La recrudescence des violences et des combats en Libye ces derniers jours entre les forces du gouvernement et des milices rivales, causant des centaines de morts et une grave crise humanitaire, a suscité l'inquiétude de la communauté internationale qui insiste sur une solution politique à la crise. Les autorités libyennes n'arrivent toujours pas à contrôler les dizaines de milices tribales qui se livrent sans cesse à des combats acharnés entre elles et avec l'armée libyenne pour asseoir leur autorité dans leur pays et prendre le contrôle de la manne pétrolière, depuis la chute de l'ancien régime de Maâmmar El-Gueddafi au terme de huit mois de conflit en 2011. Les combats entre les forces du gouvernement provisoire et les milices ont connu ces derniers jours une recrudescence sans précédent. Dans la seule ville de Benghazi, dans l'Est du pays, les combats ont fait depuis octobre plus de 450 morts. Hormis le nombre croissant de victimes des combats qui regagnent du terrain ces derniers jours, beaucoup de civils souffrent également d'assassinats ciblés, de déplacements forcés et vivent dans des conditions humanitaires graves, a indiqué un rapport du Haut-commissariat des Nations unies aux droits de l'Homme et la Mission des Nations unies pour la Libye (MANUL), fin décembre. Le pays, qui vit une crise "des légitimités", est dirigé par deux gouvernements qui se disputent le pouvoir à distance, l'un proche des miliciens de "Fajr Libya" (Aube de la Libye) et l'autre reconnu par la communauté internationale, siégeant à Tobrouk, près de la frontière égyptienne. Le pays est également doté de deux Parlements. Le gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale a réclamé lundi des armes pour combattre les milices, lors d'une réunion de la Ligue arabe au Caire, au moment où le pays est en proie aux violences et aux luttes internes de pouvoir. "Nous appelons la communauté internationale à assumer ses responsabilités légales et morales et à armer, sans retard ni délai, l'armée libyenne pour qu'elle puisse accomplir sa mission nationale", a indiqué le représentant de la Libye auprès de la Ligue arabe, Achour Bou Rached, à l'ouverture de cette réunion urgente des représentants permanents. Refus de toute ingérence étrangère L'Assemblée générale de la Ligue arabe, à l'issue de sa réunion au Caire, a souligné "l'indépendance, la souveraineté de la Libye et son intégrité territoriale", ainsi que le refus de "toute ingérence dans ses affaires internes". L'Algérie, qui continue de prôner une solution politique sans intervention militaire étrangère à la crise en Libye, "poursuivra, en dépit de l'adversité, sa mission qui consiste à accompagner les forces vives libyennes ayant marqué leur disponibilité à œuvrer pour une solution politique à cette crise", avait affirmé le ministre délégué chargé des Affaires maghrébines et africaines, Abdelkader Messahel. Les Libyens "sont les seuls habilités à définir les fondements et les contours de la solution politique, en dehors de toute forme d'ingérence étrangère", avait-il souligné. Après des appels de pays de la région, Niger et Tchad notamment, à une intervention militaire internationale en Libye, le président français François Hollande a écarté lundi l'idée d'une intervention militaire de son pays. "C'est à la communauté internationale de prendre ses responsabilités et pour l'instant, elle doit faire en sorte qu'il puisse y avoir un dialogue politique, il n'est même pas installé, et deuxièmement que l'ordre puisse être rétabli", a-t-il déclaré. Dialogue suspendu, mais seule issue L'ONU a reporté sine die une réunion de dialogue entre les parties au conflit en Libye, prévue initialement lundi dernier, et aucune nouvelle date n'a encore été fixée, a indiqué son porte-parole Stéphane Dujarric, ajoutant que le chef de l'UNSMIL (mission de l'ONU) Bernardino Leon "poursuivait des consultations" pour parvenir à un accord sur le lieu et la date d'une réunion. Une des raisons du report était la difficulté à trouver "un lieu qui réponde à tous les impératifs de sécurité", a expliqué le porte-parole. Une première réunion de dialogue avait eu lieu en septembre, sans donner de résultats concrets. L'Algérie, qui continue à mettre en garde contre "les conséquences destructrices de la poursuite du cycle de violence sur le devenir du peuple libyen et sur la stabilité de la région", poursuit son soutien aux efforts des Nations unies dans la recherche d'une solution politique à la crise, appelant également au respect des résolutions pertinentes du Conseil de Sécurité et au renforcement de l'option du dialogue et de la réconciliation entre tous les Libyens. La diplomatie algérienne avait à maintes reprises exprimé sa disponibilité à contribuer à la tenue d'un dialogue inter-libyen à travers un processus réunificateur dans le cadre d'une réconciliation nationale. "Notre pays soutient et soutiendra tous les processus politiques de dialogue inclusif et de réconciliation engagés par les pays amis et voisins, dans le respect de la légalité internationale, du principe de non ingérence et l'intégrité territoriale des ces pays", a ainsi affirmé le Premier ministre Abdelmalek Sellal.