Le gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale a réclamé lundi des armes pour combattre les milices, lors d'une réunion de la Ligue arabe au Caire, au moment où le pays est en proie aux violences et aux luttes de pouvoir. Nous appelons la communauté internationale à assumer ses responsabilités légales et morales et à armer, sans retard ni délai, l'armée libyenne pour qu'elle puisse accomplir sa mission nationale, a indiqué le représentant de la Libye auprès de la Ligue, Achour Bou Rached, à l'ouverture de cette réunion urgente des représentants permanents. Plongée dans le chaos, la Libye est dirigée par deux gouvernements qui se disputent le pouvoir à distance, l'un proche des miliciens de Fajr Libya (Aube de la Libye) et l'autre reconnu par la communauté internationale, siégeant à Tobrouk, près de la frontière égyptienne. Le pays est également doté de deux Parlements. Plus la victoire militaire contre les milices brutales est retardée, plus leur expansion s'accroît et plus l'on réduit les chances d'une solution politique à la crise, a prévenu M. Bou Rached. Depuis la chute de Mouammar Kadhafi en 2011, les autorités n'arrivent pas à contrôler les dizaines de milices formées d'ex-insurgés qui font la loi. Le gouvernement libyen reconnu par la communauté internationale a d'ailleurs annoncé lundi sa décision d'interdire l'accès à son territoire aux ressortissants syriens, palestiniens et soudanais, affirmant que certains d'entre eux étaient impliqués aux côtés des groupes terroristes dans des attaques contre l'armée et les forces de police. La veille, deux membres d'équipage d'un pétrolier, un Grec et un Roumain, ont été tués dans une attaque aérienne des forces armés libyennes contre ce navire présenté comme suspect au large de Derna (est). Les autorités ont affirmé que l'équipage du pétrolier n'avait pas obtempéré aux ordres lui enjoignant de s'arrêter pour être fouillé.
Blocage Plusieurs pays de la région, Niger et Tchad notamment, ont récemment estimé qu'une intervention militaire internationale était indispensable en Libye. Mais le président français François Hollande a écarté lundi l'idée d'une intervention militaire de son pays. C'est à la communauté internationale de prendre ses responsabilités et pour l'instant, elle doit faire en sorte qu'il puisse y avoir un dialogue politique, il n'est même pas installé, et deuxièmement que l'ordre puisse être rétabli, a-t-il déclaré à la radio France Inter. L'Assemblée générale de la Ligue arabe, à l'issue de sa réunion au Caire, a d'ailleurs souligné l'indépendance, la souveraineté de la Libye et son intégrité territoriale, ainsi que le refus de toute ingérence dans ses affaires internes. Dans un communiqué, l'organisation pan-arabe a réitéré son rejet de toute les formes de terrorisme et la nécessité de le confronter fermement, condamnant toute les attaques visant les institutions et les installations économiques et le croissant pétrolier libyen. Le 25 décembre, une roquette tirée par des miliciens de la coalition Fajr Libya avait provoqué un énorme incendie dans l'un des trois principaux terminaux pétroliers du pays. La Ligue a condamné les meurtres et enlèvements visant les ressortissants égyptiens, après l'assassinat en décembre d'un couple copte et l'annonce de l'enlèvement de 20 chrétiens. Treize d'entre eux ont été libérés, a déclaré lundi un responsable tribal, affirmant qu'ils étaient détenus par un groupe de trafiquants. Le secrétaire général de la Ligue arabe Nabil al-Arabi a exprimé son regret face au blocage des efforts arabes et internationaux, visant à rétablir le dialogue entre les parties en conflit en Libye. Une réunion de dialogue prévue lundi sous l'égide de l'ONU a été reportée sine die.
Réunion de dialogue reportée sine die L'ONU a reporté sine die une réunion de dialogue entre les parties au conflit en Libye, prévue initialement lundi, et aucune nouvelle date n'a encore été fixée, a indiqué son porte-parole Stéphane Dujarric. Cette réunion de dialogue était prévue mais elle n'a pas eu lieu, a-t-il déclaré à la presse. Il a ajouté que le chef de l'UNSMIL (mission de l'ONU) Bernardino Leon poursuivait des consultations pour parvenir à un accord sur le lieu et la date d'une réunion. Une des raisons du report était la difficulté à trouver un lieu qui réponde à tous les impératifs de sécurité, a expliqué le porte-parole. Une première réunion de dialogue avait eu lieu en septembre, sans donner de résultats. La Libye est plongée dans le chaos depuis la chute de Mouammar Kadhafi au terme de huit mois de conflit en 2011 et les autorités n'arrivent pas à contrôler les dizaines de milices formées d'ex-insurgés qui font la loi en l'absence d'une armée et d'une police régulières bien entraînées. Le pays est dirigé par deux gouvernements et deux Parlements qui se disputent le pouvoir à distance. Un nouveau Parlement élu en juin, qui siège à un millier de kilomètres à l'est de Tripoli, a été invalidé par la Cour suprême libyenne le 6 novembre, une décision qu'il a rejetée. De son côté, le Congrès général national (CGN), l'ancien Parlement dominé par les islamistes, a repris du service sous l'impulsion d'une coalition de milices de Fajr Libya, qui avait déjà installé un gouvernement parallèle à Tripoli. La Ligue arabe a convoqué lundi au Caire une réunion urgente de ses représentants permanents pour discuter des dangereux développements que connaît la Libye et l'accroissement de la violence et des actes de terrorisme, a déclaré dimanche à des journalistes Ahmed Ben Helli, le numéro deux de l'organisation. Interrogé sur le bombardement par les forces armés libyennes d'un pétrolier présenté comme suspect au large de Derna (est), M. Dujarric a estimé que ce genre d'incident ne fait que souligner la nécessité pour toutes les parties de se mettre d'accord et de mener un dialogue. Deux membres d'équipage du pétrolier, un Grec et un Roumain, ont été tués dans cette attaque aérienne.