En ce 29e printemps berbère, marqué cette année par des festivités en tous genres mais aussi par l'heure des bilans, les militants de la cause ont, chacun à sa manière, évalué la longue marche de ce qui a été une lutte permanente pour arracher le droit à l'existence de tamazight. Depuis 1980, l'histoire a enregistré pour les uns toutes les péripéties, notamment le travil inlassable sur le terrain, et donné aux autres des raisons de penser que la lutte a finalement porté. En ce 20 avril 2009, la halte observée a permis de voir le chemin parcouru, les acquis engrangés et ce qui reste à faire. Si durant 26 ans, le 20 avril était synonyme de gaz lacrymogènes, de mobilisation de foules pour des marches et autres activisme moulé dans les festivités de cet anniversaire cher à plusieurs générations, ces trois dernières années ont vu l'émergence d'un autre type de militantisme et de commémorations: la revendication berbère a parcouru un long chemein, depuis les "évenements" de Tizi-Ouzou. L'avénement de la pluralité politique dans le pays a permis à la cause de s'afficher dans les débats de l'heure et, le déroulement de l'Histoire aidant, à se permettre des avancées inimaginables il y seulement 20 ans. La création du MCB, unique porteur de la revendication à ses débuts, a permis une identification des "meneurs" et une clarification des termes combat. A près son implosion pour des questions de rivalité politique entre les acteurs influents, à l'époque, dans la région les germes de la division avait commencé à pousser, entrainant dans son sillage un début de désaffection qui allait s'avérer paralysant. Début 1990, le combat identitaire est complètement noyé dans l'activisme politique, ce qui a permis de constater un net recul dans le niveau de "militantisme" de ceux qui, au départ, y avait consacré leur vie pour faire aboutir ce qui était, à leurs yeux, un combat. La grève du cartable de 1994, pour revendiquer Tamazight à l'école, avait enregistré les premières fissures dans l'édifice revendicatif. La vente concommitante de Tamazight allait prendre de l'ampleur. Et les dégâts seront considérables. "Démocratie", "droits de l'homme", paix" et autres slogans politiques lesteront davantage la revendication identitaire et l'introduiront dans les dédales des conflits politiques qui avaient animé le pays déjà en proie à la violence terroriste. A la création du HCA (Haut Commissariat à l'Amazighité, fin 1995), le seul slogan sur lequel portaient les luttes venaient, disait-on à l'époque, d'être concrétisé: "Tamazight di lakul" devanait une réalité, vite abandonnée aux calculs de ses ennemis mais aussi aux mésententes de ses parrains. Cette institution, dépendant de la présidence de la République, présidée à sa création par le défunt Idior Ait Amrane ( qui n'a jamais été remplacé à ce jour) avait du pain sur la palnche. Son bilan n'a, jusqu'à aujourd'hui, pas été fait, y compris par ses détracteurs: seules l'administration qui gère les affaires courantes assaye, tant bien que mal, de mener à bon port les objectifs pour lesquels cette institution a été créée, dont la l'enseignement de Tamazight, son entrée dans le domaine de la presse, notamment l'audio-visuel, et enfin la prise en charge de l'édition, un domaine très sensible sans l'apport des pouvoirs publics. En 2009, la première chaine de télévision commençait à émettre, avec ses lacunes, des écrivains publiaient leurs livres, vendus en librairie. Même si le bilan de l'enseignement de Tamazight reste en deça de ce qui pouvait être fait, la réalité est que l'inscription de la langue Tamazight comme langue nationale dans le préambule de la Constitution est un acquis à renforcer. C'est tout le sens de la commémoration de l'anniversaire du printemps berbère: y a--il eu avancée, en 29 ans de luttes? Les uns, qui ont activé depuis des lustres pour cette revendication, diront que le peu qu'il y a est déjà une avancée. Les autres, plus enclins à poser le problème en terme de foules mobilisées lors des marches, y verront un "blocage", voire la continuité de sa "négation". Le constat de ces 29 années de combat est là: la longue marche de la revendication amazighe a apporté un plus. Il n'y a plus d'arrestation pour les porteurs de documents écrits en tifinagh, comme c'était le cas dans les années 70, le berbère est dans les médias et les textes constitutifs de l'Etat. Il ne restera qu'une marche à faire: celle de voir le combat de nombreuses générations aboutir. Ce sera la dernière ligne droite d'une longue marche, commencée il y a près d'un demi-siècle.