L'annonce de la proposition d'un projet d'amnistie générale avec conditions, par le candidat à la présidentielle Abdelaziz Bouteflika, a été suivie et a attiré l'attention de beaucoup de citoyens. Les plus concernés par ce projet ont suivi avec beaucoup d'intérêt les discours prononcés. Beaucoup même attendent avec impatience la suite à donner à ces propos. Une suite qui puisse répondre à des attentes longtemps exprimées et restées sans répondant. C'est le cas, entres autres, des patriotes. Mis aux oubliettes et marginalisés de toutes les démarches inscrites dans le cadre de la réconciliation, ces hommes qui ont combattu le terrorisme dans plusieurs wilayas du pays n'ont pas hésité à exprimer leur satisfaction à ce discours qu'ils ont qualifié de très positif. «Nous avons entendu déjà ce discours sans que l'on bénéficie de nos droits comme les autres victimes», dira un patriote. «La différence aujourd'hui, c'est qu'il y a eu beaucoup de promesses nous concernant et sur la nécessité d'examiner notre cas en vu de restituer nos droits pour améliorer notre situation», a-t-il encore ajouté. «Nous sommes une catégorie qui a souffert des affres de la décennie noire et de la marginalisation après le retour de la paix. Je pense et j'espère surtout que ce texte sera en notre faveur, qu'il prendra en charge nos doléances et qu'ils soient capables de réhabiliter notre place dans la société», a-t-il expliqué. La revendication de cette catégorie n'a pas changé d'un iota depuis la fin 1999.Les patriotes attendent un statut qui leur permet de vivre dans la dignité et la paix surtout. «Je ne vous cache pas, nous avons grand espoir que les choses changent et que notre catégorie bénéficie enfin des dispositions d'un statut qui lui sera spécifique et qui prendra en charge toutes ses doléances», a affirmé ce patriote. Il rappellera dans ce contexte la vie difficile que mènent ces patriotes après que la majorité d'entre eux aient pendant la décennie noire perdu leur travail pour se consacrer à la lutte contre le terrorisme et la protection des populations. «Aujourd'hui, ils ne travaillent pas et ne bénéficient d'aucune sécurité sociale qui puisse apaiser leurs souffrances», a-t-il affirmé. La revendication d'un statut est également exprimée par les victimes de la tragédie nationale qui réclament aussi la préservation de la mémoire de toutes les victimes de cette décennie. «Nuance, les familles des victimes ont décidé de tourner la page et non de la déchirer. La différence est très claire. Cette concession a été faite par les familles des victimes conscientes et convaincues qu'elles n'ont pas un autre pays et une autre nation qui les abritent et pour lesquels ils continueront de vivre. C'est pour cela que nous demandons la sauvegarde de leur mémoire et sa protection de toutes atteintes de quelque nature qu'elle soit», a expliqué Mme Fatma Zohra Flici, présidente de l'Organisation nationale de victimes du terrorisme (ONVT). Les changements sont venus Outre un statut spécifique pour les familles des victimes, la présidente de l'ONVT plaide pour la revalorisation de l'indemnité accordée aux victimes et qui reste, selon elle, dérisoire par rapport à la cherté de la vie. «Les familles des victimes n'ayant pas bénéficié des mesures de maintien du salaire de la victime, perçoivent des services de la wilaya entre 16 000 et 40 000 DA par mois. Cela a été décidé en 2004 après que nous ayons réussi à faire passer le texte d'amendement de la loi de 1993 à l'APN. Avant cette date, les gens percevaient entre 8000 et 40 000 DA par mois. Les changements sont venus parce que nous avons proposé un minimum du double du SNMG. Mais là, ce barème est dépassé après les évènements et les changements qu'a connus le marché. Les victimes ne peuvent plus faire face à la cherté de la vie et souhaitent une révision de cette prime dans le cadre du statut qu'il revendique», a-t-elle précisé. Sur un autre chapitre, Mme Flici nous fait part de la réception de nouveaux dossiers par son organisation émanant des victimes des derniers attentats commis un peu partout dans le pays. «Oui, nous continuons de recevoir des dossiers des familles victimes des derniers attentats commis à Alger ou ailleurs. Les gens sont perdus, ils ne savent pas à quel saint se vouer après la perte, souvent tragique, d'un proche. Ils viennent ici et nous demandent de les aider dans la procédure à suivre pour recouvrer leurs droits», a-t-elle ajouté. «Tout le monde a des problèmes et parfois de gros problèmes. Je vous donne l'exemple des familles victimes de l'attentat commis au Haut commissariat des réfugiés (HCR) qui pensaient que c'est l'Onu qui devait les indemniser. Nous avons pris en charge des cas en leur expliquant que c'est l'Etat algérien qui assure les indemnisations», a-t-elle expliqué.