Ici, seuls les gérants des vespasiennes tirent leur épingle du jeu, pas nous. » C'est aussi crûment que s'est exprimé M. Hassani, gérant d'une officine située dans le passage souterrain de La Grande Poste. « La plus spacieuse du centre-ville », mais qui reste néanmoins la moins lotie, reprend-il, en affirmant que son « commerce » souffre des problèmes que connaît cet improbable passage. Des soucis, les locataires en connaissent, et pas seulement ceux liés aux charges fiscales. Pour le pharmacien, la perspective prochaine de la mise en marche du métro éveille des appétits insoupçonnables : « On veut nous voir quitter les lieux et ainsi, installer de nouveaux commerçants », assène-t-il. Entre-temps, seuls quelques adeptes de la break dance en font une place favorite : les locaux du passage d'Alger-Centre n'en finissent pas de connaître des problèmes. Une odeur nauséabonde de renfermé s'en dégage et seul le café et quelques locaux ouvrent, mais désespérant toujours de voir se bousculer de « vrais » chalands. Cette situation, pour les commerçants, est un autre loupé pour l'APC d'Alger-Centre qui fait entendre un autre son de cloche. « C'est gens en savent plus que nous. Nous ne pouvons faire le travail à leur place. L'APC est dans son droit en engageant des procédures en justice », insiste M. Belahouane, vice-président à l'Assemblée. Des mises en demeure furent envoyées aux commerçants débiteurs, il y a plus de trois ans. Une trentaine en furent ainsi les destinataires. Moins loquace, l'élu assure que les procédures engagées entrent dans la « gestion courante » en ne manquant pas de prendre le contre-pied de son collègue de l'Assemblée pour qui la situation est, « à tout le moins, ingérable ». Plus au fait du « dossier », puisque relevant du « secteur » qui lui fut confié, selon l'élu ayant requis l'anonymat, Belahaouane reste catégorique : « La justice seule tranchera dans ce dossier », insiste-t-il. Biens de la commune, les locaux de la place Audin connaissent également un embrouillamini certain. Le vice-président indique que des études sont en cours, et l'APC en attend les conclusions finales pour décider des mesures à prendre, telle « la fermeture éventuelle du passage pour problème d'aération ». Mais l'APC fera-t-elle le pas dans l'immédiat ? Motus et bouche cousue. La décision de réaménager ce passage important drainant plusieurs piétons, surtout les étudiants, a toujours buté sur le « refus » des occupants, plus d'une centaine. « Pas besoin de fermer », soutiennent les occupants sentant que les travaux vont tirer en longueur. Les étudiants qui ont « leur » amphi dans ce passage très fréquenté en souffrent, mais pas seulement eux. Impossible pour tous de se frayer un chemin parmi les vendeurs d'effets vestimentaires. « On a remarqué plusieurs cas de figure, de sous-locations et de division des boutiques », relève un élu de l'APC. Pour lui, difficile là aussi d'assainir la situation pour les autorités communales qui ont maille à partir avec des vendeurs de commerces dont l'APC est propriétaire partout sur son territoire. Le passage Gueydon, qui donne sur la rue Asselah Hocine, « ne marche pas bien » du fait qu'il n'est pas fréquenté, les handicapés, qui en ont bénéficié, « ne s'en tirent pas à bon compte ». Place Kennedy, la sinistrose... A la Place des Martyrs et à la rue Asselah Hocine, seuls quelques couturiers et les kiosques multiservices des commerces des passages souterrains « travaillent » cahin-caha. Ils sont les seuls à « tirer quelque peu profit » de la situation. Après la décennie noire, une autre commencera avec le « diktat » imposé par les délinquants. Aucun n'ose y entrer, préférant souvent faire face aux voitures. Plus loin, à El Biar, plus exactement à la place Kennedy, même décor et même envie d'en finir avec la bureaucratie. Pour un habitué de la place, la décision d'un « illuminé » d'aménager à la fin des années 1980 un passage sous la place Kennedy fut accueillie avec des grincements de dents par les El Biarois, qui y ont vu une « opération sans lendemain ». En plus de l'état de l'endroit qui s'est dégradé, ceux qui s'y sont installés, avec grand fracas, n'en tirent guère profit. « Nous lavons l'endroit à grande eau », s'est contenté de dire le P/APC d'El Biar, laquelle a géré les locaux pendant deux années. Sitôt terminé le travail des agents de la voirie, le lieu retrouve une autre réalité, plus lugubre. Des infiltrations d'eau le transformant en cloques perfides, surtout l'hiver. « Aucun des partenaires, auquel on avait à faire face, ne s'est occupé de nous », insiste un locataire désabusé. Gérés par le CPVA, les locaux ont été « cédés » à l'Epic UGCTU, avant d'être pris par la Régie foncière. Reste que tous refuseront de faire des échéances de paiement. « C'est un niet catégorique. D'ailleurs, seuls deux locaux restent ouverts. Le reste des commerçants s'est résolu à mettre la clef sous le paillasson, puisque ne pouvant payer ce qui leur est dû », déplore-t-il en affirmant que ses dettes s'élèvent à plus de 700 millions de centimes, alors qu'aucun échéancier ne lui a été fait par la Régie foncière.