Pendant que le ministère du Commerce nous sert ses chiffres sur le nombre de marchés informels fermés, des… documents d'état civil se vendent dans les kiosques ou sur les trottoirs. A Ténès, une ville de la côte ouest qui a eu ses heures de gloire en faisant parler d'elle pour des choses bien plus agréables. Selon le collègue local, les citoyens de cette ville sont franchement indignés du fait qu'en s'adressant aux guichets d'état civil pour se faire délivrer certains documents administratifs, ils s'entendent dire que les formulaires en question ne sont pas disponibles. Mais les agents d'état civil ne s'arrêtent pas là. Il paraît que c'est avec enthousiasme qu'ils affichent toute leur disponibilité à «aider» leurs concitoyens en les orientant vers les endroits où ils peuvent acquérir les (précieux) formulaires avant de revenir vers eux pour les… formalités d'usage ! Cela se passe au moment où on veut nous convaincre que la guerre est déclarée au… commerce informel mais ceci n'était qu'un gai parallèle. Le ministère du Commerce n'est pas vraiment responsable de ce qui se passe dans les services d'état civil de Ténès et d'ailleurs dans le pays, même si le ministère de l'Intérieur, lui, s'occupe un peu du commerce, un autre parallèle qui n'a rien à voir mais dont il faut parler quand même, histoire de rappeler que les deux pratiques font partie du même «système». Et de nous rappeler que le fait n'est ni nouveau ni propre à Ténès ou une autre localité du pays. Dans un pays où la rapine est normalisée, il est normal qu'on fasse feu de tous bois. On est surpris parce qu'on croyait que c'était terminé, c'est tout. Ne se désillusionnent que ceux qui se s'en font des… illusions et nous sommes trop enclins à jubiler pour des effets d'annonce pour ne pas nous retrouver face à une réalité encore plus douloureuse quand elle revient. Est-elle partie un jour pour pouvoir revenir ? Il fallait bien y croire, puisque (des) choses ont quand même changé en l'occurrence. Personne n'avait imaginé qu'un jour il se ferait délivrer un «certificat de nationalité» en quelques minutes. Mais ils ne doivent pas être nombreux à se demander pourquoi faire un certificat de nationalité quand vous avez un passeport et une carte nationale d'identité… algériens. Personne n'avait imaginé qu'il pouvait se faire délivrer un jour un extrait de naissance numéro 12 dans sa mairie de résidence et non dans sa mairie de naissance. Mais personne ne s'est demandé pourquoi nous sommes le seul pays au monde à avoir des extraits de naissance à numéros ! Tout le monde est content parce que le «12 S» n'est plus problématique comme à ses débuts mais tout le monde a oublié que ce document ne sert à rien, qu'il ne fallait pas l'inventer et que la meilleure façon de faciliter sa délivrance est de le… supprimer ! Au fait, les formulaires pour documents d'état civil se vendent «dehors» parce qu'il n'y en a pas aux guichets ou il n'y en a pas aux guichets pour qu'ils se vendent dehors ? Il est des questions qu'on ne pose que parce qu'on a déjà les réponses. Dans quelques jours, on jubilera encore parce que les formulaires d'actes de décès sont «disponibles». Sans nous poser la question de savoir pourquoi ils ne l'ont pas toujours été. Et ça recommence.