Malgré le contexte de crise économique mondiale, le dinar algérien s'est apprécié de 5% depuis un an, a indiqué Emmanuel Noutary, directeur du Programme Invest in Med, dans un document intitulé «La Méditerranée, remède anticrise pour les Européens». Il relève que «les monnaies des pays sud-méditerranéens se maintiennent bien face à l'euro, contrairement aux autres pays en développement du monde».Tout comme les autres systèmes financiers sud-méditerranéens, l'Algérie, qui a engagé la modernisation de son système bancaire et financier depuis quatre ans environ, est restée peu connectée au reste du monde. Ce qui était un reproche dans les années précédentes «devient aujourd'hui un atout, car le secteur bancaire est en bonne santé», a-t-il considéré. L'accélération de la bancarisation sur tous les segments du marché «éloigne encore les effets de la crise des liquidités», a-t-il encore ajouté. Le contexte économique actuel met les pays de la zone dans «une position favorable». Tout comme l'Algérie, ces pays se trouvent au milieu d'un processus de réformes importantes pour faire évoluer leurs économies vers des marchés ouverts pour le secteur privé et à l'international. Les pouvoirs publics de ces pays intensifient, encore plus dans cette période, leurs efforts pour créer des emplois, améliorer le revenu moyen et le niveau de compétence, augmenter le niveau de vie des populations. Si un léger ralentissement est prévu en 2009, la croissance reste soutenue et «reprendra un rythme de croisière de près de 4% par an en moyenne dès 2010». L'Algérie, qui verra son PIB régresser à 2,25% en 2009, enregistrera une croissance de 5,2% en 2010, selon Emmanuel Noutary. La consommation privée se stabilisera autour de 5% à l'horizon 2010, favorisant l'absorption des excédents européens en mal de débouchés. Des opportunités d'investissements à saisir Les entreprises européennes gagneraient à saisir des opportunités d'investissements dans des secteurs devenus peu rentables en Europe. Emmanuel Noutary cite notamment les secteurs de la distribution et de la logistique «qui présentent aujourd'hui de formidables potentiels dans les pays sud-méditerranéens». Le réseau d'infrastructures de transport est un secteur à saisir également par les entreprises européennes puisque les pays de la rive sud ont considérablement développé leurs réseaux. Dans une économie mondiale postcrise qui privilégiera la recherche et le développement durable «les pays sud-méditerranéens ont des atouts pour se positionner comme des laboratoires» et fédérer sur ces sujets l'ensemble des acteurs nationaux et étrangers intéressés. La téléphonie mobile qui est florissante et le développement de la 3G pourraient permettre à la région de trouver enfin un positionnement sur ce secteur au-delà des traditionnelles délocalisations des centres de support client. Selon la même source, les pouvoirs publics doivent adopter une attitude offensive pour pouvoir bénéficier de cette conjoncture qui leur est favorable. Le Programme Invest in Med se propose d'apporter des actions régionales qui pourraient être entreprises pour notamment «inciter les institutions financières et les investisseurs à adopter des règles prudentielles plus souples, de façon à favoriser le développement des entreprises de leurs pays ainsi que les opérateurs étrangers qui souhaitent y investir».