Dressant un bilan d'étape de son projet de reconstruction du consensus national, le Front des forces socialistes (FFS) a évoqué hier «une neutralisation» de sa démarche, accusant le pouvoir de «vouloir prolonger le système actuel» et l'opposition de vouloir établir un rapport de force qui ne changerait en rien les règles actuelles d'exercice du pouvoir. «Le Conseil national considère que la neutralisation de toute nouvelle dynamique nationale arrange les affaires des propositions concurrentes de la proposition du FFS», a d'emblée accusé le FFS dans une déclaration rendue publique hier à l'issue de la session de son Conseil national. La première «proposition concurrente» est, pour le FFS, celle du pouvoir accusé de vouloir «prolonger le système actuel par simple phénomène de ralliement d'appareils et de foules supplémentaires à son point de vue au nom de la patrie en danger». Le pouvoir est aussi accusé dans la foulée de ne rien changer «à sa méthode de fabrication du consensus en dehors de toute transformation des conditions d'exercice du politique», ce qui, pour le FFS, renforce le statu quo «au nom du renforcement du front interne». La deuxième proposition «concurrente» est celle des partis de l'opposition qualifiés de «partisans de l'établissement d'un rapport de force» avec le pouvoir institutionnel, explique le FFS «au travers d'un agenda électoral qui ne transformerait en rien les règles actuelles d'exercice du pouvoir ni les conditions d'implication de la société». Le FFS qui fait allusion à la CLTD estime que cette approche a «peu de popularité». «Le peu de popularité d'une telle approche tient précisément au fait qu'elle nie toute existence d'un péril sur le pays et propose de prendre le risque d'éclater le cadre du statu quo sans garantir les conditions d'une maîtrise nationale et démocratique des conséquences d'un tel éclatement», met en garde le FFS dans sa déclaration. En revanche, il se réjouit de «la forte mobilisation du 18 avril 2015 (meeting populaire à la salle Atlas à Alger, Ndlr)», qui a permis «la réaffirmation par la direction, les militants et les sympathisants de leur attachement à l'identité et aux principes du parti et à la nécessité de la reconstruction d'un consensus national pour parvenir à un changement pacifique et démocratique». Mais comment parvenir à ce consensus et «arriver à faire bouger les lignes du statu quo», comme le précise la déclaration, «et réduire les menaces mortelles que son prolongement ou son éclatement brutal fait peser sur le pays» ? Le FFS propose en somme de refaire «à zéro» toutes les démarches qu'il avait déjà entreprises depuis plusieurs mois, à savoir entre autres multiplier les rencontres et le débats avec les partis et la société. Le FFS reconnaît aussi que sa «feuille blanche» le demeure quelque peu puisqu'il propose de «développer et traduire le discours en actions concrètes se suivant et s'affirmant selon un programme et un agenda cohérents et évolutifs», mais aussi et surtout d'«affiner les propositions à soumettre aux partenaires en définissant les acquis historiques et les fondamentaux (le cadre institutionnel) avant d'autres propositions à caractère polémique». Il propose aussi, comme tout au début de sa démarche, de «travailler à l'élaboration d'un cadre de concertation dynamique et évolutif pour le développement, d'abord d'une perception, puis d'une formulation d'un consensus national».