A l'occasion des fêtes de fin d'année, la direction générale de la sûreté nationale (DGSN) a rendu public un communiqué où elle informe des «mesures» prises pour renforcer «la sécurité des personnes et des biens». Ces mesures, apparemment exceptionnelles, puisqu'on a pris le soin de communiquer là-dessus et concernant un temps et des lieux bien précis consistent, selon le document publié par la police nationale, en un «déploiement d'effectifs d'agents de police pour assurer la sécurité des places publiques, des lieux de divertissement, des centres commerciaux, des hôtels et des stations de transport (gares routières, ferroviaires et métro)». Et de préciser que «le directeur général de la sûreté nationale, le général major Abdelghani Hamel, veille personnellement à la mise en œuvre de ce plan de sécurité». C'est manifestement très sérieux. De ce communiqué, comme dans son «déploiement» sur le terrain, on aura d'abord remarqué le ton, très serein, d'une institution publique se déployant comme pour assurer la sécurité ordinaire du citoyen dans un contexte de… grande affluence vers un endroit ou simplement de présence plus importante en volume que d'habitude. Un peu comme on mobiliserait un peu plus d'effectifs que d'ordinaire pour «sécuriser» un match de football ou le concert d'une grande star de musique. Ou alors comme on met un dispositif de sécurité «spécial réveillon…» à Londres ou à Stockholm ! Mais en l'occurrence, est-ce que c'est bien de cela qu'il s'agit ? Pas du tout. Et ce n'est pas terminé ! Non seulement la sécurité des fêtes de fin d'année en Algérie consiste d'abord à assumer un choix de société et le défendre contre ceux qui veulent le combattre par la terreur, même dans ses aspects techniques, ce dispositif physique vient un peu tard ! Parce que cela fait longtemps que les fetwas contre les pâtissiers vendeurs de bûches, les magasins arborant quelque décoration spéciale pour la circonstance, les vendeurs de vin, les restaurants et les hôtels qui organisent des soirées spéciales ont été lancées. A temps, celles-là et avec toute l'efficacité attendue par ceux qui les ont inspirées, ceux qui les ont lancées et ceux qui ont veillé à ce qu'elles soient respectées sur le terrain… des opérations ! Ceux qui leur ont cédé par pans entiers l'espace public, les ont souvent «accompagnés» dans l'essentiel de leurs entreprises inquisitrices, fermé les yeux sur le déploiement de la terreur sur la société, ceux qui ont parfois fait le travail à leur place en pourchassant les jeunes couples, en fermant les troquets et en interdisant de plage les «dévergondées» en maillot de bain, ne peuvent pas aujourd'hui rassurer les Algériens. Et la police n'en est que la partie visible, par la force des choses. S'il s'agissait de se sentir protégé à l'occasion des fêtes de fin d'année contre le petit larcin, contre les gais lurons qui ont pris le verre de trop ou contre les chauffards enflammés par la fièvre festive, les Algériens apprécieraient leur bonheur de vivre dans un pays où il ferait… bon vivre ! Et ils prendraient le communiqué de la DGSN pour ce qu'il semble vouloir montrer : la mobilisation exceptionnelle de la force publique pour leur sécurité, dans des jours… exceptionnels, ils ont seulement des policiers en plus et la fête en moins.