L'ancien ministre français de l'Economie et du Redressement productif, Arnaud Montebourg a invité jeudi à partir d'Alger les jeunes entrepreneurs créatifs et les petites entreprises de son pays à créer des partenariats gagnant-gagnant avec des entreprises algériennes. «L'Algérie est un pays qui bouge et qui veut se libérer des hydrocarbures», a-t-il souligné lors d'une conférence sur le partenariat industriel algéro-français entre l'Algérie et la France, organisée par le Forum des chefs d'entreprise (FCE). Devant à un parterre de chefs d'entreprise, M. Montebourg a réaffirmé la volonté de son pays de dynamiser l'entrepreneuriat algéro-français notamment dans le domaine de l'industrie et à travers la co-localisation et l'encouragement d'un partenariat équilibré pour les pays des deux rives de la Méditerranée. L'alliance préconisée est d'«égal à égal» entre l'Algérie et la France qui demeure l'un de ses principaux fournisseurs. Il a exhorté, à cet effet, les PME de son pays à investir en Algérie afin de sortir de la logique des «grands appels d'offres». Le militant de l'alliance franco-algérienne a exhorté également les entreprises françaises à lever les obstacles qui bloquent les échanges commerciaux entre les deux pays. Pour ce défenseur du concept de la co-localisation, le développement du partenariat doit dépasser le cadre intergouvernemental pour s'élargir à l'initiative privée. La co-localisation consisterait, selon lui, à tirer profit des avantages comparatifs dans les deux pays pour produire des biens en commun et conquérir par la même des marchés communs comme l'Afrique. Tout en reconnaissant que certaines PME françaises ne sont plus compétitives, il a recommandé aux opérateurs algériens de les acquérir afin de conquérir ensemble le marché africain. M. Montebourg cite, à titre d'exemple, l'usine Renault à Oran, qui projette d'exporter vers l'Afrique les voitures produites en Algérie. Cet investissement a été bénéfique aux deux pays, car il a permis de créer des emplois ici et sauver d'autres en France. La France et l'Algérie, deux piliers L'invité du FCE a estimé, par contre, qu'«il est temps de tourner la page du colonialisme». Qualifiant la France et l'Algérie de deux piliers considérables, il a considéré que les problèmes soulevés par les deux parties peuvent être réglés d'égal à égal. Il citera, dans ce sens, la règle 49/51 régissant l'investissement étranger qui doit être bien expliquée aux opérateurs français car «elle n'entrave pas la création des alliances entre les entreprises des deux pays». Refusant de critiquer cette règle en raison de son «respect pour la législation algérienne», il a toutefois préconisé de communiquer et d'expliquer aux entreprises françaises dans le but de «trouver l'équilibre pour la co-localisation». De son côté, le vice-président du FCE, Brahim Benabdeslem, a considéré que «la règle 49/51 est une décision souveraine de l'Etat» que le FCE ne conteste pas. «L'Algérie protège les investisseurs étrangers», mais, a-t-il ajouté, «il faut évaluer cette règle» pour apporter des arrangements concernant les PME. «Le cadre juridique doit être stable», a-t-il estimé, plaidant aussi pour un partenariat entre les entreprises de taille moyenne. Pour leur part, plusieurs chefs d'entreprise membres du FCE qui ont participé à la rencontre ont, en revanche, mis en avant la «frilosité» des PME françaises qui craignent de créer des partenariats en Algérie. Ces entreprises, relève un opérateur, «préfèrent venir à ce jour en Algérie comme fournisseurs». La bonne volonté affichée par les patrons français reste sans suite, a-t-il poursuivi, préconisant de les mettre en confiance et de les rassurer.