C'est aujourd'hui donc que les quelques 20 millions d'Algériens inscrits sur les listes électorales sont appelés à élire le président de la République parmi les six candidats retenus par le Conseil constitutionnel. Si le scrutin qui a débuté samedi dernier pour la communauté algérienne établie à l'étranger ainsi que les bureaux itinérants des régions sud du pays a drainé, selon les observateurs, une affluence «importante», l'on s'attend, au vu des moyens tant humains que matériels mis en place par l'Etat et surtout après une campagne que d'aucuns ont qualifiée de»forte» menée par les six prétendants, à une mobilisation des grands jours. Les pouvoirs publics n'ont ménagé aucun effort pour faire du 9 avril «un jour de fête.» Depuis l'annonce de la date du scrutin, plusieurs départements ministériels ont mobilisé leurs effectifs pour que tout soit fin prêt le jour J. Ainsi, en plus des préparatifs d'usage, de l'installation de la Commission de surveillance des élections, des opérations de sensibilisation, une révision exceptionnelle des listes a été effectuée, permettant l'inscription de 1 684 014 nouveaux électeurs, soit une augmentation de 17.77%, ce qui a porté le corps électoral à 20 595 683 électeurs. D'autre part, après une campagne de collecte de signatures qui a concerné 13 candidats à la candidature, 6 d'entre eux ayant satisfait aux conditions d'éligibilité ont été retenus par le Conseil constitutionnel. S'en est suivie une campagne électorale que les observateurs de la scène politique ont qualifiée de riche. Mobilisation des citoyens Une campagne qui a mobilisé selon les dires des uns des millions de citoyens, surtout les jeunes qui se sont déplacés en masse pour assister aux centaines meetings tenus par les candidats ou leurs représentants. Comme il est de coutume, la communauté algérienne établie à l'étranger dont le nombre d'électeurs est de 914 455 ainsi que les 120 837 électeurs concernés par les bureaux itinérants ont commencé à voter bien avant la fin de la campagne électorale. Pour faciliter l'opération de vote, l'ensemble des postes diplomatiques et consulaires de l'Algérie sont répartis sur six principales zones, et une cellule chargée des opérations, installée au sein du ministère des Affaires étrangères est mobilisée douze heures par jour pour superviser et suivre le déroulement du vote des émigrés algériens. Ces derniers ont été «très nombreux» dès les premières heures de l'ouverture des 330 bureaux de vote retenus pour la circonstance à se déplacer pour effectuer leur devoir, selon les échos parvenus. «Les retours de son et d'image qui nous reviennent de l'étranger, notamment des pays où la présence de notre communauté est importante, nous indiquent bien que nous sommes en train de vivre un début de vote d'abord dans d'excellentes conditions d'organisation et ensuite avec une participation de la communauté nationale à l'étranger tout à fait exceptionnelle» a déclaré le ministre des Affaires étrangères lors du lancement des activités de la salle d'opération. Mêmes échos pour les 243 bureaux itinérants qui ont été créés afin de faciliter l'exercice du droit de vote aux populations nomades. L'opération du scrutin à travers ces bureaux enregistre une «grande affluence» des électeurs, et se déroule dans «de bonnes conditions» selon les organisateurs de cette opération qui se poursuivra jusqu'à aujourd'hui où le reste des 20 595 683 électeurs entrera en scène pour sa part pour accomplir le devoir électoral. De par le caractère particulier de ces joutes confirmé par l'affluence des citoyens aux différents meetings durant la campagne ou encore la participation «tout à fait exceptionnelle» des électeurs algériens à l'étranger, cela augure d'un scrutin «fort mobilisateur». Qui bénéficiera de la confiance des électeurs ? Pour qui voteront les citoyens algériens ? Quel candidat est le plus apte à bénéficier de la confiance des électeurs ? Se représentant en tant qu'indépendant pour un troisième mandat, Abdelaziz Bouteflika, dont la candidature est parrainée par plus de 4 millions de citoyens et 1736 élus, bénéficie également du soutien des 3 partis de l'Alliance présidentielle (RND, FLN et MSP), de dizaines d'associations, des organisations de masse et de la société civile. Candidat à sa propre succession, M.Bouteflika a prôné tout au long de sa campagne la continuité des programmes de développement engagés durant les deux mandats précédents et a promis de rétablir la paix. Une campagne «digne et forte» qui a drainé, selon le chargé de communication de sa campagne Abdeslam Bouchouareb, plus de 3 millions de citoyens. Cela est rendu possible grâce, a estimé pour sa part Abdelmalek Sellal, son directeur de campagne, à la mobilisation qu'a suscité la candidature de Bouteflika. «En témoigne les 31394 sorties que nous avons effectuées sur le terrain ainsi que les 12 700 permanences ouvertes à cet effet», nous a-t-il déclaré. Après s'être présentée pour la première fois à l'élection présidentielle de 2004 où elle a été accréditée de plus de 100 000 voix, Louisa Hanoune, représentante du PT dont elle est la porte-parole, première femme à postuler à la magistrature suprême, «retente» sa chance cette année encore. Elle a hésité un long moment avant d'annoncer sa candidature, soutenue rappelons-le par 140 850 citoyens et près de 1000 élus. Une fois sa candidature validée par le Conseil constitutionnel, la pasionaria s'est attelée durant toute sa campagne marathon à développer un discours axé sur «la rupture» d'avec le système en place. Premier à avoir déposé sa candidature auprès du Conseil constitutionnel, Moussa Touati a été retenu cette année après l'échec de 2004 où il n'est pas parvenu à récolter le nombre de signatures requis. 2e sur la liste alphabétique du Conseil constitutionnel qui a retenu sa candidature pour avoir satisfait aux conditions légales en réussissant à collecter 96 670 signatures de citoyens et de 1660 élus, Moussa Touati milite pour un Etat de droit et de justice sociale.Son credo comme d'ailleurs celui de tous les autres candidats est de compter sur les jeunes. Le candidat d'El Islah Djahid Younsi qui représente le courant islamiste a, quant à lui, été retenu par le Conseil constitutionnel pour avoir réuni 707 signatures d'élus. Six pour un choix Se présentant pour la première fois, il est le plus jeune des 6 candidats. Secrétaire général du mouvement El Islah depuis 2005, après le divorce d'avec Ennahda de Djaballah, il a également été député de la même formation dans la précédente législature. Il a déclaré lors d'une conférence de presse tenue avant-hier au CIP que sa candidature est soutenue par des personnalités politiques qu'il n'a pas citées, déclarant simplement qu'elles sont issues de divers horizons, notamment de la famille révolutionnaire. Se présentant sous la casquette d'indépendant, Mohammed Saïd, de son vrai nom Mohammed Oussaid Belaid, en est à sa première expérience du genre. Ex-bras droit de Ahmed Taleb Ibrahimi dont le parti Wafa n'est pas été agréé, l'ex-diplomate a lancé son propre parti, le Parti de la liberté et de la justice (PLJ) dont le programme «ambitieux mais réaliste» est celui qu'il présente à l'occasion de ces élections. Sa candidature est parrainée par plus de 118 000 citoyens. «Le changement maintenant, pas demain» était le slogan de la campagne qu'il a menée à travers 32 wilayas. Enfin, le 6e candidat n'est autre que Ali Fawzi Rebaïne, connu pour avoir créé la surprise en 2004 en réussissant à récolter les 75 000 signatures requises. C'est donc la deuxième participation du président de AHD 54 à une élection présidentielle. Il s'est appuyé sur le parrainage de 97 570 citoyens pour présenter son dossier au Conseil constitutionnel qui l'a validé. Pour la première fois, autant de candidats postulent à la magistrature suprême. Six candidats, six programmes, six visions pour une Algérie de la «continuité» ou du «changement». Les citoyens appelés à se rendre aux urnes auront l'embarras du choix. Gageons que leur choix sera judicieux. Celui qui propulsera le pays sur la voie qui aurait dû être la sienne depuis des lustres. En ce sens, le vote est considéré comme une pierre à apporter à l'édifice.