La Russie a accusé hier les Etats-Unis de vouloir «dominer le monde», notamment en imposant leur position sur la crise ukrainienne aux Européens, après le discours sur l'état de l'Union du président américain Barack Obama. «Les Etats-Unis veulent dominer le monde», a déclaré hier le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, lors d'une conférence de presse. «Au centre de la philosophie américaine, il n'y a qu'une chose : nous sommes le numéro un», a-t-il souligné. Pour appuyer ses propos, Lavrov a rappelé que Washington s'était vanté à plusieurs reprises d'avoir «imposé» à ses partenaires européens les sanctions économiques contre la Russie que l'Occident accuse de soutenir militairement les rebelles prorusses dans l'est de l'Ukraine. Mardi, dans son discours sur l'état de l'Union, Barack Obama s'est une nouvelle fois félicité du «travail difficile» accompli par les Etats-Unis pour «imposer des sanctions» contre Moscou l'an dernier. «Aujourd'hui, ce sont les Etats-Unis qui se tiennent forts et unis avec leurs alliés, tandis que la Russie est isolée et que son économie est en lambeaux», a déclaré le président américain. Mais cela «ne correspond pas à la réalité actuelle» selon Lavrov, qui a prévenu que celle-ci «va changer, et (que) ce changement prendra pas mal de temps». Les Américains vont finir par «réaliser qu'on ne peut pas maintenir cette position sans cesse», a-t-il estimé, appelant les Etats-Unis et tous les autres pays à adopter «la philosophie de la coopération et non pas celle de la dictature». Les Occidentaux utilisent le conflit ukrainien pour «isoler la Russie et étouffer son économie», a indiqué de son côté, hier, Dimitri Peskov, le porte-parole du président russe, Vladimir Poutine. «Si ça n'avait pas été la Crimée ou l'est de l'Ukraine, ils auraient trouvé autre chose», a déclaré Peskov à l'hebdomadaire russe Argumenty i Fakty, se disant «persuadé que l'Ouest ne pourra pas se débarrasser de nous», et que «l'isolement de la Russie serait une erreur». Pour Peskov, l'économie russe est sous contrôle «malgré les sanctions illégales» prises par les pays occidentaux qui, couplées à la baisse des prix du pétrole, ont fait chuter la valeur de la rouble. «Je vais répéter ce qu'a déjà dit Vladimir Poutine : tout est sous contrôle, nous savons ce que nous faisons, comment nous le faisons et nous avons tout ce dont nous avons besoin pour le faire», a insisté Peskov. Il a fait ces déclarations alors que le président américain Barack Obama s'est dit «satisfait», mardi, lors de son discours annuel sur l'état de l'Union devant le Congrès américain, «que les sanctions occidentales aient affaibli la Russie, désormais isolée et dont l'économie est en lambeaux». S'agissant du conflit dans l'est de l'Ukraine, Peskov a expliqué que la Russie n'avait pas les moyens de le résoudre. «Tout ce que la Russie peut faire, elle le fait déjà», a-t-il déclaré. «C'est un conflit national qui ne se terminera que par le dialogue. Et seul le gouvernement ukrainien peut faire cela», a-t-il précisé, tout en se disant sûr que l'Ukraine restera à l'avenir lié économiquement à la Russie. Peskov a toutefois reconnu que la Russie, malgré «l'euphorie patriotique» ayant suivi l'annexion de la péninsule de Crimée, traversait une phase de turbulences en raison de sa confrontation avec l'Ouest. «Une confrontation politique, idéologique, médiatique et diplomatique mais heureusement, pas militaire», a-t-il conclu.