Trois voitures piégées ont explosé vendredi dans l'est de la Libye faisant plus de 30 morts et des dizaines de blessés, dans une nouvelle journée sanglante revendiquée par l'Organisation autoproclamée Etat islamique (Daech/EI). L'organisation Daech/EI a trouvé en Libye un terrain propice profitant du chaos dans lequel est plongé le pays depuis la chute de Mouammar El-Gueddafi, en multipliant les exactions dont la décapitation récente de 21 Egyptiens et l'attaque meurtrière menée vendredi contre un hôtel de la capitale libyenne. La branche libyenne de l'EI a rapidement revendiqué l'attaque dans un communiqué. Le groupe affirme que les kamikazes ont "tué et blessé des dizaines" de personnes pour "venger le sang de nos musulmans à Derna", visé cette semaine par des raids aériens libyens et égyptiens. Le Caire a mené ces frappes en représailles à la décapitation des 21 Egyptiens. L'Algérie prône la "solution politique" Suite à la dégradation intensive de la situation en Libye, l'Algérie a fait part de sa "préoccupation majeure", "à la fois pour la restauration rapide de la stabilité du pays, mais également pour la paix et la sécurité régionale et internationale". Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a réaffirmé jeudi à Alger, qu'une intervention militaire en Libye et la fourniture d'armes aux parties en conflit ne sont pas favorables à la solution consensuelle escomptée. "Nous ne croyons pas à la solution militaire, nous ne croyons pas que le fait de nourrir l'escalade par la fourniture d'armement ou par des mesures de ce genre serait de nature à favoriser le nécessaire apaisement des cœurs et des esprits afin d'aller vers la solution consensuelle que nous appelons de tout le temps". "Notre position est tout à fait la même et elle est très claire, nous sommes pour la solution politique, pour le dialogue inclusif, pour des institutions démocratiques et représentatives dans le cadre de l'unité nationale, de l'intégrité territoriale, de la souveraineté de la Libye", a-t-il précisé. La Tunisie pays frontalier de la Libye s'est opposé également à la décision du Caire de demander au Conseil de sécurité de l'ONU une résolution pour l'intervention militaire d'une coalition internationale. "Nous sommes toujours opposés à une intervention militaire, la seule solution est une solution politique", a déclaré le Premier ministre tunisien, Habib Essid. Alors que la situation était déjà très confuse dans ce pays riche en pétrole, morcelé et dont des zones entières sont sous la coupe de milices, elle devient de plus en plus inquiétante avec la progression de l'EI, qui préoccupe l'ensemble de la communauté internationale. La communauté internationale prudente Malgré les appels à une intervention militaire internationale en Libye, principalement égyptiens, et l'appel de la Libye à la levée d'embargo sur les armes imposé pour mieux lutter contre les terroristes, l'ONU les a reçus avec prudence. L'Italie, distante d'à peine quelques centaines de kilomètres, a ainsi affirmé craindre que des éléments de l'EI ne se cachent parmi les milliers de migrants clandestins qui affluent sur ses côtes. Rome et Le Caire avaient demandé une intervention militaire pour mettre fin à la présence terroriste en Libye. Mais alors qu'une coalition internationale menée par les Etats-Unis mène des frappes aériennes contre Daech en Syrie et en Irak, l'immense majorité des pays occidentaux ont en revanche affiché leurs réticences à intervenir en Libye, affirmant privilégier une solution politique. Le secrétaire d'Etat britannique aux Affaires étrangères et du Commonwealth, Philip Hammond, a clairement plaidé jeudi pour une "solution politique". "Nous ne pensons pas qu'une intervention militaire soit la solution pour régler la crise en Libye. Le but de tous les efforts déployés, est de permettre à la Libye d'installer un gouvernement d'unité nationale qui sera effectif dans sa lutte antiterroriste et empêchera le groupe terroriste (Daech) de s'implanter sur le territoire libyen", a indiqué M. Hammond.