La candidate du Parti des travailleurs à l'élection présidentielle, Louisa Hanoune, n'y est pas allée avec le dos de la cuillère pour dénoncer les dépassements, les actes de violence physique contre ses militants et la fraude électorale lors du scrutin de jeudi. «Alors que pour nous, le 9 avril était un rendez-vous avec l'histoire, d'autres, ceux qui ont organisé le déroulement de l'élection, l'ont différé», a regretté Mme Hanoune lors d'une conférence de presse animée hier au CIP. Rappelant le contexte dans lequel se sont déroulées les différentes élections auxquelles son parti a participé, la secrétaire générale du PT a décidé de ne pas se taire sur «la fraude qui a entaché le scrutin de cette année», puisque, selon elle, le silence est synonyme de complicité. «La fraude électorale constitue un danger pour la souveraineté nationale», a affirmé l'oratrice, en soulignant que l'Algérie n'a pas enregistré une avancée démocratique durant le vote de jeudi. La candidate à la magistrature suprême a rejeté le taux de participation annoncé par le ministre de l'Intérieur au lendemain de l'élection. «Le taux ne peut pas dépasser 55%», a souligné Mme Hanoune qui a qualifié l'Algérie de «République bananière». Elle a expliqué qu'aucune wilaya du pays n'a échappé à la fraude. «Il est vrai que Bouteflika a émis le vœu d'être élu par la majorité des Algériens, mais pas un taux de 90%», a ironisé Louisa Hanoune. A la question de savoir qui est responsable de la fraude, la conférencière a accusé les clientèles du système du parti unique. «Je ne pense que M. Zerhouni ait donné des instructions pour frauder ni même le président de la République», a indiqué l'oratrice, en expliquant que les taux de vote annoncés «fragiliseront davantage le président de la République au plan international». Des exemples de fraude n'ont pas manqué à la patronne du PT pour accabler des walis, des chefs de daïra et des maires. Selon Mme Hanoune, dans la commune de Sidi Moussa (Alger), le président de l'APC a pris la fuite après avoir «volé» les PV de dépouillement au niveau des centres de vote. A Sidi Naâmane, dans la wilaya de Tizi Ouzou, le maire, a dénoncé la SG du PT, a agressé physiquement son scrutateur. Dans certaines communes de la wilaya de Khenchela, le taux de participation a atteint 100% avec 100% de voix pour le candidat Abdelaziz Bouteflika. A Annaba, a ajouté l'oratrice, le nombre de votants a dépassé le nombre d'inscrits sur les listes électorales. Par ailleurs, Mme Hanoune a dénoncé le vote des corps constitués, puisque pour elle, les bureaux spéciaux n'existent plus. «Dans le centre de vote où j'ai voté, j'ai vu des dizaines de femmes stagiaires de l'école de police de Aïn Bénian», a indiqué Mme Hanoune qui a lancé un appel au Conseil constitutionnel afin qu'il accomplisse sa mission.