Premier champion olympique français depuis 1936, champion du monde des mi-mouches, le Franco-Algérien Brahim Asloum fait figure de légende vivante de la boxe en Hexagone. Dans cet entretien exclusif, ce fils d'émigrés algériens originaires de Bou Saâda exprime le vœu de boxer un jour dans son pays d'origine tout en nous parlant du combat promotionnel qu'il s'apprête à livrer le 27 avril au Cannet contre le Mexicain Umberto Full. Le Temps d'Algérie : Tout d'abord, à quand remonte votre dernier séjour en Algérie ? La dernière fois où j'ai visité l'Algérie ? Attendez que je réfléchisse un peu. Je pense que je m'y suis rendu il y a de cela six mois environ. Oui je crois que c'est ça. Brahim Asloum : Vous semblez très attaché à la terre de vos ancêtres, n'est-ce pas ? Bien sûr. L'Algérie, c'est quand même mon pays d'origine. C'est là-bas d'ailleurs où mes parents ont vécu. Moi, je ne nie jamais mes origines. Votre famille est originaire de Bou Saâda, c'est ça ? Effectivement, je suis de Bou Saâda. D'ailleurs, toute ma famille y est. C'est une ville agréable où les gens sont très chaleureux. J'ai remarqué lors de mon dernier passage que Bou Saâda a grandi. J'espère que cette ville devienne un jour une wilaya, comme le souhaite d'ailleurs toute sa population. On a parlé dernièrement de l'organisation d'un de vos combats en Algérie. Qu'en est-il au juste ? C'est un projet qui me tient à cœur car je rêve de boxer dans ma patrie d'origine. C'est la raison pour laquelle d'ailleurs je me suis rendu dernièrement en Algérie pour voir la faisabilité de la chose. Et ça sera pour quand ? Je ne saurais vous répondre dans la mesure où ce projet est au stade de l'étude. Vous savez, pour organiser un combat de boxe de cette envergure, il faut toute une logistique et de gros moyens. Cela dépend de beaucoup de choses, et moi, je dois voir comment on peut faire les choses. Enfin, j'espère que cela aboutira le plus tôt possible. Parlons un peu de votre carrière qui a été véritablement lancée lors des Jeux olympiques de Sydney 2000, lorsque vous êtes devenu le premier Français à avoir remporté une médaille d'or depuis les JO de Berlin en 1936. Qu'avez-vous ressenti ce jour-là ? Je ne suis pas près d'oublier ce moment magique qui m'a permis de me faire un nom dans le sport mondial. Quand j'y pense encore je ressens une grande fierté. Mais en passant comme professionnel vous avez dû attendre un certain soir du 8 décembre 2007 pour pouvoir conquérir le titre mondial, et ce, après plusieurs tentatives infructueuses... Là aussi j'ai ressenti une très grande fierté. Car je venais de récolter le fruit d'un long travail qui a duré sept longues années. Ceci dit, cette ceinture mondiale fait partie de mon palmarès. Il faut que je travaille encore plus pour obtenir d'autres titres. Cela passe évidemment par l'organisation d'une série de combats avec des sparring-partners costauds, histoire de garder la forme en vue de défendre mon titre à l'avenir. Justement, vous allez remonter sur le ring le 27 avril, soit dans une semaine. Comment se présente pour vous ce combat ? C'est un combat promotionnel qui va m'opposer à un Mexicain qui s'appelle Umberto Full. Il a déjà fait un championnat du monde. Il est de niveau mondial. Il est clair que ce combat se présente différemment. Ce n'est pas un championnat du monde. Comme cela fait longtemps que je n'ai pas boxé, il faut que les sensations sur le ring reviennent. C'est pour cette raison d'ailleurs qu'on a opté pour un combat international de dix rounds qui pour l'occasion sera diffusé en direct sur mon site officiel www.brahimasloum.com. Comme ça, mes fans en Algérie pourront le suivre à partir de leur ordinateur. Et si on parlait maintenant de la boxe algérienne, avez-vous une idée sur elle ? Je connais bien l'équipe nationale qui renferme de jeunes boxeurs talentueux. D'ailleurs, ça m'arrive très souvent de suivre leurs résultats. Je pense qu'il y a un gros potentiel en Algérie qu'il faut exploiter. Quel est le boxeur algérien qui vous a marqué ? Sans hésiter, je dirai le regretté Hocine Soltani qui est évidemment le premier boxeur algérien à avoir gagné la médaille d'or aux Jeux olympiques. C'était en 1996 à Atlanta. Vous souvenez-vous de son combat en finale ? Oui, je l'ai suivi à la télévision, j'étais très jeune à l'époque. J'étais content pour son sacre. C'est lui d'ailleurs qui m'a donné l'envie de faire comme lui. Et quatre ans plus tard, je l'ai fait. A 30 ans, quels sont vos projets pour la suite de votre carrière. Comptez-vous conquérir d'autres titres dans d'autres catégories ? Pourquoi pas ? Je pourrais le faire dans d'autres catégories. Mais je vise aussi à unifier les ceintures mondiales dans la catégorie des mi-mouche. Bon, je verrai par la suite pour mon plan de carrière. Un dernier mot pour vos fans en Algérie qui vous surnomment le Zizou de la boxe... Je leur fais un grand coucou. J'espère les voir un jour dans un combat en Algérie. je serais vraiment très fier de boxer devant eux, pour moi et pour mes parents et tout le peuple algérien. Et pour le mot de la fin, je dirai : «Tahya El Djazaier». Propos recueillis par Ouassel Mounir