufrage du Mineirão, selon des propos diffusés par le média brésilien O Globo. Mais le joueur chevelu du Paris SG ne peut s'empêcher de mettre en parallèle une Argentine "vice-championne du monde" et une Seleçao "frustrée" après sa Coupe du monde, puisqu'il faut aussi rappeler la cuisante défaite lors du match pour la 3e place, sur un sévère 3-0 contre les Pays-Bas. Après leur indigestion face à la Mannschaft, les joueurs de la Seleçao ont dû avaler les images d'une Albiceleste se hissant en finale (pour s'incliner finalement face l'équipe de Joachim Löw). Dire que l'ancienne idole Zico, comme beaucoup de Brésiliens, rêvait de voir la Seleçao en finale contre l'Argentine le 13 juillet au Maracana... Les deux titans se retrouveront finalement à 17.300 km de Rio pour se mesurer dans leur traditionnel "Superclasico". Depuis la Coupe du monde, les deux rivaux ont changé de coach, Dunga retrouvant le banc à la place d'un Luiz Felipe Scolari du côté Auriverde, tandis que "Tata" Martino a succédé à Alejandro Sabella chez les Argentins. Pastore meneur de jeu Dunga a décidé de faire du neuf avec du vieux en rappelant notamment Kaka et Robinho. Les médias brésiliens ont cependant révélé que ces deux joueurs figuraient parmi les remplaçants lors des dernières mises en place, l'attaque titulaire revenant évidemment à Neymar, épaulé par Diego Tardelli (Atletico Mineiro). La Seleçao doit faire sans son capitaine emblématique Thiago Silva, toujours blessé, et n'a pu appeler Marquinhos, le défenseur qui monte, également pensionnaire en ce moment de l'infirmerie du PSG. Pour représenter le club parisien, il y aura donc David Luiz, qui évolue depuis le début de la saison avec une gêne persistante à un genou. C'est une période à haute tension pour l'ex-défenseur de Chelsea, qui a affronté dernièrement un Barça avec Neymar et Messi en Ligue des champions et va de nouveau voir débouler dans sa surface le quadruple Ballon d'Or argentin. "Tata" Martino, après avoir suivi les plans de jeu, peu ou prou, de son prédécesseur, devrait pour la première fois imprimer vraiment sa marque pour ce choc des Amériques. Privé lui aussi d'un joueur du PSG, Ezequiel Lavezzi blessé, l'ancien coach du Barça devrait placer un autre joueur parisien, Javier Pastore, au poste de meneur de jeu. Pour l'enjeu, le coach de l'Albiceleste, interrogé par le média argentin TyC Sports, n'a pas fait dans la demi-mesure: "c'est le CHOC, le plus important que l'on puisse trouver au niveau des sélections".