Même si elles restent relatives, les statistiques sur l'enfance en difficulté sont alarmantes. Ainsi, les services de police ont affirmé qu'en 2004 ils ont pris en charge 3319 enfants en danger moral, parmi lesquels 2306 ont été remis à leurs parents. Durant la même période, ils ont enregistré 1386 mineurs victimes de violences sexuelles, 412 de maltraitance, 133 d'enlèvement, 2603 de coups et blessures volontaires, 20 d'assassinats après abus sexuel et 53 d'inceste. En tout, 4554 mineurs ont été victimes de violences en 2004. Pour 2003, les éléments de la gendarmerie nationale ont recensé 2500 mineurs victimes de violences, alors qu'en 1998 ils ont enregistré 1884 cas de violences à l'égard des enfants notamment. Ce chiffre est passé à 2117 en 1999, puis 2149 en 2000, 2238 en 2001, 2388 en 2002, avant d'atteindre les 2500 en 2003. Entre 1998 et 2003, les mineurs victimes ont atteint le nombre de 15 160 cas, soit 45 % des victimes en général. Les délits les plus constatés sont les attentats à la pudeur avec 26 % des cas et les coups et blessures volontaires avec 24 % des cas entre 1998 et 2003. En 2004, la gendarmerie nationale a traité 614 affaires liées à des violences sexuelles sur mineurs et 61 autres durant les cinq premiers mois de 2005. Pour sa part, le ministère de la Solidarité a affirmé que son département est actuellement en charge de 28 214 enfants et adolescents en difficulté, répartis sur 232 centres à travers le pays dont 40 sont destinés à la prise en charge de 2274 mineurs délinquants âgés entre 8 et 13 ans et placés par les juges des mineurs. Selon la même source, il existe trois sortes de structures : Centres spécialisés dans la protection (CSP) au nombre de 8 et qui accueillent 318 mineurs dont l'âge est compris entre 8 et 13 ans ; Centres spécialisés dans la rééducation (CSR), au nombre de 28 avec 1739 pensionnaires mineurs âgés entre 14 et 18 an ; Centres sociaux de protection de la jeunesse (CSPJ) au nombre de 4 où sont pris en charge 217 mineurs. Le ministère de la Solidarité a révélé qu'il existe quatre foyers, situés à Oum El Bouaghi, Bouira, Mohammadia et à Relizane, destinés à la prise en charge de 132 enfants orphelins (des deux parents) victimes du terrorisme, dont 78 garçons et 54 filles. Ces derniers sont privés totalement de leur famille et suivent, depuis leur placement dans ces foyers, une thérapie psychologique du fait du traumatisme dont ils souffrent. Les enfants en danger moral dont le nombre a atteint 868 (580 garçons et 288 filles) sont pris en charge dans 23 centres. Ces pensionnaires sont, en général, des mineures victimes de violences, de sévices sexuels, vivant dans la rue, ou tout simplement auteurs de petits délits dont la mise en relation avec leurs proches ou famille pourraient mettre en péril leur vie. Ils sont donc placés sous la protection de l'Etat en attendant de leur trouver une solution. Douze autres centres accueillent actuellement, a-t-on ajouté auprès du ministère de la Solidarité, 604 délinquants placés dans ces lieux par le juge des mineurs. Par ailleurs, ils sont 3629 mineurs à être suivis par les éducateurs des 48 centres d'observation et d'éducation en milieu ouvert SOEMO. Ce sont des jeunes placés par les juges des mineurs dans ce genre de structures pour participer aux activités de rééducation sans qu'ils soient coupés de l'extérieur. Une équipe pluridisciplinaire composée d'éducateurs et de psychologues suit ces jeunes mineurs jusqu'à ce que la période d'adaptation décidée par le juge soit terminée. Si ces mineurs se sont retrouvés placés dans les centres de l'Etat à la suite de délits commis ou de menace sur leur vie, de nombreux autres enfants se sont retrouvés privés de leur famille du fait de leur handicap physique ou mental. Ainsi, 3296 enfants sourds sont actuellement pris en charge dans les 33 centres spécialisés que compte le pays. Les enfants aveugles sont au nombre de 1491 répartis sur 19 centres à travers le pays. Plus nombreux, les handicapés mentaux se retrouvent souvent coupés totalement de leur famille qui les abandonne dès leur placement dans les 75 centres qui existent actuellement. Leur nombre a atteint 5675 enfants. Contrairement à cette catégorie de pensionnaires, les handicapés physiques, au nombre de 196, sont souvent assistés par le mouvement associatif, très actif dans le domaine de la solidarité. Ils sont répartis sur 6 centres, alors que les handicapés moteurs, avec 208 enfants, sont pris en charge dans 3 centres d'accueil. Pour ce qui est de la délinquance juvénile, les chiffres parlent d'eux-mêmes et montrent une situation inquiétante qui a tendance à prendre de l'ampleur chaque année. Selon les chiffres de la police, le nombre des enfants délinquants arrêtés connaît chaque année une hausse substantielle. Ainsi, ce nombre est passé de 10 856 mineurs arrêtés en 2003 à 10 965 en 2004. La tranche d'âge la plus touchée par le phénomène est celle comprise entre 13 et 16 ans, l'âge où ils sont censés être à l'école. Parmi eux, 1251 enfants ont été mis sous mandat de dépôt, 7671 placés en liberté provisoire alors que 733 ont fait l'objet de placement dans des centres de rééducation. Les arrestations pour vol ont touché 5898 mineurs, les coups et blessures volontaires 2179 mineurs, les atteintes aux biens d'autrui 254 jeunes, les atteintes aux mœurs 384 mineurs et la consommation de produits nocifs pour la santé 254 jeunes. La gendarmerie nationale a constaté de son côté une augmentation de 17 % dans le nombre des mineurs arrêtés durant les 6 dernières années, soit 33 531 mineurs auteurs de délits ou victimes par rapport au nombre global des personnes arrêtées. Entre 1998 et 2003, les mêmes services ont affirmé qu'entre 1998 et 2003 ils ont enregistré 18 391 mineurs auteurs de délits, soit 55 % des personnes arrêtées. Ils étaient 2088 en 1998, 2707 en 1999, 2746 en 2000, 2645 en 2001, 3041 en 2002 et 3076 en 2003. Tous les services de sécurité s'accordent à affirmer que les violences sexuelles, l'inceste et la pédophilie ou encore la consommation de la drogue sont des fléaux qui prennent de l'ampleur. Les statistiques officielles montrent que la situation appelle à des mesures urgentes dans la mesure où elle commence à s'accompagner de délits contre les ascendants, dont le nombre atteint plus de 1100 crimes enregistrés entre 2002 et 2003.