Le plan de circulation automobile sera chamboulé au centre-ville d'El Harrach, à partir du 28 mars, à cause de l'installation définitive, le même jour, d'un gros chantier du métro d'Alger. Les occupants du pavillon viande et volaille du marché couvert Djelmani, du centre-ville d'El Harrach. Ont jusqu'au 15 avril, comme dernier délai, pour vider les lieux. Cette mesure n'est pas appréciée par les bouchers qui y travaillaient depuis de longues années, d'autant que les services de l'APC n'ont prévu aucun transfert des locataires de ce pavillon. «On nous a promis de nouvelles boutiques au marché de Boumati», nous a dit un vieux boucher. Le marché de Boumati cité par le boucher concerne des locaux commerciaux dont les décisions d'affectation avaient été au centre d'un scandale qui a été porté devant la justice. Aménagé en 1999, le marché n'est toujours pas exploité. L'opération d'évacuation du pavillon s'annonce toutefois compliquée pour les concernés. «Ce n'est pas une simple évacuation des lieux. Nous avons tous ici des chambres froides auxquelles il faut trouver un autre endroit pour le magasinage. Il ne s'agit pas d'un matériel que nous pouvons prendre chez nous», a affirmé un autre boucher spécialisé dans la volaille. Ce qui est certain aux yeux de ces locataires, c'est qu'ils quitteront les lieux dans quelques jours seulement. D'ailleurs, plusieurs locaux sont déjà fermés. Les bouchers tentent de liquider le plus vite possible les produits qui leur restent sous la main. Pour ce faire, ils interpellent le moindre visiteur en lui proposant d'acheter soit de la viande rouge soit du poulet. Mais pourquoi évacue-t-on cette partie du marché ? Au chef-lieu d'El Harrach, c'est presque tout le monde qui connaît la réponse : le métro. Plus précisément, l'extension du métro. Depuis quelques jours déjà, les environs immédiats du siège de l'APC connaissent une effervescence particulière. Les placettes, les trottoirs et les voies de circulation sont en travaux. Les équipes qui interviennent sur place travaillent à délimiter le périmètre d'un chantier, celui de la future gare centrale de l'ex-Maison Carrée. Une clôture métallique est mise en place au fur et à mesure que les différentes opérations, initiées par l'APC ou les services de la wilaya, avancent. Les préparatifs s'intensifieront au cours de la semaine prochaine. En fait, le plan de circulation automobile sera chamboulé au centre-ville à partir de ce samedi 28 mars. Selon un communiqué rendu public, lundi, par l'entreprise de réalisation et d'exploitation du chemin de fer urbain pour l'agglomération d'Alger, il y aura des déviations du trafic routier. Ainsi, la rue Cours du congrès de l'est sera définitivement fermée à la circulation automobile. De plus, la rue Tarkouche Ahmed, qui relie la sortie d'El Harrach (la Glacière) à la placette de la commune, deviendra un sens unique, selon le nouveau schéma arrêté. Dès samedi, les automobilistes qui veulent quitter le chef-lieu doivent emprunter la rue Guiboub avant de pénétrer la rue Tarkouche à hauteur du tribunal. Le chantier qui sera définitivement installé la semaine prochaine, pour quelques années, concerne la réalisation d'une gare principale du métro, dans sa phase gros œuvre, à la place de l'ancienne station service de Naftal. Les travaux ont été confiés par l'Entreprise du Métro d'Alger (EMA) au groupement Dywidag, Cosider construction et Trevi (G/DCT). En parallèle, le G/DCT est chargé de réaliser une sorte de déviation du fameux Oued El Harrach afin de permettre la réalisation du projet. De l'autre côté de la rive, les initiateurs de l'extension ont programmé une autre station. L'ouvrage en cours de lancement s'inscrit dans le cadre de l'extension de la ligne 1 du métro d'Alger. Depuis 1982, le gouvernement tente de créer un métro entre Bachdjarrah (Haï El Badr) et Alger-Centre (la Grande-Poste) sur distance de 9 km. Cette première ligne devrait être inaugurée en juillet prochain, à se fier aux déclarations des responsables du ministère de tutelle. A cette ligne principale, plusieurs extension sont prévues notamment celle reliant Haï El Badr au centre d'El Harrach. Selon un document de l'EMA, l'extension sera réalisée sur une distance de 3,6 km avec 4 stations. L'installation du chantier a été accueillie dans l'indifférence. L'EMA et l'APC n'ont pas jugé utile d'organiser une campagne d'affichage pour mieux informer la population des changements concernant la circulation. Les Harrachis, eux, ont peur que le chantier s'étale sur… 30 ans ! Parcours d'un projet C'est en juin 1981 que le Conseil du gouvernement avait décidé de doter la capitale d'un réseau de métro. Les études de conception et d'ingénierie, réalisées entre 1982 et 1985 ont abouti à la définition d'un schéma de principe constitué de trois lignes totalisant 56 km et comprenant 54 stations, avec l'identification d'un tronçon prioritaire entre Oued Koriche et Bachdjarrah (Haï El Badr) de 12,5 km. Le lancement des travaux de réalisation a été gelé à cause de la crise économique mondiale de 1986. Entre juin 1990 et juin 1995, les travaux de plusieurs tronçons ont été lancés sur le tronçon Alger-Centre-Belouizdad (El Hamma). En 2002, une nouvelle étude commandée par le ministère des Transports a confirmé le «système métro» comme solution optimale pour le transport collectif pour la ville d'Alger. Le projet a été relancé «de façon plus significative» au lendemain de la visite du chef de l'Etat, Abdelaziz Bouteflika, aux chantiers, en décembre 2003. Un projet de réalisation du tronçon El Hamma-Haï El Badr a été confié au groupement algéro-allemand GAAMA (Dywidag/Cosider). En janvier 2006, un contrat a été signé avec le groupement franco-espagnol Siemens-Vinci-Caf pour achever la ligne, acquérir, installer et mettre en œuvre un système intégral du métro. L'opération est toujours en cours de concrétisation sur la première ligne-première étape (Grande-Poste-Haï El Badr) sur une distance de 9,5 km.