Rabah Madjer était, dimanche matin, un des invités à venir assister, à la salle de conférences du stade 5-Juillet, au lancement des projets visant à agrandir le Centre national de médecine sportive et à construire la nouvelle maison des fédérations sportives. Nous en avons profité pour parler avec lui de l'équipe nationale de football. Avez-vous suivi le match Algérie-Ethiopie ? Oui, j'étais chez moi devant mon poste de télévision mais je vous avoue que je n'ai suivi en entier que la première mi-temps. Comme j'ai vu que les Verts avaient assuré leur succès, j'ai regardé la seconde période épisodiquement. Sur les minutes que j'ai pu voir je crois que cette seconde mi-temps avait été vraiment de trop. Voulez-vous dire par là que le match était bouclé en 45 minutes de jeu ? Oui. Dès la fin de la première mi-temps, le sort de cette rencontre était scellé. La différence entre les deux équipes était trop importante pour croire à un retournement de situation après la pause. L'équipe algérienne vous-a-t-elle plu ? Je serai dur envers elle si je disais qu'elle n'a pas été convaincante. Disons qu'elle a bien fait le boulot devant une équipe éthiopienne, certes combattive, mais pas assez pour espérer un miracle. En somme, le succès des Verts ne se discute pas... Il ne se discute pas et il aurait pu être plus large s'il n'y avait pas eu certains manques dans le jeu des Algériens. De quels manques voulez-vous parler ? Essentiellement de persévérance dans le réalisme. Les joueurs ont, quelquefois, une certaine tendance à abuser du jeu facile. Il n'empêche qu'aujourd'hui cette équipe nationale est première de son groupe après avoir aligné 5 victoires en autant de matches et elle est qualifiée à la CAN 2015... C'est vrai, et vous me voyez le premier à être heureux de voir cette sélection atteindre un tel statut. Il n'en reste pas moins que les gens attendent de voir ce qu'elle est capable de faire face à des équipes d'un autre niveau comme celle du Cameroun, de Côte d'Ivoire ou de Tunisie. Elle a dominé son groupe de manière incontestable mais force est de reconnaître qu'en dehors du Mali, les équipes proposées ne faisaient pas partie du sommet du football africain. Même l'équipe du Mali n'a plus rien à voir avec ses devancières. Il y a que cette équipe algérienne est bien la meilleure du continent si on se fie au classement Fifa... C'est absolument vrai et, maintenant, elle se doit de fructifier cette situation de leader du football africain. Elle en est capable car, à mon avis, elle a encore de la marge pour progresser. Elle sera en Guinée équatoriale le favori de la CAN 2015. Etant première nation africaine du classement Fifa, ce statut ne pouvait échapper à l'équipe d'Algérie. Mais il s'agit là d'une position inconfortable quand on sait que le favori devient l'équipe à battre. J'espère de tout cœur qu'elle parviendra à surmonter toutes les épreuves jusqu'à remporter le titre. Le fait que le tournoi se joue en Guinée équatoriale sera-t-il un handicap pour les Verts ? Il le sera. Très sincèrement j'aurais aimé que ce tournoi se joue comme prévu au Maroc. Il s'agit d'un pays voisin dont le climat s'apparente au nôtre. En outre, au Maroc, les Verts auraient été sûrs d'être soutenus par des milliers de supporters ce qui ne sera pas le cas en Guinée équatoriale. Dans ce pays, il va falloir tenir compte des paramètres de la chaleur et de l'humidité devant lesquels l'équipe nationale n'a jamais été à son aise. Et puis, il lui faudra faire face aux assauts d'adversaires qui reviennent forts, comme l'Afrique du Sud, la Tunisie, le Sénégal, la Côte d'Ivoire ou le Nigeria. Quelle est votre plus grande crainte pour cette équipe d'Algérie à la CAN 2015 ? Qu'elle passe à côté de son sujet. Vous savez, le football n'a rien d'une science exacte. Même si vous êtes le plus fort vous n'êtes pas à l'abri d'un jour sans. Voyez ce qui s'est passé lors du match contre les Ethiopiens. C'était les Algériens qui dominaient et pourtant ce sont bien les Ethiopiens qui ont ouvert le score. Je le dis et je le répète : en Guinée équatoriale, les Verts devront jouer avec la conviction que ce sont eux les favoris et qu'ils se doivent de justifier ce statut. Ils en sont capables. S'ils savent évoluer au même rythme qui a été le leur jusqu'à présent, ils pourraient revenir de Guinée équatoriale avec le trophée. Entretien réalisé