C'est une candidate optimiste, enthousiaste et convaincue que l'élection présidentielle d'aujourd'hui constitue «un tournant historique dans la vie du peuple algérien», qui s'est présentée hier devant les journalistes au Centre international de presse (CIP). La secrétaire générale du Parti des travailleurs (PT), Louisa Hanoune, a affirmé, lors d'une conférence de presse, que la campagne électorale «était propre, dense et forte». «La campagne est une victoire sur la démoralisation», a affirmé la candidate à la magistrature suprême. La campagne, selon elle, s'est déroulée dans la sérénité, «en dépit de quelques dérapages». Elle a cité comme exemple, le DRAG de Saïda qui a menacé un dirigeant du PT de le destituer de son mandat d'élu. «Un tel comportement nous renseigne sur la panique qui règne au niveau des partisans du système du parti unique», a indiqué la candidate du PT. L'oratrice a expliqué que les Algériens veulent participer au scrutin pour exprimer leur rejet de ce système. «Les pratiques du parti unique existent toujours dans notre pays : utilisation de l'argent public à des fins électoralistes et présentation de fausses données sur toutes les questions», a regretté Mme Hanoune, en dénonçant au passage le FLN qui «agresse» ses militants. «Durant la campagne, nous n'avons pas eu de problème avec le RND et le MSP. Nous avons eu des problèmes avec les militants du FLN», a dénoncé l'oratrice. Interrogée par un journaliste français sur les raisons de sa participation au scrutin présidentiel «tout en sachant que Bouteflika sera élu président de la République», Mme Hanoune a répliqué par un rappel historique : «Nous avons hérité la fraude électorale de la France coloniale et de son gouverneur Naegelen.» Cependant, l'oratrice n'exclut pas des risques de fraude puisque, selon elle, un président d'APC à Tébessa a proposé au représentant du PT de frauder le scrutin. Au sujet du rôle de la commission nationale de surveillance de l'élection, Mme Hanoune a affirmé que la commission que préside Mohamed Teguia ne sert absolument à rien. «La commission agit comme agissait le Conseil national de transition (CNT) au début des années 1990», a dénoncé la conférencière qui est allée jusqu'à proposer de remettre les indemnités destinées aux membres de la commission aux techniciens de l'ENTV «pour avoir travaillé dur durant la campagne». Concernant les chances du PT à l'occasion du scrutin, Mme Hanoune a expliqué qu'elle ne participe pas pour jouer à la figurante, mais pour gagner. «La campagne a renforcé la position de notre parti au niveau de la société. Je peux dire que nous sommes prêts à diriger le pays», a affirmé la SG du PT. Hommage aux médias lourds La candidate du PT s'est attaquée violemment aux titres de la presse privée accusés de partialité dans la couverture de la campagne électorale. «Je rends hommage à la Radio nationale, à l'APS et à la Télévision nationale qui ont fait leur travail. Le comportement de journalistes de la presse privée est ahurissant. En fait, tout le monde a fait campagne pour le président candidat», a souligné Mme Hanoune. «Je sais que notre campagne n'a pas dérangé que les tenants du pouvoir», a indiqué la SG du PT qui a accusé certains journalistes de misogynie. Concernant les partisans du boycott du scrutin, Mme Hanoune a déclaré qu'ils n'ont pas mené une campagne contre le pouvoir mais contre son parti. Elle a dénoncé par ailleurs le premier secrétaire du FFS, Karim Tabbou, qui l'a traitée de charlatan. «Les propos du premier secrétaire du FFS sont orduriers et obscurantistes», a déclaré Louisa Hanoune, en précisant qu'elle respecte les militants du FFS. «Certains militants de ce parti sont allés jusqu'à menacer nos militants en les traitant de traîtres», a ajouté la patronne du PT qui s'en est prise par ailleurs, sans le nommer, au Parti socialiste des travailleurs (PST) de Salhi Chawki. «Ce parti appelle au boycott, mais participe à la commission de surveillance de l'élection pour gagner de l'argent», a dénoncé Mme Hanoune, avant de crier : «Trêve de plaisanterie !»