Les Polonais sont appelés aux urnes hier pour le premier tour de l'élection présidentielle qui oppose le chef de l'Etat sortant de centre-droit, Bronislaw Komorowski, au conservateur Andrzej Duda. L'avance du premier n'a cessé de fondre pendant la campagne. Les sondages créditent Komorowski d'environ 40% des voix contre 30% environ à son adversaire du parti Droit et Justice, ce qui augure d'un second tour le 24 mai. Le troisième candidat le mieux placé est un ancien musicien de rock, Pawel Kukiz, qui s'attire le soutien de Polonais désenchantés par la politique. Une large victoire de Bronislaw Komorowski, 62 ans, serait la bienvenue pour le gouvernement d'Ewa Kopacz à un an des élections législatives, qui s'annoncent serrées pour le parti au pouvoir. En Pologne, pays de 38 millions d'habitants, poids lourd économique et politique de l'Europe centrale, membre de l'Otan depuis 1999 et de l'UE depuis 2004, le Premier ministre concentre l'essentiel des pouvoirs. Le président reste le chef des forces armées. Il a son mot à dire en politique étrangère et le pouvoir d'opposer son veto à un projet de loi. Les bureaux de vote ouvriront de 7h à 21h. Si aucun candidat ne dépasse les 50% de suffrages, un second tour sera organisé entre les deux candidats les mieux placés. «La campagne électorale a confirmé une fracture entre les gens qui ont profité des 25 années écoulées depuis la chute du communisme en 1989, et ceux qui se sentent comme perdants», estime le politologue Eryk Mistewicz. «Bronislaw Komorowski est l'unique candidat de ceux qui pensent que la Pologne a grandement bénéficié de sa liberté retrouvée, alors que tous les autres candidats représentent les mécontents», ajoute-t-il. Elu pour son premier mandat en 2010, Komorowski est soutenu par le parti gouvernemental Plateforme civique (PO), aux commandes depuis bientôt huit ans. Il incarne pour ses électeurs la stabilité, ce qui incite les partisans du changement à se tourner vers ses concurrents, tous adversaires de la politique libérale et pro-européenne du gouvernement. Son principal adversaire, Andrzej Duda, a misé sur les questions sociales, promettant aux Polonais de vastes avantages.