La guerre est désormais déclarée entre Mokhtar Belmokhtar, alias Khaled Abou El Abbès et Al Sahraoui, deux «émirs» qui dirigent El Mourabitoune. Dans un nouvel enregistrement audio diffusé par le média mauritanien «Al Akhbar», Al Sahraoui a réaffirmé l'allégeance de cette organisation à l'Etat islamique ou Daech et au chef de cette organisation, Abou Bakr El-Baghdadi. Dans un deuxième enregistrement audio, Al-Sahraoui a de nouveau justifié cette allégeance par «diverses considérations religieuses», dont «la recommandation par la chari'a de rester soudés au sein de la Jamaâ (communauté musulmane), d'unir les croyants, de resserrer leurs rangs et de bannir la division», écrit «Al Akhbar». Al-sahraoui a par ailleurs nié l'adhésion d'El-Mourabitoune à Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi) en précisant : «Nous n'avons plus de liens organisationnels avec les frères dans cette organisation (Aqmi) depuis la fondation du groupe El-Mourabitoune». Pour rappel, Khaled Abou El Abbes, «émir» de la phalange «El mouwakaoune bidima» (les Signataires par le sang), l'un des deux mouvements qui forment El-Mourabitoune, avait démenti cette allégeance à l'Etat islamique, précisant que le groupe était «toujours fidèle» à Al-Qaïda au Maghreb islamique. Khaled Abou El Abbes et Al Sahraoui sont désormais entrés dans une guerre qui risque de provoquer l'éclatement d'El Mourabitoune. Le porte-parole de Belmokhtar a affirmé qu'Al-Sahraoui «n'a pas été élu par le Conseil de la choura d'El-Mourabitoune. Il s'est autoproclamé «émir». Quant au porte-parole d'Al-sahraoui, il a affirmé que les membres du conseil de la choura au niveau de l'Azawad (nord Mali) «ont bien désigné Al-Sahraoui en tant qu'émir». Cette situation rappelle l'éclatement d'Al Qaïda au Maghreb Islamique lorsque, en 2007, l'émir du groupe salafiste pour la prédication et le combat (GSPC), Abdelmalek Droukdel, alias Abou Mossaâb Abdelouadoud, avait unilatéralement annoncé l'allégeance de cette organisation à Al Qaida pour devenir AQMI. Il avait fait cette allégeance sans l'aval du madjliss echoura (sorte de conseil consultatif) du GSPC. Des membres de ce conseil, dont Mossaâb Abou Daoud, ont quitté le GSPC et se sont rendus aux services de sécurité. Par ailleurs, une multitude de phalanges est née des suites de l'éclatement du GSPC devenu AQMI. Le même scénario pourrait se reproduire pour El Mourabitoune qui est menacé d'éclatement provoqué par l'allégeance ou non à Daech, organisation terroriste déjà installée en Libye et qui ambitionne d'étendre sa présence en Afrique du Nord. L'organisation terroriste appelée Etat Islamique compte sur les milliers de djihadistes tunisiens et libyens se trouvant dans ses rangs en Syrie et en Irak pour s'installer en Afrique du Nord. L'éventualité d'une guerre entre les partisans de Khaled Abou El Abbès d'un côté et ceux d'Al Sahraoui de l'autre, n'est pas à écarter.