La Tunisie est devenue une cible privilégiée pour le terrorisme, comme le prouve l'attentat perpétré au musée du Bardo à Tunis, qui a fait 21 morts, dont 19 touristes, et des dizaines de blessés. Cette situation peut être la conséquence de sa proximité avec la Libye, pays plongé dans le chaos. C'est dans ce pays que l'organisation terroriste autoproclamée Etat Islamique (EI/ Daech) a installé sa base en Afrique du Nord, exploitant l'instabilité que traverse la Libye depuis quelques années. C'est la même organisation terroriste qui a revendiqué l'attentat perpétré au musée du Bardo à Tunis, et menacé ce pays d'autres attentats. Les deux auteurs de cette attaque seraient identifiés comme étant Yassine Abidi et Hatem Khachnaoui, des Tunisiens qui, selon le secrétaire tunisien aux Affaires sécuritaires, Rafik Chelly, se seraient entraînés dans l'un des camps d'entraînement de Daech en Libye. «Nous n'avons pas les détails, mais il y a des camps d'entraînement pour les Tunisiens à Sabratha, Benghazi et Derna», a annoncé Rafik Chelly. La menace terroriste contre la Tunisie a également été favorisée par le fait que des milliers de djihadistes tunisiens sont partis en Syrie pour renforcer les effectifs de Daech. Il y aurait, d'après des statistiques, entre 2000 et 3000 djihadistes tunisiens dans les rangs de l'Etat Islamique. Le rush de djihadistes tunisiens vers Daech en Syrie a été directement ou indirectement encouragé par la politique prônée par Moncef El Merzouki à l'égard de la Syrie. L'ex-président par intérim de la République de Tunisie a, dès son installation à ce poste, procédé à la fermeture de l'ambassade de Syrie, pays en guerre contre Daech et autres organisations terroristes, dont Al Qaida et Djabhat El Nosra (Front El Nosra), rappelle-t-on. 500 de ces djihadistes ayant combattu en Irak et en Syrie dans les rangs de Daech sont revenus en Tunisie, suscitant des craintes parmi les Tunisiens. La Tunisie ne disposant pas de loi antiterroriste, ces djihadistes ne pouvaient être interpellés et étaient libres de tout mouvement. La police tunisienne considère ces djihadistes de retour dans leur pays comme la «principale menace à la sécurité nationale». La Tunisie avait reporté, à la veille des récentes élections législatives, le débat sur cette loi qui n'est toujours pas promulguée. Plusieurs attentats terroristes ont déjà ciblé la Tunisie il y a quelques mois, faisant des dizaines de morts parmi les militants, dont Chokri Belaid et Mohamed Brahmi, et des éléments de l'armée et des forces de sécurité tunisiennes. Plusieurs autres attentats ont été déjoués en Tunisie récemment, ont annoncé des responsables tunisiens. Cependant, l'attentat du musée du Bardo est le plus meurtrier en Tunisie depuis quelques années. L'organisation terroriste Daech qui a profité d'aides militaires, financières et politiques de la part de certains pays occidentaux et certains pays du Moyen-Orient, principalement la Turquie et l'Arabie saoudite, semble considérer la Tunisie comme une cible privilégiée.