Conscient de la mission qui l'attend durant le troisième mandat présidentiel et la lourde responsabilité que cela implique, vu notamment la profonde crise financière qui affecte l'économie mondiale, le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a tenu hier, lors de son discours d'investiture, à assurer les Algériennes et les Algériens de sa détermination à continuer d'agir dans la seule perspective des intérêts supérieurs de la nation et de sa disponibilité à associer à la gestion publique toutes les forces vives de la nation. «Dans cette phase, l'Algérie aura besoin de toutes les compétences qu'elle recèle, de tous les dévouements et de toutes les énergies laborieuses dont elle est capable», a affirmé Bouteflika, en soulignant la nécessité de réaliser le rassemblement de ces ressources, mettre en place les conditions d'expression de toutes leurs potentialités. «Ce sont là les exigences cardinales de notre politique nationale», a indiqué le chef de l'Etat qui a réitéré sa détermination à poursuivre et à approfondir la démarche de réconciliation nationale. «Une démarche que le peuple algérien a massivement soutenue, qui a permis le retour à la paix civile et qui devra, dans l'avenir, contribuer essentiellement à raffermir la cohésion sociale et à garantir la pérennité de l'unité nationale», a rappelé l'orateur. Considérant qu'en dépit du progrès social enregistré, des franges importantes de notre population continuent de vivre des difficultés, Bouteflika a affirmé qu'il maintiendra la haute priorité qui a prévalu en ce qui concerne l'amélioration des conditions de vie des citoyens. A cet effet, il a indiqué que des programmes d'investissements dans le logement, l'accès à l'eau, aux réseaux d'assainissement, à l'énergie et aux infrastructures sanitaires continueront. Bouteflika s'est engagé également à veiller à l'accélération de la modernisation des services publics, la rationalisation de leur organisation et l'optimisation de leur gestion. Vers sur une décentralisation plus poussée Le président de la République a appelé à élever le niveau de rigueur dans la gestion et son suivi, à développer l'initiative et la vision prospective : des conditions des progrès attendus par les Algériens. Pour les favoriser, a ajouté l'orateur, la réforme des structures et des missions de l'Etat sera accélérée avec pour objectif une nouvelle répartition des pouvoirs publics fondée sur une décentralisation plus poussée. «Une décentralisation qui devra être effective en mettant strictement en cohérence les missions assignées et les moyens dévolus», a expliqué Bouteflika, en précisant qu'il s'agit d'une décentralisation qui devra prévenir les risques de dérives. Le chef de l'Etat veut mettre des garde-fous à la décentralisation qui aura, selon lui, à s'accompagner d'instruments de contrôle efficients en veillant à ce qu'ils ne constituent pas des freins à l'initiative. «Cette décentralisation devra s'accompagner d'une implication civique large et responsable, donnant toute sa portée au contrôle populaire», a ajouté Bouteflika qui définit le rôle de l'Etat par le renforcement, à travers les programmes éducatifs mis en œuvre, de son action en vue de promouvoir et de développer la conscience citoyenne et la culture civique parmi la jeunesse. Veiller avec constance à la réalisation de 3 millions de postes d'emploi Rappelant l'efficacité des orientations de la politique financière prônée par le pays depuis 1999, qui ont permis en particulier le désendettement extérieur du pays et la constitution d'importantes réserves en devises, le chef de l'Etat a appelé à une vigilance soutenue quant aux évolutions de l'économie mondiale. Aussi, pour faire face à l'approche de la fin de l'ère du pétrole, Bouteflika a expliqué que l'Algérie est attachée à adapter le cadre de fonctionnement de l'économie aux nouvelles réalités, à étendre et à moderniser ses infrastructures économiques, à assainir ses institutions financières… «Les conditions sont désormais propices pour enclencher un vaste mouvement de diversification et de densification de notre tissu économique», a souligné Bouteflika. A cet effet, Bouteflika a indiqué que l'Etat relancera l'investissement dans les segments du secteur public rendus à la performance, œuvrera à éliminer les blocages résiduels qui peuvent freiner l'initiative privée, en encourageant fiscalement les activités à forte valeur ajoutée et celle faisant appel à l'innovation, en réorientant plus fortement nos banques vers le financement des activités de production. Reconnaissant que la dimension technologique est la base de la compétitivité internationale, le chef de l'Etat a expliqué que l'Etat poursuivra ses efforts notamment dans le domaine de l'enseignement supérieur et de la recherche scientifique. «Des actions seront développées pour décloisonner la recherche universitaire et l'ouvrir sur l'entreprise et les institutions sociales», a déclaré Bouteflika, en expliquant que l'action publique sera poursuivie dans le domaine de la formation professionnelle. Au sujet de l'insertion sociale des jeunes, le chef de l'Etat a déclaré qu'en dépit des résultats positifs enregistrés dans le domaine, il n'en reste pas moins que trop de jeunes ne trouvent pas encore d'emplois. «C'est en pleine conscience de cette situation que j'ai fixé, comme objectif central, la création de trois millions d'emplois dans les cinq prochaines années», a affirmé Bouteflika, en soulignant qu'il veillera avec constance à ce que tous les moyens de l'action publique soient pleinement tendus vers la réalisation de cet objectif. Intensifier la lutte contre les pratiques du favoritisme et les passe-droits Le président de la République a rappelé l'importance de poursuivre et d'intensifier la lutte contre les pratiques du favoritisme et les passe-droits, «sources de frustration et de découragement». Bouteflika a également appelé à lutte contre la corruption dont les effets contribuent à saper gravement le sens et le goût de l'effort. «L'action de modernisation de l'administration publique devra permettre une efficacité accrue de la fonction de contrôle à tous les échelons», a souligné Bouteflika, en indiquant que les organes de presse ont un rôle important à jouer dans cette lutte. La liberté de la presse pleinement respectée «La liberté de la presse, qui participe essentiellement de notre projet démocratique, sera pleinement respectée», s'est engagé le chef de l'Etat. L'Etat, selon lui, reste déterminé à agir pour faciliter davantage encore, et à tous égards, l'exercice et le développement de la profession. Les instances judiciaires devront, a expliqué Bouteflika, jouer pleinement la mission qui leur est dévolue. Aide accrue aux créateurs et aux artistes Considérant que la culture a une fonction capitale à jouer pour favoriser l'évolution de notre société, Bouteflika a précisé que cette mission se fera en contribuant davantage à valoriser le patrimoine culturel dans lequel plongent nos racines. «Elle le fera aussi en concourant à la préservation de notre identité propre, agressée par le mouvement de mondialisation et le développement universel des nouvelles technologies de l'information», a ajouté l'orateur. Le chef de l'Etat a affirmé que l'aide à la diffusion des productions intellectuelles et artistiques sera intensifiée et la production sera stimulée par un soutien accru aux créateurs et aux artistes. Soutien aux peuples en lutte pour leur libération Sur le plan international, Bouteflika a affirmé que l'Algérie continuera à agir pour la promotion d'un monde plus juste et plus solidaire, de militer pour la démocratisation des institutions internationales, de s'associer à la revendication de relations économiques plus équilibrées, qui favorisent réellement et pleinement le progrès économique, social et technologique dans les pays en développement. Le chef de l'Etat a réaffirmé par ailleurs les positions de l'Algérie dans le monde arabe, en Afrique et dans le tiers monde et notre appui à toutes les causes justes et notamment à celles des peuples en lutte pour leur libération comme le peuple sahraoui et le peuple palestinien.