Le ministre des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra, a appelé hier à Alger pour l'évaluation des forces militaires de l'organisation terroriste dite «Etat islamique» (EI/Daech) en Libye. L'Algérie, inquiète de la situation actuelle dans ce pays voisin, plaide pour l'estimation du danger constitué par cette organisation terroriste sur la Libye et sur les pays du voisinage, a relevé le ministre, évoquant des pourparlers avec les pays concernés sur cette question. Dans une conférence de presse, animée conjointement avec son homologue néerlandais, Bert Koenders, à l'occasion de la signature d'un mémorandum d'entente sur les consultations politiques entre les ministères des Affaires étrangères de l'Algérie et des Pays-Bas, Lamamra a indiqué que des pourparlers sont engagés avec des pays voisins pour pouvoir réunir les forces nécessaires et empêcher ce mouvement d'aller au-delà des frontières libyennes. Tout en niant l'existence de négociations secrètes entre les pays concernant la Libye, il a appelé, dans ce sens, à renforcer ce pays par tous les moyens légaux et possibles en vue de reconstruire l'armée libyenne pour lutter contre le terrorisme. Questionné à propos de l'obtention de Daech d'armes interdites comme le gaz sarin, il a indiqué qu'il faudra confirmer cette information par les autorités sécuritaires spécialisées. Il a nié, par ailleurs, l'existence de négociations secrètes entre les pays du voisinage concernant le conflit en Libye. «Nous continuons à travailler avec l'Egypte et avec d'autres parties pour transcender cette conjoncture difficile et faire de sorte que tous les Libyens, à l'exception des terroristes, puissent ensemble avancer vers la réconciliation nationale par le dialogue et vers cette sortie de crise à laquelle toute la communauté appelle», a-t-il souligné. Lamamra a affirmé aussi que le bombardement de l'aviation égyptienne d'un site de Daech en Libye n'est pas de nature à changer fondamentalement l'engagement des pays de la région pour un dialogue inclusif en Libye. Il a fait savoir que «les gouvernements ont l'obligation d'assurer la dignité et la sécurité de leurs ressortissants à l'étranger. Il y a une vaste gamme de moyens d'assurer cela et certains sont plus exceptionnels que d'autres». Et de préciser : «Le gouvernement égyptien à recouru à ce que vous connaissez (le bombardement aérien) et il n'appartient pas à l'Algérie d'en débattre ou de le commenter.» Pour sa part, Koenders a indiqué que les Pays-Bas œuvrent à approfondir les relations avec l'Algérie. Les Pays-Bas, qui sont très attachés à leurs relations avec son partenaire «important» l'Algérie, veulent approfondir leur coopération bilatérale et l'élargir à tous les secteurs et les domaines d'activité comme l'agriculture, l'industrie, les infrastructures et le tourisme. Le mémorandum d'entente sur les consultations politiques, signé entre les deux pays, permettra ainsi d'«intensifier» les relations bilatérales, suggérant à ce propos des échanges «plus fréquents» entre les deux pays. «Il est important d'intensifier le dialogue sur le terrain, les relations commerciales, l'investissement et d'autres créneaux d'échange et de coopération», a-t-il dit, mettant en avant la volonté de son pays de travailler ensemble pour l'adhésion de l'Algérie à l'Organisation mondiale du commerce (OMC). Koenders a également mis l'accent sur la nécessité de renforcer les liens entre l'Union européenne, les Pays-Bas et l'Algérie afin d'amorcer un partenariat équilibré. Dans ce sillage, il a relevé la nécessité de coordonner les efforts entre les deux pays dans le domaine de la sécurité et la lutte antiterroriste, précisant qu'il s'agit de défis à relever partout, en Europe, en Algérie et dans d'autres pays. Lamamra a appelé, en revanche, les pays européens à éviter les germes de l'islamophobie «qui constitue un terreau propice au développement du terrorisme». «Nous souhaitons que nos amis européens, qui prennent le temps et les mesures légitimes pour la préservation de leur sécurité et ordre public, soient conscients de la nécessité de travailler, avec nous, à éviter les germes de l'islamophobie qui est un phénomène malvenu et a vocation d'alimenter les rancœurs et les frustrations et à créer un terreau propice au développement du terrorisme», a expliqué Lamamra.