Plusieurs aspects liés aux marchés mondiaux de gaz naturel et leur incidence sur la stratégie nationale ont été mis en débat "dans un contexte particulier", lors d'un workshop international sur les "Marchés mondiaux de gaz naturel : enjeux, stratégies d'acteurs et impacts", ouvert lundi au Centre des conventions d'Oran (CCO) Mohamed Benahmed. Le vice-président du Conseil national économique et social (CNES), Mustapha Mekideche, a abordé, dans sa communication, les tendances des marchés gaziers internationaux et leur impact sur la stratégie algérienne, affirmant que cette question et tous les autres thèmes développés lors de cette rencontre "interviennent dans un contexte assez particulier, celui de la baisse drastique du prix du pétrole (65,80 dollars au 1er décembre 2014, le plus bas depuis 2009)". "Lorsque le pétrole a la grippe, le gaz tousse", a relevé le vice-président du CNES dans ce sens, soutenant que l'Algérie gère les incertitudes et les menaces des marchés mondiaux du gaz depuis 2010, "ce qui donne lieu à une somme de problématiques engendrées notamment par les conditions incertaines de la valorisation internationale du gaz naturel conventionnel et non conventionnel, les contraintes de prise en charge à long terme des besoins de la demande nationale et la compétition avec les autres sources d'énergie dont le charbon (cas de l'Allemagne)". Sur le plan de la concurrence, M. Mekideche a cité le Qatar, les Etats-Unis d'Amérique et la Russie, et ceci sur fond de faible demande mondiale en gaz, notamment en Chine et en Europe, tout en faisant observer la stabilisation de l'offre en cette énergie qui, en 2013, n'a augmenté que de 0,8%, et la faible croissance de la consommation mondiale (1,3% seulement en 2013). Il a, d'autre part, signalé "l'évolution du gaz non conventionnel" par rapport à la "croissance modérée du gaz conventionnel", notamment aux USA, ce qui implique "une remise en question des contrats à long terme du gaz naturel et du GNL sur les marchés internationaux". Pour ce qui est de l'Algérie, le vice-président du CNES a indiqué qu'elle présente une "offre problématique" en termes de volume et de durée, ajoutant que le gaz naturel représente 34% de la consommation totale dans le pays avec une demande interne en forte croissance (12,4% de 2011 à 2012), marquée par "une tarification obsolète qui pousse au gaspillage des ménages et à un transfert de rente au profit des industries utilisant du gaz. Des industries énergétivores". Pour sa part, le vice-président de l'AIG, ancien Directeur général de Sonatrach et ex ministre, Abdelmadjid Attar, a abordé les facteurs influençant les marchés gaziers, affirmant que "dans un contexte où le prix du pétrole baisse, le prix du gaz va suivre incontestablement". Soulignant que le prix du pétrole a perdu 30% de sa valeur depuis juin 2014, il prévoit que les effets devraient être ressentis en 2015, notamment en ce qui concerne les baisses entamées en juin 2014. M. Attar a indiqué, par ailleurs, que le domaine de l'énergie est affecté actuellement par une série de bouleversements, déclarant que "le marché du gaz est sensible, car indexé à celui du pétrole". Quant aux perspectives, il estime qu'elles sont "incertaines" en raison d'une "récession économique générale, des effets catastrophiques des changements climatiques et du poids de la taxe carbone, ainsi que des crises géopolitiques régionales qui vont en s'aggravant". Pour le vice-président de l'AIG, la récession a déstabilisé les zones de production et de transit. "L'Europe a importé 30% de gaz en moins en 2013 et certains pays consomment du charbon (cas de l'Allemagne et du Royaume uni)", a-t-il souligné. "De cette situation et de la prise de conscience de l'épuisement des réserves est née la nécessité d'assurer la sécurité énergétique par la diversification des ressources", a fait remarquer M. Attar, ajoutant que "l'arrivée des ressources non conventionnelles, surtout aux USA et au Canada, est en train de changer la carte énergétique mondiale". Allant dans le même sens, M. Abderrahmane Mebtoul, de l'Université d'Oran, a affirmé que "l'énergie est au cœur de la sécurité de l'Algérie" et que la situation actuelle "va influer sur les recettes de l'Algérie." M. Mebtoul a, par ailleurs, analysé les causes ayant conduit à la situation actuelle, insistant sur la nécessité de "revoir les méthodes pour économiser l'énergie, revoir les subventions et aller vers des prix énergétiques". A ce propos, M. Ahmed Mecheraoui, du ministère de l'Energie, a affirmé que l'Etat continuera de subventionner les prix de l'électricité et du gaz. "Il n'y aura pas d'augmentation", a-t-il souligné, ajoutant que la demande interne sur l'électricité et le gaz augmente de manière exponentielle. "Le programme de deux millions de logements nécessite de l'énergie, les cinq millions de climatiseurs en Algérie demandent de l'énergie, les dizaines de téléphones portables demandent aussi de l'énergie, ... C'est pour cela que l'Etat doit faire en sorte de fournir cette énergie. La politique du Gouvernement c'est de l'électricité pour tous et du gaz pour tous et il n'y aura donc pas d'augmentation des prix de ces deux énergies", a-t-il insisté. Le workshop est organisé par l'Ecole préparatoire en sciences économiques, commerciales et sciences de gestion (EPSECG) d'Oran en partenariat avec l'Association algérienne de l'industrie du gaz (AIG) et le laboratoire de recherches sur les économies euro-méditerranéennes (LAREEM) de l'Université d'Oran.