Alors qu'elle est sommée par l'Union Africaine (UA) de parapher l'Accord de paix au Mali, une délégation de la Coordination des Mouvements de l'Azawad (CMA) a dépêché une délégation à Alger, afin de lever les derniers obstacles et signer cet Accord. Dans un communiqué, la CMA a indiqué qu'afin de lever les derniers obstacles au paraphe et à la signature finale du projet d'accord issu du processus d'Alger, la Coordination des Mouvements de l'Azawad a demandé «a être reçue par l'Algérie, chef de file de la médiation». C'est dans ce but qu'une délégation de la CMA conduite par Bilal Ag Acherif s'est rendue avant-hier à Alger. Les échanges porteront selon la même source sur «les points d'amendements communiqués par la CMA à l'équipe de méditation élargie lors de son déplacement à Kidal, le 17 mars dernier». De son côté, la haute instance africaine a appelé la CMA à parapher et à signer «sans autre retard» l'accord de paix et de la réconciliation d'Alger du 1er mars. «Je lance un appel pressant à la CMA pour qu'elle agisse dans l'intérêt supérieur des populations qu'elle affirme représenter, ainsi que du Mali, en paraphant et en signant sans autre retard l'Accord d'Alger», a indiqué la présidente de la Commission de l'UA, Zuma Nkosazana-Dlamini, dans un rapport, sanctionnant les travaux de la 496e union du conseil de paix et de sécurité de l'UA tenue récemment à Addis Abeba. Sa signature et sa mise en œuvre diligente et effective permettront de régler durablement la crise que connaît le nord du Mali, de stabiliser cette région et d'en accélérer le développement socioéconomique, en même temps qu'elles faciliteront une lutte plus résolue contre le fléau du terrorisme et de la criminalité transnationale organisée au Mali et dans la région du Sahel. Selon Zuma l'Accord d'Alger «constitue non seulement une avancée importante sur la voie de la restauration durable de la paix, de la stabilité et de la réconciliation nationale au Mali, mais aussi un compromis équilibré prenant en compte les préoccupations légitimes de toutes les parties, dans le respect scrupuleux de l'unité, de l'intégrité territoriale et de la souveraineté du Mali». En outre, elle a estimé que «la communauté internationale doit continuer d'agir de concert pour amener la CMA à souscrire rapidement au texte négocié à Alger, de signifier clairement que le temps de la négociation est clos et de se tenir prête, le cas échéant, à prendre les mesures qu'appellerait la situation». La CMA avait demandé à la médiation de bien vouloir considérer un certain nombre «d'observations» afin de lui permettre de procéder à la signature de l'accord. La CMA a plusieurs revendications à introduire dans le projet d'accord et de différents aspects. Pour l'aspect politico-institutionnel, la CMA revendique «la reconnaissance officielle de l'Azawad comme une entité géographique, politique et juridique, la création d'une assemblée interrégionale» regroupant les régions de Gao, Tombouctou, Kidal, Ménaka et Taoudéni, dont les prérogatives relèvent des domaines spécifiques à l'Azawad ainsi que de prévoir et déterminer le quota qui sera affecté à l'Azawad pour les départements de souveraineté, les grands services de l'Etat, les représentations diplomatiques et les organisations internationales. Sur l'aspect de défense et de sécurité, la CMA revendique des forces composées «à 80% de ressortissants de l'Azawad, ainsi qu'au niveau des postes de commandement, et le Mécanisme opérationnel de coordination (MOC) qui sera présidé par la Minusma et coprésidé par les deux parties». Pour le côté développement, la Coordination veut une «affectation d'un fonds spécial pour l'Azawad sur le budget de I 'Etat à hauteur de 40% sur une période de 20 ans en vue de résorber un retard de plus de 50 ans». La soumission de l'exploitation des ressources minières et énergétiques de l'Azawad à l'autorisation préalable de l'Assemblée interrégionale après avis de l'assemblée régionale figure aussi parmi les revendications d'ordre économique tout comme «un quota de 20% de la production» qui devrait être affecté à l'Azawad, avec la priorité à la région concernée. Pour rappel, le document de paix, été paraphé par le représentant du gouvernement malien, les mouvements politico-militaires du nord du mali engagés dans la plateforme d'Alger. Cependant la CMA regroupant (le Mouvement national de libération de l'Azawad (MNLA), le Haut conseil pour l'unité de l'Azawad (HCUA) et le Mouvement arabe de l'Azawad (MAA) a demandé «une pause» pour consulter leur base militante avant de parapher le document.