Mineurs abusés sexuellement, détresse sexuelle, perversion, délitement social, misère économique, des maux dont les conséquences se comptent à la mesure des crimes et des délits noircissant des pages de statistiques aussi préoccupantes qu'effrayantes enregistrées par la Gendarmerie nationale. De toutes les victimes des innombrables actes criminels commis à Sidi Bel Abbès, les mineurs passent en tête des chroniques comme un troupeau d'agneaux facile à mener à l'abattoir. Les atteintes sexuelles touchent un nombre effrayant d'enfants bélabéssiens ces dernières années. Pas moins de 37 mineurs ont été victimes d'atteintes et d'agressions sexuelles durant l'année 2008, comme souligné dans une étude établie par la Gendarmerie nationale de Sidi Bel Abbès. Si ce chiffre a connu une légère baisse par rapport à l'année 2007, qui avait recensé 28 cas, il reste que ce type de criminalité a largement et de loin franchi le seuil de l'intolérable. Il s'agit tout de même de 65 affaires traitées durant l'année 2007, liées aux atteintes sexuelles contre les mineurs qui ont mené à l'arrestation de 34 individus. Parmi les types d'agressions commises, la même étude fait état de 25 cas d'atteinte à la pudeur, 37 cas de viol et 25 d'incitation à la débauche. La gendarmerie dénombre aussi 2 cas d'inceste, 1 acte contre nature et 1 enlèvement suivi de viol. Pour les trois premiers mois de l'année 2009, l'étude relève la même tendance criminogène contre les mineurs avec 14 agressions sexuelles. L'attentat à la pudeur arrive toujours en tête, avec 7 mineurs victimes sur 14 cas enregistrés. Le viol arrive en seconde position avec 7 mineurs violés. 1 mineur a été victime d'inceste et 4 ont été victimes d'incitation à la débauche. Pour les cas d'enlèvements suivis de viol, la gendarmerie enregistre 2 cas dont 1 contre mineur. Victimes souvent, les mineurs sont aussi susceptibles de jouer le rôle de bourreaux. C'est ainsi que sur 37 agresseurs appréhendés durant l'année 2008, 20 ont moins de 18 ans. En termes de répartition des crimes par wilaya, l'étude de la Gendarmerie nationale donne Sidi Bel Abbès parmi les têtes de liste. "L'indice des violences contre les enfants a atteint un très haut niveau à Sidi Bel Abbès, même si les chiffres que la gendarmerie dévoile chaque année sont en- deçà de la réalité, notamment lorsqu'il s'agit d'atteintes sexuelles qui sont souvent passées sous silence si les victimes ne vont pas les dénoncer", selon l'étude présentée par le lieutenant Bouadda Fatima. Cette dernière précise dans son exposé que les crimes contre les enfants ont toujours existé, mais que le poids du tabou les a laissés dans les tiroirs de la mémoire de la société algérienne, ce qui en soi est loin d'être un moyen sain de s'en défaire. Quand l'intégrité physique et morale de l'enfant est atteinte, nulle place à la culpabilisation de cet être fragile qui n'est pas en mesure de comprendre ce qui lui arrive, eu égard à son jeune âge et à son développement psycho-sexuel. Il vit une période traumatisante qui nécessite un suivi psychologique adapté.