Les ondes de choc provoquées par les attentats de Paris et les risques que représente la menace terroriste à l'échelle mondiale ont rendu "urgente" la coopération internationale qui prend, désormais, un contenu plus concret au regard des dispositifs annoncés par les pays européens et les Etats-Unis. Jugeant indispensable la mise en place d'une coopération plus serrée contre la menace terroriste, l'Europe, appuyée par Washington, multiplie les initiatives pour prévenir de nouveaux attentats et tente, surtout, de conférer à cette coopération une dimension internationale. "Nous allons discuter de la manière de lutter contre le terrorisme, pas seulement en Europe mais dans le reste du monde, notamment avec les pays musulmans, (...) par le lancement de projets spécifiques", a déclaré la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini. Des actions concrètes pour prévenir le risque terroriste sont attendues dès la fin de cette semaine avec la tenue, jeudi à Londres, d'une rencontre, organisée conjointement par le Royaume-Uni et les Etats-Unis entre pays membres de la coalition contre le groupe Etat islamique (EI). Lundi, les ministres des Affaires étrangères de l'UE se retrouveront à Bruxelles avant une rencontre de leurs collègues de l'Intérieur le 28 janvier à Riga (Lettonie), à laquelle participera la Ligue arabe, suivie de la Conférence de Munich sur la sécurité, le 6 février, d'un sommet à Bruxelles, le 12 février, et d'un second sommet le 18 du même mois à Washington. Toutes ces réunions feront suite à celle des ministres de l'Intérieur de l'Europe et du ministre américain de la Justice dans la capitale française au lendemain des attentats à Paris qui ont fait 17 morts entre le 7 et le 9 janvier. Pour le coordinateur européen pour la lutte contre le terrorisme, Gilles de Kerchove, le danger est porté par "près de 3.000 Européens, enrôlés pour rejoindre les groupes jihadistes en Syrie ou en Irak et dont 30% sont rentrés dans les pays de l'UE". Au registre de la prévention, le dispositif pensé au niveau européen, touchera particulièrement le fichier des passagers aériens (PNR) pour permettre un échange d'informations afin de suivre le déplacement des suspects. Le Parlement européen n'ayant toujours pas débloqué le PNR en raison de "restrictions à la liberté". Des pays touchés par le terrorisme avaient alerté sur son caractère transnational Chacun des pays tente également d'adapter son dispositif en fonction du degré de la menace. En France où la "filière syro-irakienne" compte environ 1.250 combattants, les responsables tablent sur un renforcement du renseignement et de la juridiction terroriste, ajouté à la création de "quartiers spécifiques" dans les prisons pour isoler les détenus jihadistes "considérés comme radicalisés" outre le contrôle des réseaux sociaux. Le même schéma est reproduit en Espagne qui envisage l'emprisonnement de tous ceux qui se rendent dans des "territoires contrôlés par des groupes terroristes" et le durcissement des peines contre tout individu qui tente d'apprendre, y compris sur Internet, le maniement des armes et des explosifs en relation avec un groupe terroriste. L'Allemagne qui a vu plus de 600 de ses citoyens rejoindre la Syrie et l'Irak et dont 180 seraient revenus, selon des sources de presse, prévoit, elle aussi, un durcissement des peines pour le financement du terrorisme et un contrôle des données téléphoniques, des e-mails et des connections Internet. En Belgique, c'est carrément l'armée qui a été sollicitée pour surveiller les sites sensibles, tandis qu'au Royaume-Uni, le niveau d'alerte a été relevé pour signifier qu'une attaque terroriste est "hautement probable" au moment où des arrestations se poursuivent dans les milieux suspectés de terrorisme. Se considérant comme cible de "cellules jihadistes", selon la police, Washington qui dit craindre une multiplication de petits groupes liés à des organisations extrémistes a annoncé le renforcement de la coopération sécuritaire non seulement avec l'Europe, mais aussi avec des pays comme le Pakistan où un nombre considérable d'organisations forment pour "l'internationale terroriste". "Nous avons tous la responsabilité que ces extrémistes ne puissent plus mettre les pieds dans ce pays ou ailleurs", a déclaré le secrétaire d'Etat américain, John Kerry en visite en Pakistan. Des analystes relèvent que jamais la mobilisation contre la menace terroriste n'a été aussi forte que depuis les attentats de Paris qui rappellent les lendemains du 11 septembre 2001 à la suite d'attentats aux Etats-Unis. Ils font cependant observer que nombre de pays concernés, aujourd'hui, par le dialogue et l'alliance contre le terrorisme, durement touchés par ce phénomène, avaient, il y a fort longtemps, alerté sur son caractère transnational.