Un responsable américain voyageant avec le secrétaire d'Etat, John Kerry, arrivé à Kiev, a prévenu que des sanctions américaines contre la Russie interviendront «probablement dans la semaine». Le monde entier retient son souffle face au conflit comparable à la fameuse crise des missiles d'octobre 1962 qui a failli provoquer une 3e guerre mondiale. L'occupation, par quelque 6000 soldats russes, de la Crimée, une région stratégique où est stationnée une grande base navale, a fait monter la tension entre l'Occident et Moscou. Le président Barack Obama est allé jusqu'à brandir lundi le carton rouge. «Le message que nous faisons passer aux Russes est que s'ils continuent sur leur trajectoire actuelle, nous examinerons un ensemble de mesures économiques et diplomatiques qui isoleront la Russie», a-t-il prévenu. Mais cet avertissement est perçu comme une petite blague par son homologue, Vladimir Poutine, qui fonce droit comme un ours blanc. Son conseiller, Sergueï Glaziev, a répliqué hier via l'agence publique Ria Novosti aux menaces américaines, en promettant carrément «l'apocalypse financier». «Les tentatives d'annoncer des sanctions contre la Russie mèneront au krach du système financier américain et à la fin de la domination des Etats-Unis dans le système financier mondial», a-t-il asséné avec défi. De son côté, l'ambassadeur russe à l'ONU, Vitali Tchourkine, a soutenu que le président déchu, Viktor Ianoukovitch, avait demandé au président Vladimir Poutine l'aide militaire de la Russie «pour défendre la population ukrainienne», l'Ukraine étant «au bord de la guerre civile». Un peu plus tôt, Vladimir Poutine est sorti de son silence pour nier l'implication russe en Ukraine et dénoncer un «coup d'Etat contre le seul Président légitime». Bien qu'il ait nié «l'occupation» de la Crimée et sa tentation de donner l'assaut, le président Poutine n'en exclut pas l'éventualité. Poutine dénonce un «coup d'état» «(...) L'envoi de troupes russes n'est pas nécessaire pour le moment (...)Mais cette possibilité existe», a-t-il affirmé, précisant que la Russie se réservait le «droit de recourir à tous les moyens» pour protéger ses citoyens dans cette ancienne République soviétique, notamment en Crimée où la population est composée à 60% de citoyens russes. Voilà qui a le mérite de la clarté dans la bouche de Poutine. S'il n'est pas forcément un grand admirateur de Viktor Ianoukovitch, le maître du Kremlin n'en pense pas moins qu'il est «le seul président légitime de l'Ukraine». Et à Poutine d'imposer sa lecture des événements : «Il ne peut y avoir qu'une seule appréciation sur ce qui s'est passé à Kiev et en Ukraine : il s'agit d'un coup d'Etat anticonstitutionnel, d'une prise de pouvoir par les armes.» Plus encore, le président russe décidément offensif a accusé les Occidentaux d'avoir eu recours à des «entraîneurs» pour former les «unités de combat», en référence aux contestataires ukrainiens. Des déclarations qui ont le don de courroucer les Occidentaux qui menacent de prendre de nouvelles sanctions contre Moscou. Un responsable américain voyageant avec le secrétaire d'Etat, John Kerry, arrivé à Kiev, a prévenu que des sanctions américaines contre la Russie interviendront «probablement dans la semaine». Moscou promet «l'apocalypse» à Washington Et depuis Tunis où il était hier en visite, le chef de la diplomatie russe, Sergueï Lavrov, a affirmé que les menaces de sanctions «ne changeront pas la position russe sur l'Ukraine». Une impasse diplomatique qui risque de s'aggraver encore un peu plus avec le déplacement, hier, du secrétaire d'Etat américain, John Kerry, à Kiev pour soutenir le nouveau pouvoir ukrainien. Le responsable américain apporte dans ses bagages une «importante assistance économique» à Kiev et une enveloppe rondelette d'un milliard de dollars dans le cadre d'un prêt international. En appui, une équipe du Fonds monétaire international (FMI) est également annoncée en Ukraine pour discuter d'un plan d'aide avec les nouvelles autorités, qui ont requis l'assistance financière de l'institution. Mais ces aides risquent de ne pas être suffisantes pour soulager une économie au bord de l'asphyxie. Pour cause, Moscou vient de décider de ne pas prolonger l'accord sur la vente au rabais de son gaz à l'Ukraine. «Etant donné que l'Ukraine ne remplit pas ses obligations, ne remplit pas les accords sur l'octroi d'un rabais signés comme avenant au contrat, Gazprom a décidé de ne pas prolonger la durée de ce rabais, et ce dès le mois prochain», a déclaré le patron du géant russe, Alexeï Miller. C'est dire qu'en Ukraine, la Russie et l'Occident se livrent une guerre froide qui sent trop fort l'odeur du gaz.