Le sous-sol du carrefour de la Grande Poste sera fermé pour des travaux de modernisation des lieux. Cette mesure s'impose du fait que les lieux représentent la vitrine du métro qui devrait être mis en marche avant la fin de l'année. En attendant, l'APC a saisi la justice contre des locataires mauvais payeurs. Ouvert à l'exploitation en 1990, le centre commercial aménagé au sous-sol du carrefour de la Grande Poste, à Alger-Centre, ne tarderait pas à fermer ses portes pour des travaux de réaménagement. Officiellement, les rares locataires qui sont encore sur place n'ont pas été avertis pour le moment, mais il demeure que cette mesure est dans l'air. «C'est une question de temps», estime un agent de sécurité. En fait, le sous-sol sera réaménagé à la faveur de l'entrée en exploitation de la première ligne du fameux métro d'Alger (Alger-Centre/Bachdjarrah). La reconfiguration des lieux est d'autant plus probable qu'il s'agit en fait de la gare centrale du métro. Lors des premiers essais technique du métro, effectués début avril, le ministre des Transports, Amar Tou, a clairement dit que l'infrastructure serait ouverte au public une fois la gare de la Grande Poste réceptionnée. Et le lancement du métro se fera cette année. En attendant, les lieux sont livrés à l'abandon. Pour les milliers de personnes qui transitent quotidiennement par la place de la Grande Poste, le sous-sol n'est rien d'autre qu'un endroit qui pue l'urine. Les portes inférieures du centre, donnant sur un jardin public très fréquenté, sont transformées en urinoir. On s'y soulage en toute tranquillité. Au même endroit, l'on remarque une plaque de chantier datée de 1990 et qui porte le nom de l'Entreprise nationale de réalisation des ouvrages en sous-sol (Enros). La plaque a été posée à l'époque du lancement des travaux de creusement du tunnel, se souvient-on. A côté de la plaque de l'Enros, plusieurs autres enseignes indiquent notamment un pharmacien et «la pizzeria du métro». L'intérieur fait peur. Le silence est presque de mise dans plusieurs parties du centre, n'étaient les bruits qui parviennent de la gare du métro. Plusieurs coins sont dans le noir et le faux-plafond a été arraché par endroits. La loge du chef de centre ressemble beaucoup à une cache de SDF. Partout des fils électriques en liberté et des compteurs démontés. «Nous avons une trentaine de boutiques, mais la plupart sont fermées», affirme un agent pour mieux comprendre cet état des lieux. En fait, comme l'enseigne ne l'indique pas, le pharmacien a déménagé et le local scellé. «On lui a fermé la boutique», explique l'agent de sécurité. En passant devant l'ancienne pharmacie, le visiteur doit prendre le soin de fermer la bouche au risque d'avaler des mouches. Plusieurs couloirs sont infestés de mouches attirées par l'humidité et le manque d'entretien. Actuellement, les seuls locaux qui attirent encore de la clientèle sont les toilettes publiques. A cela s'ajoutent une boutique de vente de téléphones portables et accessoires ainsi qu'une pizzéria-cafétéria. Sinon, le sous-sol héberge un cordonnier et un tailleur notamment. «La plupart des gens qui travaillent encore ici ne sont pas les vrais locataires. Ce sont des sous-locataires de enième main. L'activité est au point mort depuis plusieurs années», révèle-t-on. A voir l'état dans lequel se trouve la structure, l'on ne peut s'empêcher de s'interroger : comment se fait-il que le centre commercial le mieux placé au cœur de la ville est non seulement abandonné, mais aussi boudé même par les visiteurs ? Selon nos interlocuteurs, cela est logique vu le différend qui oppose les services de l'APC d'Alger-Centre aux vrais locataires. De quoi il en retourne au juste ? Au moment de l'ouverture du sous-sol, l'APC a loué les locaux suivant la procédure des appels d'offres. Naturellement, les bénéficiaires étaient les soumissionnaires qui avaient proposé les meilleures offres financières concernant le montant de la location par mois. «Les gens ont soumissionné entre 50 000 DA et 270 000 DA par mois. Ils se sont dit que le centre est situé au cœur de la ville et donc le commerce y serait des plus rentables pour eux. A la fin, ils se sont trompés dans leur jugement», se rappelle-t-on. Après l'ouverture des boutiques, affirme notre guide, le centre avait connu une certaine effervescence qui s'est dissipée au fil du temps. Les conséquences étaient désastreuses : les locataires enregistraient un bénéfice inférieur au montant du loyer. C'est pour cette raison, entre autres, que les commerçants étaient devenus de mauvais payeurs et ont procédé à la sous-location au mépris de la réglementation en vigueur. «Il faut savoir que plusieurs locataires sont poursuivis en justice par l'APC pour non-paiement des charges locatives», dit-on. La solution viendrait donc avec le métro.