Les pays donateurs ont appelé le Hamas et le Fatah à dépasser leurs divergences et à former un gouvernement d'union nationale capable de reconstruire la bande de Gaza et de mener des négociations avec l'Etat d'Israël. La conférence de Charm El-Cheikh, qui a pris fin lundi, a réuni 80 organisations internationales et pays donateurs au profit du peuple palestinien, avec la présence remarquée du président égyptien Hosni Moubarak, de son homologue français Nicolas Sarkozy, de la secrétaire d'Etat américaine Hillary Clinton et du secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon. Bien plus que les 2,8 milliards de dollars espérés par l'Autorité palestinienne, ce sont 4,5 milliards qui ont été promis, auxquels il faut ajouter 7 millions de dollars qui n'ont pas été débloqués par le passé mais qui le seront, assurent les donateurs concernés. Au total c'est donc 5,2 milliards de dollars qui sont attendus pour l'aide humanitaire, la reconstruction de la bande de Gaza dévastée par la dernière offensive israélienne et le soutien de l'Autorité palestinienne. Avec un milliard de dollars promis, l'Arabie Saoudite est le donateur le plus généreux, talonné par les Etats-Unis avec 900 millions de dollars dont 300 pour l'aide humanitaire et 600 pour le soutien de l'Autorité palestinienne représentée par Mahmoud Abbas. Pour sa part, l'Union européenne promet 554 millions de dollars au titre de l'exercice 2009. La question de la gestion et du contrôle des fonds a néanmoins été au centre des débats. Le Hamas, non convié à la conférence n'est pas considéré comme un partenaire, mais l'Autorité palestinienne, installée à Ramallah, n'a aucune influence à Gaza, entièrement contrôlée par le parti islamiste depuis 2007. Ainsi, les pays du Golfe (Arabie Saoudite, Qatar et Koweït), donateurs au total de 1,6 milliard de dollars ont décidé de gérer eux-mêmes les fonds et ont annoncé l'ouverture d'un bureau commun à Gaza. Le président Hosni Moubarak a souligné que les promesses de dons ne doivent pas être considérées comme “un butin de guerre”, signifiant ainsi aux factions palestiniennes rivales qu'il faudra éviter les querelles sur le contrôle des fonds. Pour sa part, faisant allusion au Hamas, Hillary Clinton a averti qu'“il n'est pas question que les fonds débloqués tombent entre de mauvaises mains”. Au-delà de l'opération de récolte de fonds qui a été un succès indéniable, la conférence a largement débordé sur l'aspect politique du conflit et ses projections dans le futur. Les pays donateurs ont appelé Hamas et le Fatah à dépasser leurs divergences et à former un gouvernement d'Union nationale capable de reconstruire la bande de Gaza et de mener des négociations avec l'Etat d'Israël. Le président français a exhorté le Hamas de libérer le soldat franco-israélien retenu prisonnier et a demandé à Israël d'ouvrir immédiatement tous les points de passage, de sorte à ce que la bande de Gaza ne soit plus “une prison à ciel ouvert”. Au cours d'une conférence de presse tenue à l'issue de la conférence, Hillary Clinton a promis une diplomatie américaine active pour promouvoir un Etat palestinien et assurer la sécurité d'Israël, de la Palestine et de leurs voisins arabes. La secrétaire d'Etat américaine a fait preuve d'optimisme et a considéré que le vœu du président français d'organiser une conférence internationale avant la fin de l'année pour proclamer un Etat palestinien n'est pas irréalisable. Elle n'ignore pourtant pas que le Premier ministre pressenti en Israël, Benjamin Netanyahu, est réfractaire à l'idée d'un Etat palestinien souverain et qu'il y a de fortes chances qu'il se retrouve à la tête du gouvernement le plus à droite de l'histoire de ce pays. Une chose apparaît comme sûre : à défaut d'être révolutionnaire, la nouvelle politique américaine dans la région se démarque nettement de celle menée par George Bush et semble, en tout cas, plus équilibrée. Plus pessimiste – ou plus réaliste ? – le ministre britannique des Affaires étrangères, David Miliband, a pronostiqué qu'il n'y aurait qu'une reconstruction matérielle limitée et qu'il n'y aurait pas de reconstruction politique. M. A. Boumendil