Un ultime hommage a été rendu, jeudi au palais de la culture Moufdi-Zakaria, à la grande romancière Assia Djebar qui a été inhumée, hier, au cimetière de Cherchell. En effet, la romancière Assia Djebar, décédée vendredi 6 février, en France, à l'âge de 79 ans, a été inhumée, hier, au cimetière de Cherchell (Tipasa), en présence de ses proches, de personnalités littéraires et politiques et d'une foule nombreuse. La dépouille de l'icône algérienne est arrivée, jeudi soir, à l'aéroport Houari Boumediene, en provenance de Paris. Elle a été transportée au Palais de la culture (Alger) où un ultime hommage lui a été rendu, avant d'être acheminée à Cherchell, sa ville natale. Une veillée funèbre a été organisée à la bibliothèque communale de Cherchell en présence des membres de sa famille, ses proches et de personnalités du monde de la culture et de ses admirateurs. Auparavant, durant la journée de jeudi, des artistes, des hommes de culture et de la littérature et des admirateurs de la grande romancière ont tenu à lui rendre un dernier hommage. Drapée de l'emblème national, la dépouille de la défunte, arrivée plus tôt dans l'après-midi à l'aéroport d'Alger, a été accueillie sous les youyous et les applaudissements des présents dans une salle du Palais de la culture où elle a été exposée pendant plus d'une heure. Dans une ambiance empreinte d'émotion, les présents ont adressé leurs condoléances aux membres de sa famille et sa mère, centenaire Baya. La ministre de la Culture, Nadia Labidi, et la ministre de la Solidarité, de la Famille et de la Condition de la femme, Mounia Meslem Si Amer, ont également pris part à l'hommage aux côtés de quelques personnalités politiques, telles que Louisa Hanoune, présidente du Parti des travailleurs. Dans un discours lu en son nom par le poète et écrivain Brahim Seddiki, la ministre de la Culture a salué le legs de la défunte «à la culture nationale et universelle», elle qui était «profondément attachée à sa patrie». D'autres personnes présentes à la cérémonie ont préféré mettre l'accent sur l'influence de l'œuvre et du parcours de la défunte sur leur propre formation intellectuelle. La cinéaste Fatma Zohra Zaamoum a, de son côté, salué la «pionnière» qu'a été Assia Djebar dans le cinéma comme en littérature, tout en regrettant que l'œuvre de la romancière n'ait pas été exploitée suffisamment, ni «servi d'accélérateur» à l'amélioration de la condition des femmes. En plus d'être écrivaine, universitaire, poète et cinéaste, Assia Djebar était aussi connue pour son engagement dans la défense des libertés, notamment la cause féminine. Après la cérémonie de recueillement, les comédiennes Adila Bendimerad et Linda Benzid ont lu, dans une salle voisine, des extraits de l'œuvre de la romancière, disparue le 6 février dernier à Paris. Née le 30 juin 1936, Assia Djebar, Fatma Zohra Imalhayène de son vrai nom, est considérée comme un des auteurs les plus célèbres et les plus influents du Maghreb et du monde francophone. Egalement cinéaste et auteure de théâtre, elle laisse derrière elle une œuvre riche et variée pour laquelle elle a reçu pas moins d'une dizaine de distinctions littéraires et cinématographiques internationales. Mis à part son élection à l'Académie française en 2005, Assia Djebar a été décorée des médailles de l'Ordre des arts et des lettres et de la Légion d'honneur de la République française. Il faut noter qu'un hommage appuyé lui est rendu, depuis l'annonce de son décès, il y a une semaine. Son parcours d'écrivain, de cinéaste et d'historienne, doublé d'un engagement jamais démenti en faveur de l'émancipation de la femme était évoqué dans les titres de la presse internationale qui ont évoqué en particulier son statut de «grande personnalité» du Maghreb, souvent distinguée pour ses œuvres. Plusieurs personnalités du monde des arts et des lettres ont qualifié sa disparition de «grande perte pour la littérature universelle», saluant les qualités humaines et intellectuelles d'«une femme élégante, une grande personnalité à l'œuvre abondante et entièrement à l'écoute des siens».
Le président Bouteflika a salué sa mémoire Le président de la République, Abdelaziz Bouteflika, a salué la mémoire de celle qui avait, écrit-il, «effleuré, avec sa plume, le summum de l'art et de la littérature auxquels elle a rendu gracieusement leurs lettres de noblesse». Pour le chef de l'Etat, Assia Djebar «a reflété avec grâce et éloquence l'image de son pays, l'Algérie, confirmant ses talents d'artiste tout au long d'un parcours caractérisé par un effort de réflexion créatrice dont les contours ont été tracés par une plume des plus fines». Dans un communiqué, la Présidence française a elle aussi rendu un vibrant hommage à «la femme de conviction aux identités multiples et fertiles...», qui avait été décorée de l'Ordre des arts et des lettres et de la Légion d'honneur de la République française. Le président de la République arabe sahraouie démocratique (Rasd), Mohamed Abdelaziz, n'était pas en reste et a salué, en plus du talent de la regrettée Assia Djebar, «la solidarité chaleureuse» et «l'appui constant» de la défunte à la cause du peuple sahraoui. Première personnalité du Maghreb à avoir été élue à l'Académie française en 2005, Assia Djebar avait d'abord été la première Algérienne, première musulmane et première africaine à entrer à l'Ecole normale supérieure en 1955, en plus d'avoir été une pionnière de la littérature féminine avec la parution en 1957 de son premier roman «La soif».