Le président français, François Hollande, a annoncé hier que la situation dans le sud-est de l'Ukraine ne permettait toujours pas de livrer le premier des deux porte-hélicoptères Mistral à la marine russe. Le ministère russe de la Défense a répondu que les navires de cette classe n'étaient pas un «élément indispensable pour le développement de la flotte nationale». En cas de rupture du contrat, les militaires russes promettent d'utiliser «plus rationnellement» l'argent que les Français devraient rembourser. Le report des délais de livraison du premier bâtiment de projection et de commandement (BPC) de classe Mistral a été annoncé mardi soir par l'Elysée. «Le président estime que la situation dans le sud-est de l'Ukraine ne permet toujours pas de livrer le premier navire», a déclaré la chancellerie du chef de l'Etat. Et de poursuivre : «M. Hollande a préconisé de reporter l'autorisation d'exporter le Mistral jusqu'à nouvel ordre. Aucun nouveau délai de livraison n'a été évoqué par Paris.» Le ministère russe de la Défense a calmement réagi aux propos de François Hollande. Le vice-ministre Iouri Borissov a ainsi affirmé que les risques pour la Russie étaient minimes: «Le porte-hélicoptères n'est pas un élément indispensable pour le développement de notre flotte. Quant à l'argent que nous récupérerons - l'avance est déjà versée - nous le dépenserons bien plus rationnellement». Il a noté également que si la déclaration du Président était définitive, alors l'ensemble de l'équipage russe de 400 hommes ayant suivi une formation sur le chantier naval français serait rappelé. Si le contrat était rompu, la France devrait rembourser le coût total des deux navires (environ 1,2 milliard d'euros), auquel il faudrait ajouter des amendes et pénalités pour près de 3 milliards d'euros. Dans ces conditions, les militaires russes exigeraient d'abord le retour de l'avance (un peu moins d'un milliard d'euros), et seulement après le paiement des pénalités. Toutefois, selon les conditions du contrat, il ne sera pas possible de le faire avant février 2015. Il était initialement prévu de transmettre le premier navire au ministère russe de la Défense le 1er novembre : une fois construit, il devait arriver à Saint-Pétersbourg pour l'installation d'équipements et d'armements russes à bord. Cependant, début novembre, le groupe DCNS a seulement commencé à envoyer des invitations à la cérémonie officielle de transfert du premier BPC, le Vladivostok, où figurait la date du 14 novembre. Mais après la publication d'une copie de l'invitation sur les réseaux sociaux par le vice-Premier ministre russe, Dmitri Rogozine, DCNS a démis de ses fonctions Yves Destefanis, qui était directeur de projet chargé des navires Mistral vendus à la Russie. L'agence russe d'exportation d'armements Rosoboronexport s'est refusée à tout commentaire concernant le communiqué des autorités françaises.