Le président du Croissant Rouge sahraoui (CRS), Yahia Buhobeini, a mis en garde mardi la communauté internationale contre les tentatives visant à décourager les donateurs dans l'octroi de leurs aides aux réfugiés sahraouis après l'exhumation récemment d'un rapport européen sur l'aide humanitaire datant de 2007. M. Buhobeini qui s'exprimait, depuis Aouserd (camps des réfugiés Sahraouis) dans un entretien téléphonique à l'APS a affirmé que "le but de sortir ce rapport, qui n'a rien avoir avec la réalité sur le terrain, est de décourager les donateurs d'octroyer leurs aides aux réfugiés et, par la même, dégrader la situation humanitaire dans les camps de réfugiés sahraouis". Après avoir indiqué que les informations en possession du CRS font état d'"agissements d'individus activant pour le compte du Maroc au moment où l'Union européenne (UE) n'a jamais établi l'existence de détournement des aides humanitaires dans les camps de réfugiés sahraouis", M. Buhobeini a appelé la communauté internationale à "ne pas tomber dans le piège de la manipulation et des mauvaises intentions". Tentatives de rendre la vie plus difficile dans les camps Alertant la communauté internationale sur "la gravité de telles tentatives", le président du CRS a jugé que ce genre de pratiques tendancieuses, "peut non seulement multiplier les souffrances des réfugiés, mais il est à même de rendre la vie plus difficile dans les camps de réfugiés où la situation humanitaires est alarmante sous l'effet d'épuisement des stocks de produits alimentaires". Selon une estimation du même responsable, il ne reste dans les stocks que l'équivalent d'un mois de consommation de sucre et d'huile, alors que le stock de farine est totalement épuisé. Face à cette situation, "nous avons commencé à utiliser les stocks d'urgence, prévus pour une durée de trois mois, tels que le riz et les légumes secs", a averti le responsable humanitaire sahraoui. Les aides sont suivies, supervisées et contrôlées Revenant sur le "rapport européen manipulé", M. Buhobeini a rappelé que l'UE à travers son agence, l'Office d'aide humanitaire de la commission européenne (Echo), avait supervisé, suivi et contrôlé la distribution, en 2003, 2007, 2008 et 2014 à travers des audits qui se voulaient "préventifs" pour s'assurer de l'arrivée des dons aux bénéficiaires dans les camps de réfugiés. "Pas moins de trois audits confiés à des sociétés externes ont été faits avec toutes les parties concernées, à savoir le Programme alimentaire mondial (PAM), le Haut commissariat de l'Onu pour les réfugiés (Unhcr) et les Ong exécutant des projets Echo. Tout ça, ajouté aux inspections externes et évaluation interne de la distribution des aides", a fait savoir M. Buhobeini. Le responsable du CRS a expliqué que ces mesures ont été recommandées pour donner "plus de solidité et de crédibilité" à la prise en charge des programmes humanitaires d'Echo de 2006 à 2008. Soulignant que "le rapport datant de 2007 exhumé en 2015, et sur lequel on a travaillé au sein de l'UE en 2003 mais qui parlait de +risques de mauvaises distribution et non de détournement des aides+ est dénué de tout fondement", M. Buhobeini a indiqué que tous les rapports des audits, inspections et évaluations n'ont fait état d'aucun détournement ni de trafic en ce qui concerne les aides humanitaires destinées aux réfugiés sahraouis". Des aides européennes augmentées progressivement Suite à ce constat, a-t-il dit, Echo a augmenté progressivement ses aides au profit des réfugiés sahraouis pour passer de cinq (5) millions euros en 2003, à huit (8) millions euros en 2004, puis à neuf (9) millions d'euros en 2006 et à dix (10) millions d'euros à partir de 2010". L'augmentation des aides européennes était également intervenue suite à l'instauration en 2005, par le HCR et le PAM, d'un mécanisme conjoint de monitoring pour la supervision, le suivi et le contrôle des dons et aides dans les camps de réfugiés sahraouis", a ajouté M. Buhobeini, qui a rappelé que le même mécanisme avait été validé, en 2011, par l'ex directeur général d'Echo, l'allemand Peter Zangl, qui effectuait une visite dans les camps de réfugiés. "Nous avons de très bons rapport avec Echo. Nous travaillons dans un esprit de coopération positive et de confiance mutuelle", a soutenu M. Buhobeini, avant de réitérer l'engagement du CRS à "renforcer la transparence dans la gestion des aides humanitaires destinées aux réfugiés sahraouis". Dans ce contexte, il a fait état de la publication du calendrier relatif à la distribution des aides humanitaires, avec tous les détails qui s'imposent, à savoir : "le jour, la quantité, les produits et les lieux de destination des aides et dons". "Les autorités sahraouies ont facilité le monitoring des aides par les parties concernées pour qu'elles puissent accomplir leurs missions librement, sans accompagnateurs et directement auprès des bénéficiaires", a-t-il déclaré, ajoutant qu'aucune plainte faisant état d'un dysfonctionnement ou d'irrégularité n'a été enregistrée à ce propos. Rapport exhumé pour faire diversion auprès de l'UE Récemment, le gouvernement sahraoui a dénoncé l'exhumation, des archives, d'un rapport de l'Office anti-fraude européen (OLAF), datant de 2007, sur l'aide humanitaire européenne aux réfugiés sahraouis, avec pour objectif de "faire diversion" auprès de l'Union européenne (UE). L'exhumation de ce rapport, vieux de huit ans, "est une tentative de manipulation et de désinformation ayant pour but d'entacher l'image du Front Polisario", a affirmé le ministre délégué sahraoui pour l'Europe, Mohamed Sidati, dans une déclaration rendue publique samedi dernier à Bruxelles. "En dépit des extraits publiés de ce rapport, il est établi que les campements de réfugiés sahraouis sont parmi les mieux organisés au monde. Dans les campements, le monitoring et la surveillance de l'aide sont assurés sur le terrain par le HCR, ECHO et le PAM, en même temps que plusieurs ONG également présentes", a ajouté M. Sidati dans sa déclaration. La déclaration pour qui la publication de ce rapport n'était pas "innocent", a jugé qu'elle intervenait "au moment où le conflit du Sahara occidental est sur l'agenda de l'ONU et où les violations récurrentes des droits de l'homme par le Maroc sont régulièrement, évoquées dans les institutions européennes et ailleurs". "Il est clair que le Maroc dans le cadre de sa stratégie de diversion et de manipulation, cherche à déstabiliser la population réfugiée sahraouie la privant éventuellement de l'aide, en mettant la pression sur les donateurs, notamment l'UE", a conclu le responsable sahraoui.