Le procès Khalifa a repris hier au tribunal criminel de Blida, pour boucler dans les prochaines 48 heures sa quatrième semaine. Appelé à la barre, l'ancien directeur de l'école de police de Aïn Bénian, le commissaire divisionnaire Adda Foudad, né en 1943, est le premier accusé qui n'a aucun lien professionnel avec le groupe Khalifa. Il se défend en se présentant comme victime d'abus de confiance. Il refuse de citer les personnes ayant été la cause de la perte des économies de 40 ans de carrière et de sa liberté. Accusé entre autres d'association de malfaiteurs, faux et usage de faux en écritures bancaires, corruption et vol qualifié, l'ancien commissaire divisionnaire a intégré les rangs de la police en 1965, pour occuper plusieurs postes et grimper les échelons, jusqu'à 1991, date à laquelle il prend la direction de l'école de police de Aïn Bénian, de laquelle 16 promotions de femmes sont sorties. L'accusé précise n'avoir jamais eu de relation avec El Khalifa Bank avant cette affaire. « Etant l'aîné de la famille, je gérais ses biens et, à ce titre, j'avais un dépôt à terme de 9 millions de dinars à la BNA, puis à la Cnep, pour un taux d'intérêt de 18%. Mais subitement, ce taux a chuté pour s'arrêter à 6 ou 7%. Un ami de longue date, Hadj Zerrouk, un maquignon qui avait de nombreux locaux à Hussein Dey, dont celui qui a été loué à l'agence Khalifa des Abattoirs, m'a parlé des taux intéressants que cette banque accordait pour les placements. Il m'a présenté au directeur de l'agence, M. Soualmi, qui m'a proposé 14%. J'ai signé une première convention de placement d'une somme de 20 millions de dinars », explique l'ancien divisionnaire. La présidente l'interroge sur sa relation avec le directeur de l'agence Khalifa des Abattoirs, Hocine Soualmi. « Une relation tout à fait ordinaire d'un banquier avec un client », dit-il. Une réponse qui ne semble pas convaincre la magistrate. « Devant le juge, vous aviez déclaré que vos relations se sont développées après le placement de votre argent à Khalifa et que vous vous échangiez les visites régulièrement. » L'accusé conteste et explique qu'il ne pouvait voir régulièrement Soualmi du fait de la nécessité de sa présence à l'école de police tous les jours de la semaine. La juge demande à Foudad d'expliquer l'origine des fonds placés à Khalifa. « C'est l'argent de la famille. Au début, j'avais une somme de 3,5 millions de dinars bloquée à la Cnep, avec un taux d'intérêt de 5 à 6%. Puis j'ai transféré le montant à la BNA pour bénéficier d'un taux de 18%, qui a chuté les dernières années pour se fixer aux alentours de 6%. Les montants se sont accumulés et, entre temps, je les ai placés à Khalifa », révèle l'accusé. La présidente : « Ne pensez-vous pas que le montant a vite évolué par rapport à la durée du placement ? » L'accusé : « Je n'ai pas touché les intérêts, c'est pour cela que la somme s'est multipliée. » A la question de savoir si Foudad connaissait Abdelmoumen Khalifa, la réponse est catégorique : « Je ne l'ai jamais rencontré. Ma relation a toujours été avec le directeur de l'agence des Abattoirs. » La juge l'interroge alors sur la présence dans son bureau de la carte de visite personnelle de Moumen. « Elle m'a été remise à l'aéroport par M.Tayebi, quelqu'un que je connais et qui faisait l'éloge de Abdelmoumen », note l'accusé. La présidente entame alors l'interrogatoire sur les avoirs de Foudad en France. Il raconte qu'en 1994, il a bénéficié d'une bourse d'études à St-Cyr et, à ce titre, il a ouvert un compte pour recevoir sa bourse. Le montant global était à l'époque de 4500 francs français. Bloqué pendant des années, il a généré des intérêts. La juge : « Comment vous est venue l'idée de transférer vos avoirs ? » L'accusé : « J'approchais de la retraite et je voulais rapatrier mon argent. J'ai vu El Khalifa Bank de Paris. » La magistrate : « Ce n'était qu'une représentation du groupe. Il n'y avait pas El Khalifa Bank. » Foudad : « J'ai vu une grande pancarte avec un écriteau clair d'El Khalifa Bank. Quand je suis revenu en Algérie, je leur ai fait des chèques à Alger en contrepartie de décharge. Je suis reparti en France pour signer la première convention de rapatriement. » La juge : « Où avez-vous remis les chèques ? » L'accusé : « A l'agence des Abattoirs et ma condition première était de rapatrier intégralement mes avoirs. » La magistrate : « Vous ne pouvez pas parler de rapatriement, alors que vous bénéficiez d'intérêts. Pourquoi n'avoir pas rapatrié vos avoirs par le biais de votre banque, la Société marseillaise de crédit (SMC) ? » Foudad : « Je voulais rapatrier mon argent. Je suis allé personnellement à la représentation de Paris, où on m'a expliqué ce qu'il fallait faire. La convention a été signée à Alger et les chèques de 1,5 million de francs français chacun remis à Soualmi. » La juge : « Quel taux d'intérêt vous accordait Khalifa ? » L'accusé : « 14 %. La première convention signée le 1er septembre 2001 pour le placement d'un montant de 1,5 million de francs français, pour une durée de cinq ans. » Il affirme avoir remis en fait trois chèques encaissés par Khalifa et versés à son compte domicilié à la banque Sao Paulo de Paris. Deux chèques de 1,5 million de francs français et un autre de 100 000 francs français. Néanmoins, selon lui, les trois conventions ont été signées avec Soualmi, dont deux à Paris et une à Alger. « J'ai ici des conventions signées par le PDG de Khalifa », précise la présidente. L'accusé : « Cela ne me concerne pas. C'est Soualmi qui préparait les conventions. Quand je les recevais, il ne manquait que ma signature. » La juge note que la troisième convention porte sur un montant de 152 349 euros et demande à Foudad s'il a été informé du fait que ses avoirs ont été versés dans le compte de Khalifa à Sao Pauo. L'accusé : « Je ne l'ai su qu'après. » La juge : « Est-ce qu'ils vous ont donné un chéquier ? » L'accusé : « J'avais la convention. Cela me suffisait. » La magistrate : « Ne pensez-vous pas qu'El Khalifa Bank a servi d'intermédiaire entre la banque Sao Paulo et vous ? » L'accusé : « Je n'entre pas dans ces considérations. Je leur ai dit que je voulais un rapatriement et la récupération de mon dépôt à terme. » La présidente : « Nous ne trouvons pas ce que vous dites dans la convention. » L'accusé : « J'ai agi avec une banque, pas avec une personne. » Les 14 biens immobiliers de l'ancien divisionnaire Au sujet du montant global, pour lequel il a signé une décharge, Foudad affirme qu'il était de 4 millions de francs français, soit l'équivalent de 609 000 euros, précisant qu'en 2001, il avait en solde 300 000 FF. « Le 22 mai 2002, je leur ai demandé un rapatriement par une lettre adressée à Soualmi. » La présidente : « Vous avez signé avec le PDG et vous demandez au directeur de l'agence des Abattoirs ? » L'accusé : « C'est à lui que j'ai remis les chèques. » Foudad explique qu'en août 2002, il a été informé du transfert de ses avoirs de Sao Paulo, à Alger, soit un montant de 609 695 euros. La présidente l'interroge sur le document qui atteste ce versement. « Le reçu de versement », répond l'accusé. La juge lui demande comment se fait-il alors que Soualmi, responsable de la représentation de Paris, lui avait fait une attestation en septembre faisant état des mêmes avoirs à Paris. « Cette demande, je l'ai faite pour laisser une trace à mes enfants en cas où il m'arriverait quelques chose. Ce qui est important c'est que le montant se trouvait chez El Khalifa Bank que ce soit à Alger ou à Paris », révèle Foudad. La juge lui fait remarquer que cette attestation a été demandée parce qu'il en avait besoin pour sa demande de résidence pour une période de 10 ans qu'il avait introduite auprès de la préfecture de Paris. Foudad nie catégoriquement ces informations et informe que les deux lettres de demande trouvées dans son bureau n'ont jamais été envoyées. Elles étaient selon lui, farfelues. La présidente : « Il y a quelque chose d'illégale dans cette histoire. Vous avez un solde à Paris et vous signez une convention à Alger. » L'accusé : « Ce n'est pas moi qui ai fait le document. » La présidente revient à la question du nantissement de la dette de la société algéro-espagnole. Foudad explique que lorsque les informations sur les problèmes de Khalifa commençaient à faire l'objet d'articles de presse, il s'est présenté à l'agence des Abattoirs et c'est là que Soualmi lui a fait part de l'absence de liquidité que ce soit en dinars ou en devises. La présidente rappelle à l'accusé les propos de Soualmi, selon lesquels, son inquiétude était beaucoup plus de perdre ses intérêts et non pas le retrait de ses devises. « Ce n'est pas vrai. Je voulais retirer mon argent, mais il m'a dit qu'il n' y avait pas de liquidité », s'exclame l'accusé. Il ajoute qu'il lui a demandé de lui trouver une solution pour récupérer ses avoirs. « En février 2003, il m'a appelé au téléphone pour me proposer la solution du nantissement de la dette de 52 millions de dinars de la société algéro-espagnole. Je lui ai dit, je vais réfléchir et j'ai été voir des amis banquiers, des responsables et des experts qui m'ont tous affirmé que la garantie d'un crédit était une opération légale. Je me suis même renseigné sur les deux actionnaires Nadjib Bourayou et Bouhadi Mustapha à Oran pour revenir et m'engager dans cette affaire. Soualmi m'a ramené les deux actionnaires à mon bureau. J'ai signé l'acte de nantissement le 23 mai 2003 et eux ils m'ont signé une reconnaissance de dette devant le notaire d'un montant de 52 millions de dinars remboursable dans un délai de 6 mois. » La présidente : « Quelles sont les conditions imposées par le notaire. » L'accusé : « Que le partenaire espagnol soit d'accord. » Mais, dit-il, l'acte de nantissement n'a pas eu lieu. Il a eu beaucoup de retard pour entrer en action. « Savez-vous qu'une mainlevée a été signée ? » L'accusé : « Je ne savais pas. Ce n'est qu'après que j'ai été mis au courant. » Foudad ne cesse d'affirmer au tribunal que la garantie de la dette s'est faite sur la base du montant en devises et non pas du dépôt à terme en dinars. Il explique qu'après la signature de la reconnaissance de dette, la société espagnole lui a versé un montant de 7,5 millions de dinars, en attendant la suite qui a enregistré un retard jusqu'à ce que la compensation ait eu lieu. La présidente l'interroge sur le certificat de scolarité, vierge signé, trouvé dans son bureau et l'accusé répond : « C'est un policier qui l'a trouvé dans la rue et il me l'a apporté. Je l'ai laissé dans mon bureau. Cet agent est présent, vous pouvez lui poser la question. » La juge lui fait signaler que le document est tout neuf et ne semble pas avoir été récupéré de la rue. La présidente : « Expliquez pourquoi vous avez deux contrats de location de votre villa à Bouzaréah pour le même objet ? » L'accusé : « Le premier a été annulé pour un second en janvier 2003. En 1992, lorsque j'ai commencé à recevoir des lettres de menaces, j'ai quitté mon domicile sur instruction de ma hiérarchie. Je l'ai loué d'abord à l'ambassade du Mexique, puis à celle du Burkina Faso. » La juge demande à l'accusé s'il a un statut de commerçant ou celui de fonctionnaire. Foudad : « Je venais de demander ma retraite, on m'a aidé à avoir un local et j'ai sollicité en octobre 2000 un registre de commerce. » La juge : « Combien de locaux avez-vous ? » Les fast-food et les boissons L'accusé : « Un seul. Celui de fast-food ». La magistrate : « Et celui de dépositaire de boisson ». L'accusé : « C'est le même. Pour un fast-food, il faut aussi la boisson. » La présidente l'interroge sur ses biens immobiliers. L'accusé affirme qu'il a 14 biens, dont 10 appartements, situés à Oran, Mostaganem, Chlef et Alger. Il affirme qu'il les a acquis avec ses propres moyens avant la création de Khalifa, notamment dans le cadre de son statut d'ancien moudjahid. Il déclare à propos de ses deux filles qui travaillent à Khalifa Airways qu'elles ont rejoint la compagnie contre son gré et que son fils a été recruté le plus normalement du monde comme pilote stagiaire ayant fait ses études en Grande-Bretagne et en Jordanie. Il nie toute relation avec le placement de la somme de 277 millions de dinars par la mutuelle de la direction générale de la sûreté nationale. Il confirme avoir été membre de la commission de contrôle au sein de cette mutuelle, mais il n'a, dit-il, aucun pouvoir décisionnel. Il nie avoir accompagné le président du conseil d'administration de cette mutuelle à Chéraga puis aux Abattoirs, de même qu'il nie avoir conseillé à ce responsable de placer les avoirs de la mutuelle chez Khalifa. A propos de la mastercard et celle de gratuité des voyages, l'accusé affirme que la première lui a été délivrée du fait de son statut de client porteur d'un compte devises, et la seconde lui a été adressée par la direction sociale de la DGSN, comme tous les directeurs centraux, dans le cadre de la convention signée entre la DGSN et Khalifa. Néanmoins, Foudad déclare n'avoir jamais utilisé les deux cartes. Il dit avoir bénéficié d'Air Algérie une réduction de 50% sur les voyages du fait de son statut d'ancien moudjahid. A propos des deux billets Khalifa (Alger-Frankfurt et Alger-Palma) trouvés dans son bureau, l'accusé fait savoir qu'il ne les a pas utilisés, et qu'ils lui ont été offerts par ses deux filles qui travaillaient à Khalifa Airways. La présidente revient sur l'acte de nantissement et la compensation. « Quand j'ai vu que les écritures n'étaient pas faites, j'ai été voir Djellab, sur recommandation du secrétaire général de la commission bancaire, M. Akrouf, lequel m'a pris rendez-vous avec le liquidateur. Son adjoint, M. Tidjani, m'a reçu et il m'a fait un document attestant la régularité de la compensation. L'opération a été réalisée. Lorsque j'ai été voir Badsi, il a déchiré le document remis par son adjoint devant moi. » La présidente précise : « Vous avez été pour régulariser une opération restée fictive. » L'accusé : « Oui. Trois jours après, je me suis présenté, j'ai soldé mon compte devises et apuré la situation de la société algéro-espagnole. J'ai remboursé après 50 millions de dinars au liquidateur alors que j'étais en prison. » Acculé par les questions du procureur général, l'accusé finit par lâcher : « Après 40 ans de loyaux services envers mon pays, je suis escroqué et victime d'un abus de confiance. Ils m'ont trahi. Je suis revenu à zéro. » Il refuse de citer les noms de ceux qui l'ont trahi et se limite à déclarer : « Que Dieu leur pardonne. » Me Meziane, avocat d'El Khalifa Bank liquidation, revient sur l'affaire de l'adjoint du liquidateur et le document déchiré par ce dernier. « Sur les 56 millions de dinars, ils ont débité 52 millions de dinars et effectué un avis d'apurement au profit de la société algéro-espagnole. » L'avocat lui demande s'il a été au courant de la mainlevée opérée sur l'hypothèque, et l'accusé répond : « Non. » Me Méziane tire un document dans lequel il est fait état de cette mainlevée. Me Brahimi, avocat de Foudad, réagit brutalement et déclare à l'avocat de la liquidation qu'il n'a pas le droit d'enfoncer son mandant. Les échanges de propos entre les deux avocats poussent la présidente à lever l'audience. La reprise se fait plus sereinement. Me Meziane affirme qu'aucun accord écrit pour la compensation n'a été donné par la liquidation. Me Brahimi commence par interroger son client sur le nom du président du conseil d'administration de la mutuelle. « Mokrani Mohand Meziane », répond l'accusé, qui précise qu'il reste le seul qui a les prérogatives de placer les fonds à Khalifa. L'avocat surprend l'assistance lorsqu'il tire des journaux de sa serviette pour poser des questions ayant trait à des écrits de presse. La présidente lui fait remarquer que l'audience se fait au tribunal et non pas dans les journaux, qui sont libres d'écrire ce qu'ils veulent. L'avocat insiste et veut savoir si Foudad a pris un prêt de 70 millions de dinars pour acheter des biens dans des quartiers d'Alger. « Jamais. Mes biens ont été acquis avant Khalifa et je n'ai jamais pris de prêt. » Une réponse qui fait quand même bondir l'avocat. « Les journalistes ont écrit ces articles en citant des sources judiciaires, donc la justice. C'est vous qui êtes cité. Nous espérons que les propos de Foudad soient rapportés », déclare-t-il avant de prendre son cartable et de quitter la salle, laissant Foudad entre les mains d'autres avocats. Me Chenaïf tente d'éclairer l'opinion sur les conditions d'arrestation de Foudad. « J'ai été arrêté comme un brigand. Ma maison a été encerclée sans que je sache pourquoi », dit-il avant d'être interrompu par la présidente. « Vous voulez qu'il soit arrêté avec la zorna (trompette) ? Son arrestation a été décidée sur ordre de la justice », dit-elle. La présidente demande à l'accusé de lui expliquer les 18 chèques de sommes comprises entre 5000 et 8000 euros qui lui ont été remis par Soualmi. « Ce sont les intérêts découlant de mon placement à Sao Paulo », dit-il. Une réponse qui surprend la juge. « Vous demandez un rapatriement et vous obtenez des intérêts ? », lui dit-elle. Il lui donne la même réponse. Le procureur général l'interroge sur son compte à la Société marseillaise de crédit, qui était d'un montant de 104 988 euros et de 2669 dollars US. « Ce sont les revenus des loyers de ma villa qui étaient versés à ce compte. » Il révèle qu'au 1er septembre 2001, son solde était de 130 934 euros, avant d'être transférés à Sao Paulo. La mise au point du liquidateur Appelé à la barre pour apporter des éclaircissements sur les propos de Foudad, Moncef Badsi, liquidateur d'El Khalifa Bank, commence par faire état des conditions très difficiles dans lesquelles il a exercé. Il a donné trois raisons qui l'ont poussé à ne pas accepter la compensation. La première parce que El Khalifa Bank n'a pas été autorisée à ouvrir à Paris, la seconde, la Banque d'Algérie n'a pas autorisé la création de filiale en France, et la troisième, les avoirs de Foudad n'ont jamais été rapatriés du fait qu'il n'existe aucune trace. « J'ai trouvé une mainlevée que j'ai trouvée déloyale. On ne peut nantir la substance d'un bien immobilier d'un client qui avait des crédits. J'ai dit à Foudad qu'il était dans l'irrégularité. Il m'a parlé de Tidjani, je lui ai dit vous voulez que je le licencie ? Je lui fait comprendre qu'il n'était pas de mon pouvoir de régulariser ce qui est irrégulier. Je lui ai même dit qu'il voulait m'emmener en prison avec une telle décision. » A propos de Tidjani, il affirme qu'il fait partie de ses collaborateurs mais n'a pas les prérogatives d'accorder quoi que ce soit, à plus forte raison une compensation. « J'avais plus de 80 agences où il y a eu manipulation des comptes. A Ghardaïa, toute une communauté a manipulé les informations alors que des registres compromettants d'une importance capitale ont disparu et que l'appareil Swift a été saboté. Il a fallu que des techniciens de la Banque d'Algérie interviennent pour récupérer quelques bribes d'informations », dit-il avant d'affirmer à la présidente qu'elle ne verra jamais sa signature sur une telle décision. M. Badsi déclare que Foudad n'a aucune preuve que ses avoirs étaient dans un compte à Sao Paulo. Ses investigations lui ont permis de découvrir trois comptes, l'un de la représentation de Paris, géré par Soualmi et Djamel Guellimi. La banque l'a d'ailleurs sommé de restituer les chéquiers et la carte de paiement qu'il refuse de remettre. Le second compte est celui de Khalifa Airways et le troisième d'El Khalifa Bank. « Il y a comme une histoire de vases communicants entre ces comptes, et il est probable que l'on découvrira autre chose en matière d'infraction au contrôle de change », déclare Badsi, expliquant qu'« il n'a pu avoir toutes ces informations qu'une fois qu'il a été constitué en partie civile auprès du tribunal de Nanterre, et donc destinataire du double des dossiers de Khalifa TV, de KRC et de Khalifa Airways… » Il affirme aussi que les missions d'inspection de Khalifa ont fait ressortir de graves anomalies avant que celles des inspecteurs de la Banque d'Algérie n'interviennent. Pour lui, il ne faut pas se piéger dans les histoires de débouclement des écritures entre sièges, car ce qui est important, ce sont les nombreuses opérations de caisse irrégulières. Me Farah, un des avocats de Foudad, proteste contre ces propos, qualifiant le liquidateur de deuxième procureur général.