Pyongyang en procédant à son deuxième essai nucléaire après celui de 2006 semble défier un Occident qui a mis la Corée du Nord sur la défensive. La Corée du Nord a annoncé hier avoir effectué «avec succès» un nouvel essai nucléaire, au mépris des pressions internationales visant à faire renoncer le régime à ses ambitions atomiques. Pyongyang agitait la menace de représailles, et notamment celle d'un nouvel essai nucléaire, depuis sa condamnation le mois dernier à l'ONU à la suite d'un tir de fusée à longue portée au-dessus du Japon, début avril. «La République démocratique populaire de Corée (Rdpc) a procédé avec succès à un nouvel essai nucléaire souterrain le 25 mai dans le cadre de ses mesures destinées à renforcer ses capacités de dissuasion nucléaire (...)», a indiqué l'agence de presse Kcna, reçue à Séoul. Le président américain Barack Obama a aussitôt condamné «une menace pour la paix» tout en appelant à «une action de la communauté internationale». Le Conseil de sécurité de l'ONU devait se réunir hier à 16h00, heure de New York (20h00 GMT), a annoncé le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, cité par les agences russes depuis Beyrouth. Selon des responsables sud-coréens, une secousse a été décelée dans la ville nord-coréenne de Kilju (nord), où Pyongyang avait déjà procédé à son premier essai. L'Institut américain d'études géologiques (Usgs) a pour sa part détecté un «épisode sismique» de magnitude 4,7 à 09h54 locales (00h54 GMT), à 375 kilomètres au nord-est de Pyongyang et à une profondeur de seulement 10 km. Un essai de missile à courte portée aurait également été mené depuis le site de lancement de Musudan-ri, selon l'agence sud-coréenne Yonhap. Selon Kcna, ce nouvel essai était plus puissant que celui du 9 octobre 2006, qui avait provoqué une crise internationale. De nombreux doutes avaient entouré ce premier essai nord-coréen. L'explosion atomique n'avait été confirmée que tardivement et son «succès» revendiqué largement contesté. Pour l'heure, seul un responsable du ministère russe de la Défense, cité par l'agence Interfax, a confirmé que le Nord avait bien effectué un essai souterrain. Ce nouveau test, s'il est avéré, sonne comme un défi à ceux-là qui tentent depuis six ans de convaincre le Nord de renoncer à ses ambitions atomiques contre une importante aide énergétique. Ces négociations au long cours entamées en août 2003 sont actuellement dans les limbes, suspendues au bon vouloir de Pyongyang, sourd aux semonces internationales et adepte de longue date d'une diplomatie de «bord de gouffre». La Corée communiste avait ainsi fait fi des résolutions de l'ONU adoptées en 2006 après son premier test nucléaire. Voisin et ennemi de la Corée du Nord, le Japon a réuni une cellule de crise. «Si la Corée du Nord a procédé à un essai nucléaire, c'est une violation claire d'une résolution de l'ONU. C'est absolument inacceptable», a dénoncé le porte-parole du gouvernement, Takeo Kawamura, promettant que Tokyo allait «prendre des mesures sévères vis-à-vis de la Corée du Nord». L'Union européenne s'est déclarée «très troublée» par l'annonce de Pyongyang. Le ministre français des Affaires étrangères, Bernard Kouchner, a «condamné fermement» l'essai nucléaire. Le Conseil de sécurité de l'ONU avait condamné le 13 avril un tir de fusée balistique effectué le 5 avril par la Corée du Nord et a renforcé le régime de sanctions mis en place à son encontre en 2006. En réponse à cette condamnation, Pyongyang avait annoncé son retrait des négociations à Six (Russie, Corée du Nord et Corée du Sud, Etats-Unis, Japon et Chine), l'arrêt de sa coopération avec l'Agence internationale de l'énergie atomique (Aiea) et la réactivation de ses installations nucléaires. Pyongyang avait menacé fin avril de procéder à un nouvel essai nucléaire et exigé des «excuses» des Nations unies. «Le deuxième test est arrivé plus tôt que prévu et illustre la colère grandissante du Nord à l'égard de Washington», a estimé Kim Yong-hyun, chercheur à l'université Dongguk de Séoul.