Lors des tables rondes organisées dans le cadre des travaux du Forum économique algéro-français, Jean-Claude Volot, conseiller spécial de Pierre Gattaz, président du Medef, a soulevé les contraintes d'investissements français en Algérie, notamment la règle 51/49% en demandant sa levée. «Les investisseurs sont libres de leurs mouvements. Nous préférons les 51% pour les opérateurs français. D'autre part, le contrôle de change pour le moins contraignant gêne le développement de l'activité économique», a-t-il plaidé, tout en relevant que l'économie française est sous-internationalisée, non seulement avec l'Algérie, mais avec l'ensemble des pays partenaires. La France ne dispose que de 18 000 entreprises exportatrices dans le monde, a-t-il appuyé. Cette fragilité de l'économie française se traduit par le peu d'entreprises en activité en Algérie, qui sont au nombre de 450. «Mais le Medef a décidé de modifier cette situation et d'investir considérablement en Algérie. Il est tout aussi simple de s'installer en Algérie qu'en Chine. Or, les patrons français galopent vers la Chine sans même regarder le pays le plus proche, l'Algérie. Pour cette sensibilité algéro-française, j'invite les politiques des deux pays à encourager les opérateurs et à sortir de cette situation peu reluisante», a-t-il lancé. Pour sa part, Jean- Michel Delisle, vice-président de la CCI de Paris, un ancien de l'Algérie, né à Sétif, a décliné des chiffres sur la coopération entre les deux Etats, affirmant que la CCI a accompagné plus de 85 entreprises à s'installer récemment en Algérie et organise chaque année le pavillon France à la Foire internationale d'Alger. Ce haut responsable a admis, par ailleurs, que la complexité juridique n'est pas propre à l'Algérie. Les observations soulevées par la partie française ont vite fait réagir les participants algériens. Le président du FCE, Ali Haddad, a soutenu que la règle 51/49 n'est pas un frein, citant l'exemple de son partenariat avec la firme américaine de système de radiothérapie Varian qui a accepté cette association en exigeant seulement de conduire la gestion du projet et la majorité au sein du conseil d'administration. Le président de la Caci, Mohamed Laid Benamor, a appuyé le propos du président du FCE en demandant seulement de consulter l'avis des patrons d'entreprises françaises installées en Algérie. Le débat sur cette question a poussé l'ex-ministre français de l'Economie Arnaud Montebourg à demander la parole. «Il faut surmonter cette question juridique sur le terrain. L'Algérie est un marché exceptionnel», a-t-il mentionné, persuadé que cette règle sur les IDE sera levée dans l'avenir. Saisissant cette tribune, l'ancien ministre de l'Economie a évoqué le «pont humain» existant entre les deux pays, un pont qui devrait permettre d'exploiter toutes les opportunités d'investissement dans un partenariat gagnant-gagnant et dans l'esprit de l'idée personnelle de colocalisation». Plus tranchants, les deux responsables du FCE, Hassène Khelifati et Brahim Ben Abdessalem, ont rejeté «un faux débat», car ils estiment que la règle sur les IDE est souveraine et ne constitue pas un frein à l'investissement. «Avant l'instauration de cette disposition 51/49%, est-ce que les investisseurs étrangers venaient massivement ? La nouvelle réglementation a gêné plutôt les commerçants», a tenu à relever le vice-président du FCE, Brahim Ben Abdessalem. D'autres intervenants n'ont pas manqué de souligner que l'Algérie peut devenir un véritable hub pour les opérateurs français qui veulent conquérir l'Afrique et le Monde arabe. Les liens humains et culturels entre les deux pays peuvent servir cette vision de développement, à condition de mobiliser les moyens et de fixer des objectifs réalisables. La France a besoin de l'Algérie, d'autant plus que des entreprises comme Alstom ont fait appel aux cadres algériens pour développer un projet au Sénégal. Idem pour le groupe cimentier Lafarge qui envisage d'expatrier des compétences algériennes. Dans ce contexte, le maillon de la formation de la ressource humaine a été fortement