La Corée du Sud et le Japon restaient en pointe hier de la contestation, au lendemain du lancement par la Corée du Nord d'une fusée qui a soulevé la réprobation des Occidentaux, sans pour autant aboutir à un accord à l'ONU. Rompant avec la posture bienveillante de son prédécesseur à l'égard du «frère nord-coréen», le président sud-coréen Lee Myung-bak a promis une réponse «sévère» au tir nord-coréen tout en condamnant un «acte irresponsable». «L'acte irresponsable de la Corée du Nord qui menace la sécurité régionale et mondiale ne peut être justifié d'aucune manière», a estimé à la radio le président Lee, un conservateur partisan de la fermeté face au Nord. Le gouvernement répondra de façon «sévère et réfléchie», a-t-il indiqué. La Corée du Nord a décrit la fusée qu'elle a lancée dimanche – un missile Taepodong-2 à trois étages d'une portée estimée à 6700 km – comme un simple lanceur de satellite. Mais Washington et ses alliés ont assimilé ce lancement à un nouvel essai de missile longue portée, en violation de deux résolutions du Conseil de sécurité de l'ONU adoptées en 2006. Le gouvernement japonais, qui a déjà adopté ses propres sanctions contre le Nord, se réunira vendredi pour décider d'éventuelles nouvelles représailles, a annoncé hier le porte-parole gouvernemental, Takeo Kawamura. Le tir de dimanche a soulevé un tollé international entraînant, dans la foulée, une réunion d'urgence du Conseil de sécurité de l'ONU qui n'a toutefois pas permis l'adoption d'un texte commun. «Méthodes de gangsters» Les diplomates ont convenu de poursuivre leurs consultations dans les prochains jours. La Corée communiste a déjà fait fi des résolutions de l'ONU adoptées en 2006 après des essais de missiles et un test nucléaire. Elle avait à l'époque dénoncé des «méthodes de gangsters» et rejeté la résolution 1718 condamnant son premier essai atomique. Le texte assorti de mesures contraignantes enjoignait Pyongyang de «s'abstenir de tout nouvel essai nucléaire ou tir de missile balistique». Consciente des implications en matière de droit international, Pyongyang a soutenu dimanche avoir placé un «satellite de télécommunications» civil en orbite dans le cadre de son programme spatial. Mais l'armée américaine a démenti cette assertion assurant que le Nord avait échoué à satelliser l'engin et que tous les étages s'étaient abîmés en mer. L'état-major de l'armée russe a confirmé lundi de son côté que la Corée du Nord n'a pas mis de satellite en orbite. Le président américain Barack Obama n'en a pas moins dénoncé dimanche une «provocation» et appelé à une «réponse internationale forte». Mais de nouvelles sanctions onusiennes sont loin d'être acquises, la Chine et la Russie n'ayant jamais été en faveur de sanctions contre leur incontrôlable mais proche allié nord-coréen. La Chine, membre permanent du Conseil de sécurité tout comme la Russie, avait certes condamné l'essai nucléaire de Pyongyang de 2006, mais elle ne s'était jointe qu'avec une extrême réticence à la résolution onusienne. Elle avait surtout manœuvré dans les coulisses avec la Russie pour exiger un assouplissement du texte finalement adopté à l'unanimité. Fidèle à son approche diplomatique traditionnelle, la Chine a pris soin dimanche de ne pas offenser les parties, se contentant d'appeler «à la retenue». La Corée communiste a prévenu que toute sanction infligée en réponse à un lancement de satellite entraînerait l'abandon des pourparlers à six (deux Corées, Etats-Unis, Russie, Chine, Japon), qui visent à mettre fin au programme nucléaire nord-coréen. La Corée du Nord n'a mis aucun satellite en orbite, selon l'armée russe La Corée du Nord n'a pas mis de satellite en orbite contrairement aux affirmations de Pyongyang, a annoncé hier l'état-major russe rejoignant les conclusions américaines, suite au lancement d'une fusée décriée en Occident comme un test d'un missile stratégique. «Notre système de contrôle de l'espace n'a pas constaté de mise en orbite d'un satellite nord-coréen. Selon nos informations, il n'y est tout simplement pas», a indiqué à l'agence Interfax une source haut placée au sein de l'état-major russe. Les Etats-Unis et la Corée du Sud étaient arrivés à cette conclusion dès dimanche, estimant que le lancement nord-coréen avait échoué, le premier étage de la fusée étant tombé en mer du Japon et les étages restants s'étant abîmés dans l'océan Pacifique. L'Iran soutient Pyong Yang L'Iran a estimé hier que la Corée du Nord était en droit de lancer sa fusée, bien que ce tir ait été condamné par de nombreux pays. «Nous avons toujours maintenu que l'espace peut être utilisé à des fins pacifiques en adhérant aux lois internationales», a dit le porte-parole de la diplomatie iranienne, Hassan Ghashghavi, dans un point de presse, au lendemain du lancement nord-coréen. L'Iran a procédé récemment au lancement d'une fusée qui a mis en orbite un petit satellite, malgré les inquiétudes des pays occidentaux sur un possible volet militaire de son programme spatial. «Comme il est notre droit de procéder (à un tir de fusée, ndlr), nous maintenons que d'autres ont aussi ce droit», a dit M. Ghashghavi. Le porte-parole iranien a affirmé que «la question du programme de missile de la République islamique est séparée et indépendante de celle du programme nord-coréen». «Leur programme a commencé il y a plusieurs années et leur lancement n'était pas le premier», a-t-il ajouté.