Le lourd impact financier de la baisse des cours pétroliers sur les pays exportateurs de brut appelle à une démarche consensuelle élargie aux pays non-Opep qui contribuent pour presque 60% de la production mondiale de brut. Alors que l'incertitude est grande quant à l'évolution de l'offre et de la demande, l'Algérie a dépêché ses émissaires dans des pays producteurs, y compris les non membres de l'Opep, dans le but de se concerter et, partant, de dégager une approche consensuelle pour redresser les cours de pétrole qui ont chuté de près de 50% depuis juin dernier. Ainsi, le ministre de l'Energie, Youcef Yousfi, envoyé spécial du Président de la République, avait été reçu, mercredi à Bakou, par le Président d'Azerbaïdjan, Ilhem Aliyev, à qui il a remis un message du président Abdelaziz Bouteflika portant notamment sur la situation du marché pétrolier mondial. Le message du Président Bouteflika a porté sur "la nécessité d'une concertation" entre les pays producteurs membres de l'Opep et non Opep. Situé sur la rive ouest de la mer Caspienne, l'Azerbaïdjan est une importante puissance énergétique régionale à la faveur notamment de ses réserves pétrolières estimées à quelque sept (7) milliards de barils et une production de prés d'un million de barils par jour avec un brut qui représente 70% de ses exportations et 50% du budget de l'Etat. En parallèle, le ministre de la Justice, Tayeb Louh, a été reçu, jeudi, à Masqat (Oman), par Asaad Ben Tareq Ben Timour Al Said, représentant du souverain du sultanat d'Oman à qui il a remis un message du président de la République, Abdelaziz Bouteflika, au Sultan Qabous Ben Said. Cette démarche vient consacrer "le processus de concertation et de coordination entre les deux dirigeants autour des questions d'intérêt commun notamment les développements de la situation du marché pétrolier d'une extrême importance pour les pays exportateurs de pétrole, en vue de réaliser le développement durable et de renforcer la coopération pour instaurer des équilibres économiques qui profitent à tous les peuples". L'élargissement des consultations aux pays producteurs non-Opep concerne également les pays africains pour lesquels le Premier ministre, Abdelmalek Sellal, a été chargé par le Président Bouteflika d'ouvrir des discussions avec le Gabon, le Congo et la Guinée-équatoriale, et ce, outre les 2 membres de l'Opep, le Nigéria et l'Angola. Poids lourd de la scène pétrolière mondiale et au sein de l'Opep, l'Arabie saoudite a également été la destination de Tayeb Louh en tant qu'envoyé personnel, en remettant, mercredi, au prince héritier saoudien un message du président Bouteflika, adressé au roi Salman Ben Abdelaziz. Ce message a consacré les efforts de concertation et de coordination entre les deux dirigeants notamment en cette conjoncture internationale marquée par des changements politiques et économiques dont la situation des marchés mondiaux de pétrole. Une autre rencontre a regroupé l'envoyé personnel du président Bouteflika avec le ministre saoudien du Pétrole et des ressources minières, Ali Ben Ibrahim Nouaimi, au cours de laquelle a été évoquée la question de la chute des prix pétroliers. Faut-il aussi rappeler que la Russie, plus grand producteur non membre de l'Opep avec presque 10 millions de barils/jour, dispose d'importantes manœuvres d'ajustement du marché pétrolier mondial. Moscou, dont l'économie a été largement affectée par la dégringolade des cours, s'est montrée disponible à coopérer avec l'Opep dans le sens d'une réduction d'offre de brut sur les marchés internationaux. C'est qu'il y va des intérêts stratégiques de la Russie de contribuer dans le réajustement du marché pétrolier sachant que le niveau actuel des cours du brut devrait lui occasionner une perte de 100 milliards de dollars de recettes pétrolières en 2015, selon de récentes prévisions du ministère russe des Finances. Par ailleurs, le marché pétrolier reste largement excédentaire avec des offres importantes provenant du Canada (4 mbj) et de la Norvège (1,6 mbj), accentuant la tension sur les cours.