Le Secrétaire général de l'ONU, Ban Ki-moon, a donné hier à Ramallah le ton de ses discussions à venir avec le Premier ministre israélien en condamnant la poursuite de la colonisation et exigeant la fin des «provocations» sur les lieux saints d'El Qods occupée. «Je condamne de nouveau fermement la poursuite des activités de colonisation d'Israël», a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse commune avec Rami Hamdallah, chef du gouvernement d'union palestinien. M. Ban s'est aussi dit «profondément inquiet des provocations répétées sur les lieux saints d'El Qods» occupée. «Elles ne font qu'aviver les tensions et elles doivent cesser», a-t-il ajouté. Il n'a pas évoqué spécifiquement l'ultra-sensible esplanade des Mosquées. Mais ce lieu vénéré à la fois par les musulmans et les juifs a été, encore une fois, hier matin, le théâtre de heurts entre policiers et jeunes palestiniens, qui ont apparemment perçu comme une provocation la visite de juifs orthodoxes sur le site. M. Ban aura l'occasion d'évoquer ces sujets, ainsi que les discussions de paix israélo-palestiniennes dont il a demandé la reprise immédiate, lors d'entretiens prévus dans l'après-midi avec le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu. Les deux hommes se rencontrent dans un climat tendu entre Israël et les Nations unies. M. Ban a participé dimanche au Caire à une conférence de donateurs pour la reconstruction de la bande de Ghaza, dévastée en juillet et août par la guerre entre Israël et le Hamas, qui contrôle de facto cette enclave palestinienne. La communauté internationale a promis à cette occasion 5,4 milliards de dollars d'aide. Un montant «très encourageant», a dit M. Ban. Mais, a-t-il répété à Ramallah (Cisjordanie), la situation de Ghaza, qui sort de sa troisième guerre en six ans, ne sera pas résolue sans un règlement global du conflit. «Reconstruire, c'est important, mais il faut s'attaquer aux racines de l'instabilité à Ghaza, c'est le seul moyen d'éviter un autre conflit dramatique à l'avenir», a-t-il dit. Il a pressé Palestiniens et Israéliens de «faire preuve de courage» et de reprendre les discussions de paix. «Le temps qui passe n'est pas l'allié de la paix. Nous devons agir immédiatement pour empêcher qu'un statu quo déjà intenable ne s'approfondisse encore», a-t-il dit. M. Ban s'exprimait à un moment où les perspectives sont sombres, après des décennies de vains efforts et l'échec d'une nouvelle initiative de paix américaine en avril. Cet échec est allé de pair avec la réconciliation entre les organisations palestiniennes du Fatah et du Hamas, après des années de querelles intestines et meurtrières, et avec la poursuite de la colonisation israélienne. Depuis, les tensions israélo-palestiniennes ont culminé avec la guerre dans la bande de Ghaza, séparée de la Cisjordanie par le territoire israélien. Les jours derniers ont vu le retour de l'Autorité palestinienne aux affaires dans le territoire où le Hamas exerçait une domination quasiment exclusive depuis 2007. Mais les crispations entre Israéliens et Palestiniens et juifs et musulmans n'ont pas cessé et se matérialisent presque quotidiennement, entre autres par des heurts sur l'esplanade des Mosquées et à El Qods est. Entre Israël et l'ONU, la guerre a suscité de l'exaspération. Ban Ki-moon s'est indigné en termes très vifs cet été que trois écoles de l'ONU servant de refuges pour les déplacés aient été touchées par des frappes israéliennes qui ont fait des dizaines de morts. Israël accuse le Hamas d'utiliser les infrastructures de l'ONU. Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahu, a aussi accusé le Conseil des droits de l'Homme de l'ONU de légitimer les organisations «terroristes», après l'annonce de la création d'une commission d'enquête sur la guerre. Le Hamas est considéré comme un mouvement terroriste par Israël, les Etats-Unis et certains pays européens. L'ONU est par ailleurs le théâtre des efforts du président palestinien Mahmoud Abbas pour obtenir du Conseil de sécurité une résolution forçant la marche en avant vers une reconnaissance internationale de la Palestine. M. Ban doit se rendre aujourd'hui dans la bande de Gaza. R. I.